LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce

Dissertation : Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mai 2022  •  Dissertation  •  1 630 Mots (7 Pages)  •  589 Vues

Page 1 sur 7

Le parcours proposé, crise personnelle, crise familiale est lié à un objet d’étude : le théâtre. La question de la famille, celle des relations entre les individus qui composent celle-ci, obsèdent le théâtre depuis l’antiquité. En effet, dès les premières pièces dont on ait conservé la trace, la famille fournit un personnel privilégié dans le cadre de la tragédie. De fait, le théâtre antique multiplie les pièces qui voient des familles éclater, s’entre-tuer, maudites de génération en génération… La pièce de Jean-Luc LAGARCE, Juste la fin du monde, s’inscrit dans un cadre familial conventionnel. Le titre de la pièce laisse présager une tragédie versée dans l’ironie ou dans l’humour noir. Jean-Luc LAGARCE annonce dès le prologue la mort du protagoniste, Louis, qui se décide à retourner dans sa famille pour annoncer la nouvelle à ses proches. Cependant, le retour de Louis ne scelle pas de retrouvailles, bien au contraire, la tension, la crise et l’incommunicabilité s’amplifient. Le prologue rappelle la tragédie, un drame intime celui de Louis venu annoncer sa mort prochaine, ce premier drame met au jour d’autres drames individuels, lesquels trouvent leur expression dans une crise familiale. Nous essayerons de voir comment les pièces de théâtre qui reposent sur l'évocation des crises personnelles et familiales appartiennent en général au registre de la tragédie. A l’aide d’exemples nous verrons tout d’abord comment le poids de la famille peut peser sur les destins personnels des individus, puis nous montrerons que la famille peut être sources de désaccords et de violences, enfin nous mettrons en lumière la solitude d’un personnage au sein même de sa famille.

Au théâtre et depuis la nuit des temps, la famille est souvent présentée comme un obstacle à l’épanouissement du personnage principal. Si on prend l’exemple d’Antigone, récit d’après la tragédie de Sophocle vers 441 avant JCL, la scène se passe à Thèbes. Les deux fils d'Œdipe, Étéocle et Polynice, se sont entre-tués sous les murs de la ville. Le roi Créon a ordonné de n'enterrer qu'Étéocle, laissant sans sépulture celui qu'il considère comme traître, Polynice (ce qui, selon les Anciens, condamne son âme à errer éternellement). Quiconque enfreindra la loi sera puni de mort. La sœur d'Étéocle et de Polynice, Antigone, ose braver l'interdit et défier Créon : elle accomplit à deux reprises les rites funéraires. Découverte, elle est condamnée à mort, malgré l'intervention de son fiancé, Hémon, fils de Créon. Elle se pend dans la caverne où elle est emmurée, et Hémon se suicide sur son corps. Nous sommes là au cœur du tragique, car chacun veut l’absolu, chacun est prêt à l’absolu, absolument. Il y a l’affront de deux héros, de deux grandeurs, de deux puissances égales.

Si on prend Roméo et Juliette, une tragédie unique en son genre, il s’agit de la deuxième tragédie de Shakespeare (1597), avec Hamlet, c’est la plus célèbre pièce de Shakespeare. Tragédie de jeunesse, elle n’hésite pas à s’affranchir du modèle classique antique. Cette tragédie raconte l'histoire de deux jeunes gens, Roméo Montaigu et Juliette Capulet, qui s'aiment malgré la haine que se vouent leurs familles et connaissent un destin funeste. Tragédie d’une passion empêchée par des rivalités familiales.

Dans Juste la fin du monde, Louis croit qu'il se sent plus aimé quand les autres font mine de ne pas penser à lui. Il se sent incompris, rejeté par les siens. C’est le seul à s’être éloigné de la maison, il s’exprime dans des monologues. Il est venu les voir parce que « cette absence d'amour fit toujours plus souffrir les autres que moi. » Mais sa famille a fini par l'abandonner : elle ne l'aime pas comme un vivant, mais comme un mort. « Louis. — Ils renoncèrent à moi, tous, d’une certaine manière [...] parce que je les en décourage, Cette absence d’amour dont je me plains [...] toujours fut pour moi l’unique raison de mes lâchetés.

Juste la fin du monde met en évidence l’incapacité pour la famille de se faire comprendre. En réalité, les personnages ne parviennent pas à communiquer et se trouvent victimes de quiproquos, de malentendus, de disputes et de méprises. Toutes ces tensions débouchent sur des désaccords et des violences provoquant l’éclatement de la famille.

Parfois le personnage se retrouve rejeté, menacé, voire sacrifié par sa propre famille. Dans Juste la fin du monde de Jean-Luc LAGARCE, Louis, 34 ans est venu annoncer qu’il va mourir à sa famille. Accueilli par sa mère, sa sœur Suzanne, son frère Antoine et la femme de ce dernier Catherine, il est vite emporté par le flot des disputes et des tensions. En raison de la crise qui empire, l’aveu de la mort imminente passe sous silence. Les membres de la famille soulignent l’éloignement de Louis et son indifférence. Catherine reproche en ces termes l’attitude de Louis « lorsque nous nous sommes mariés, il n’est pas venu ». Suzanne renchérit en adoptant des répliques du style « il n’embrasse jamais personne », « son propre frère, il ne l’embrasse pas» (1ère partie, scène 1). Les reproches s’accumulent sachant que la sœur se trouve blasée par le départ de Louis : « Et je me suis retrouvée sans rien » et ajoute « je ne savais pas que tu partais pour tant de temps, je n’ai pas fait attention, je ne prenais pas garde » (1ère partie, scène 3). La tension dans la pièce de Jean-Luc LAGARCE ne cesse de monter, mise en relief par les échanges répétitifs et vides de sens qui participent à rendre la présence de Louis gênante, voire sinistre. La mère ravive les tensions et cultive la rivalité entre les deux frères. Le tribunal familial qui accuse Louis de s’être absenté durant 12 ans n’accorde pas à l’accusé le droit de se défendre. Néanmoins, le procès n’épargne pas les autres personnages puisque les accusations fusent de toute part. A titre d’exemple, Antoine infantilise Suzanne en discréditant l’air affecté de sa sœur « elle veut avoir l’air/c’est parce que Louis est là, c’est parce que tu es là/tu es là et elle veut avoir l’air » (1ère partie, scène 9). Le tragique dans la pièce est déterminé par l’incompréhension, la privation affective et relationnelle ainsi que par l’absence. Jean Racine par exemple privilégie les œuvres théâtrales appartenant au registre de la tragédie s’inspirant d’œuvres antiques et plus particulièrement grecques. Il s’inspire d’Euripide et de Sophocle pour créer une de ses tragédies la plus connue, Phèdre, en 1677. Le personnage de Phèdre est l’un des plus remarquables des tragédies de Racine. Elle est à la fois coupable du malheur des autres et victime de ses pulsions. La passion incestueuse de l’héroïne pour son beau-fils Hippolyte déclenche la catastrophe tragique : calomnié, le jeune homme meurt, injustement maudit par son père Thésée. Le désir monstrueux a détruit la famille.

...

Télécharger au format  txt (10.1 Kb)   pdf (57.1 Kb)   docx (11.3 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com