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"Juste la fin du monde" de Jean Luc Lagarce

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Par   •  14 Juin 2022  •  Dissertation  •  2 315 Mots (10 Pages)  •  829 Vues

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Evan Lucas et Antoine Lohezic - 1F

Diriez-vous que juste la fin du monde est une pièce où la crise n’advient pas ?

   “Nulle part, je vais nulle part, où veux-tu que j’aille ?” telles sont les paroles polysémiques d’Antoine dans la scène 4, partie I, qui montrent l’enfermement des membres de la famille. La crise peut être traduite par une situation instable, on lui associe un intervalle court dans le temps, une crise est éphémère. Elle entraîne souvent une perte du contrôle des émotions, à son dénouement, la situation change soit il y a renaissance, soit effondrement. Le fait de ne pas advenir implique une absence, quelque chose de caché ou refoulé. Cela donne l’impression d’une action qui s’arrête. Intégré avec la crise, on obtient un drame inaccompli, comme si une situation était instable à jamais. On peut se poser la question de savoir si la crise n’advient pas dans la pièce de Juste la fin du Monde. Et donc de savoir comment se manifeste cette crise.

Dans un premier temps, nous verrons que la crise semble absente durant cette pièce. Ensuite, nous observerons qu'elle est tout de même vécue par chaque personnage et pour finir nous verrons que cette crise est tenu en secret.

Tout d’abord, la crise ne semble pas avoir lieu à proprement parler.

   La crise en question est celle de Louis. Ce sujet est annoncé dans le Prologue lorsqu’il dit que 34 ans sera l’âge où il mourra. Le deuxième aspect de la crise que Louis traverse est son devoir de retourner chez lui, dans sa famille afin de leur annoncer sa mort prochaine. Ce thème, Jean Luc Lagarce l’emprunte aux textes traditionnels comme Le retour du fils prodigue raconté dans l'Évangile de Luc mais aussi dans le retour d’Ulysse à Ithaque dans l’Odyssée d’Homère. La crise de Louis est donc l’enjeu de cette pièce, sa mort évidemment mais surtout son retour parmi les siens qui va provoquer les crises des autres membres de la famille.

        Ce qui empêche la crise d’avoir lieu est le silence de Louis. Alors qu’il était venu dans le but de parler, d’annoncer sa mort prochaine, son retour provoque la parole des autres membres de la famille. Un exemple flagrant est celui de la scène 3 où Suzanne reproche à Louis son absence dans un monologue de 8 pages alors que Louis ne prend la parole aucune fois. Il en va de même avec Antoine et la Mère. Un autre aspect de ce silence, paradoxalement, sont ses longues prises de parole lorsqu’il est seul. Cela accentue le contraste avec les silences lorsqu’il est avec sa famille. On remarque ceci dans le Prologue, la scène 10 partie I, la scène 2 partie II et dans l'Épilogue. Cette absence de parole face aux siens montre la difficulté avec laquelle Louis a à communiquer. La crise de Louis qui est le centre de la pièce n’a pas lieu car il est muet face à sa famille, cela empêche la crise d’éclater vraiment.

        Ce qui montre l’absence de la crise est aussi l’immobilité de la situation. Le dictionnaire Le Trésor de la Langue Française informatisé nous donne cette définition de la crise : “Situation de trouble, due à une rupture d’équilibre et dont l’issue est déterminante pour l’individu [...]”. Dans Juste La fin du monde, on retrouve la situation de trouble notamment avec les disputes entre Antoine et Louis (scène 11 partie I, scène 3 partie II) mais aussi entre Antoine et Suzanne, ce qui montre leur désolidarisation alors qu’ils s’étaient liés durant l’absence de Louis. La rupture d’équilibre est celle que provoque Louis en retournant dans sa famille alors que l’équilibre s’était recrée pendant son absence. Mais en revanche, on ne trouve pas d’ “issue déterminante pour l’individu”. Il nous semble que la situation va rester telle quelle, malgré les disputes, Louis n’a pas annoncé sa mort, la situation familiale n’a pas changé, l’équilibre va se rétablir entre Antoine, Suzanne et la Mère alors que Louis va mourir. La crise n’a donc pas éclaté dans le sens d’une crise puisque la situation ne va pas changer pour Louis après son retour ni pour sa famille.

   Néanmoins, on peut considérer la crise dans un sens plus large car en réalité, la pièce n’est pas fondée uniquement sur la crise de Louis, effectivement, le retour de Louis provoque les drames des autres membres de la famille.

   En effet, dans cette pièce de Lagarce, Louis n'est pas le seul personnage en crise. Notamment Antoine, sa mère puis Suzanne le sont aussi. Chaque personne a sa propre crise. Ce qui en fait une pièce attractive.

   La crise de la mère est discrète tout au long de la pièce et est due au passé. En effet, depuis le retour de Louis, la mère perçoit une certaine tension entre les deux frères, ce qui n’était pas le cas dans le passé.

Cette crise s'amplifie avec les souvenirs évoqués dans la pièce, notamment les fameux “dimanche”. Ce mot, répété de nombreuses fois, représente pour cette famille le paradis idéalisé, les journées en famille, les bons repas, l’entente entre les frères. Mais surtout la présence du père, disparu depuis ce jour.

Cette perte du père est remémorée plusieurs fois, car tous dans cette famille utilisent quelques-unes de ses expressions.

De plus, nous pouvons voir que la mère n’a aucune envie qu'on lui fasse des remarques, ni que l’on remette en question ce qu’elle fait et ce qu’elle a fait, ou ce qu’elle a dit. Ce qui engendre une impossible communication entre elle et ses fils, par exemple lorsqu’elle dit à Louis “ne me dis rien, ne me dis pas le contraire”.

Ainsi la crise de la mère est due à une envie de retour dans le passé, une envie de retour du père. Le retour d’une famille apaisée en général.

   Un des autres personnages en crise est Suzanne, la fille.

Cette crise chez Suzanne est quant à elle présente depuis sa plus jeune enfance. En effet, étant la benjamine de la famille, Suzanne n’a pas réellement eu de second frère, Louis, parti pendant son adolescence. Ce qui laisse Suzanne seule. Elle est mise à part par ses frères, mise à part des histoires et des souvenirs lors des dimanches. Cet éloignement avec son frère se ressent dans la pièce lorsqu’elle dit “on ne te connaît pas” à son frère Louis.

Chez Suzanne est aussi présente une seconde crise, la crise du langage. Dans cette pièce, le personnage de Suzanne est violent, que ce soit par ses gestes, mais aussi par son langage.

Notamment lors des disputes pendant le repas entre Suzanne et Antoine. Suzanne emploie beaucoup de mots vulgaires dans son vocabulaire, comme si elle avait pris exemple sur Antoine durant toute l’absence de Louis.

La crise de Suzanne est donc un des enjeux majeurs de la pièce puisqu’elle est très présente dans l’histoire.

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