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Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce

Commentaire de texte : Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Avril 2024  •  Commentaire de texte  •  6 270 Mots (26 Pages)  •  35 Vues

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Juste la fin du monde  - Jean-Luc Lagarce

Partie 2 Scène 2

Jean-Luc Lagarce écrit Juste la fin du monde en 1990 alors qu’il se sait déjà atteint du sida et condamné à une mort prématurée (1995). C’est un auteur dramatique contemporain et metteur en scène du XXe siècle. Cette pièce de théâtre évoque le retour après une longue absence de Louis, 34 ans, dans sa famille pour annoncer sa maladie et sa mort prochaine. Mais la communication au sein de la famille est difficile. Le retour de Louis est un catalyseur qui réveille les souffrances des autres membres du clan familial. https://commentairecompose.fr/juste-la-fin-du-monde-lagarce/.

Cette scène 2 de la partie 2 est très intéressante car elle est le point culminant de la pièce. Louis, héros principal, n’a toujours rien révélé et envisage son départ. Antoine, son frère, a organisé son départ mais Suzanne, sa sœur, vient changer le plan initial. Frère et sœur se disputent car Suzanne reproche à Antoine d’être « désagréable ». Le conflit s’envenime.

Problématique

Dans quelle mesure cette scène montre-t-elle l’échec du langage qui ne parvient pas à réconcilier les individus ?

Ainsi nous pourrons nous demander dans quelle mesure cette scène montre l’échec de la communication pour éviter les conflits.

Plan de lecture linéaire   !!! démarre après notre texte

Pour cela, nous aborderons dans un 1er temps les tensions qui posent un problème de communication au sein de la famille (L1-25). Dans un 2ème  temps, de « Non, il n’a pas été brutal » jusqu’à « ce que je voulais juste dire » , Antoine se défend en clamant son innocence.

Dans un 3ème temps, de « Toi, non plus, ne me touche pas ! » à « Je crois aussi », la rivalité fraternelle éclate de façon irréconciliable. nous analyserons la violence qui finit par dominer la scène, en se substituant à la communication.

Dans un premier temps, de « Elle ne te dit rien de mal » à « vous êtes terribles, tous, avec moi » , un conflit se déclenche à partir du mot « brutal » qui fait réagir Antoine.

Dans un deuxième temps, de « Non, il n’a pas été brutal » jusqu’à « ce que je voulais juste dire » , Antoine se défend en clamant son innocence.

Dans un troisième temps, de « Toi, non plus, ne me touche pas ! » à « Je crois aussi » , la rivalité fraternelle éclate de façon irréconciliable.

1er mouvement : Le déclenchement du conflit

Dans ce 1er mouvement, la dispute éclate entre Antoine et Suzanne au sujet du mot « désagréable » qui est répété 5 fois L7-12. Antoine demande l’aide de Catherine et tente de se justifier. Mais chaque personnage est déjà impliqué dans le conflit et le langage ne va rien arranger.

Chaque personnage est impliqué

Antoine exprime sa colère avec les reformulations : « je ne disais rien (..) je n'ai rien dit de plus (...) je n'ai rien dit » (L2,5,7). Il se répète pour prouver son innocence et affirme la volonté de Louis « il veut partir » et sa volonté de l’accompagner marquée par une gradation. Il continue en se questionnant et en répètant 5 fois le mot « désagréable » « y-a-t-il quelque chose de désagréable à ce que je dis ? » (l.10), puis prend son frère à témoin: « Louis! (...) j'ai dit quelque chose de désagréable ? » (l.12). Antoine est indigné: « Ne me regardez pas comme ça ! » (l.13).

Catherine la femme d’Antoine prend à son tour partie et défend Suzanne « Elle ne te dit rien de mal ». (l.14) Elle juge son mari en l'accusant d'être une brute « tu es un peu brutal » et continue en lui disant « on ne peut rien te dire » (l.15).

Une difficulté de communication, accentuée par la paranoïa d'Antoine

Pour apaiser les tensions, Catherine se pose en médiatrice de la relation entre Suzanne et Antoine : « Elle ne te dit rien de mal / tu es un peu brutal, on ne peut rien te dire / tu ne te rends pas compte / parfois tu es un peu brutal / elle voulait juste te faire remarquer ».

On remarque que le discours de Catherine est en chiasme, suivant la structure ABCCBA : Elle ne te dit rien de mal / tu es un peu brutal / on ne peut rien te dire / tu ne te rends pas compte / parfois tu es un peu brutal /elle voulait juste te faire remarquer ». Cette construction en chiasme révèle une parole fermée sur elle-même, inefficace, qui ne trouve pas d’issue. Les modalisateurs « un peu », « un peu », « juste » essaient de calmer l’irruption des pulsions dans le débat familial.

Catherine est une tierce-personne, la seule à ne pas avoir de lien de sang avec les autres personnages.  Pourtant, elle ne parvient pas à dépassionner le débat. Sa parole crée presque un effet comique car il y a un décalage entre l’intention de paix et la colère que son discours provoque chez Antoine. On assiste encore une fois à l’inefficacité de la parole qui trompe celui qui l’utilise et dont les intentions ne parviennent pas à atteindre leur destinataire.

Antoine rebondit sur le mot « brutal » sous forme d’une question rhétorique («Je suis un peu brutal ? » L21) qui donne l’impression qu’il est paranoïaque. Ce rebond est d’autant plus ironique que le terme a échappé de la bouche de Catherine dont l’intention initiale était de pacifier les relations.

Lagarce nous montre l’essence fondamentalement polémique de la parole. La parole veut unir, réconcilier mais elle divise fatalement car l’incompréhension règne entre les individus.

La phrase négative « Non » L23 suivie de la négation totale « ne pas » L24 souligne cette opposition entre les individus : « Non. / Je ne suis pas brutal. »

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