Juste la Fin du Monde de Jean Luc Lagarce

Etude transversale sur “Juste la  fin du Monde”

Introduction

             Jean-Luc Lagarce est un auteur et metteur en scène quasi contemporain, né en 1957 et mort en 1995 du sida. Il est l’auteur d’une vingtaine de pièces dramaturgiques. Au contraire, en tant que metteur en scène, il mit en scène une grande diversité de pièces: du Malade imaginaire de Molière qui est une pièce classique et comique à La cantatrice chauve de Ionesco qui est une pièce contemporaine du théâtre de l’absurde dont il consacre un intérêt particulier. Son propre théâtre va emprunter certaines parties des œuvres qu’il a mis en scène. Jean-Luc Lagarce va rencontrer beaucoup de succès en tant que metteur en scène mais peu de succès à ses débuts en tant qu’auteur; même si aujourd’hui, son œuvre la plus connue en tant qu’auteur, Juste la Fin du Monde, est la pièce la plus jouée en France. Cette pièce fut écrite en 1990 mais, les metteurs en scène de l’époque refusant de la jouer, elle ne fut jouée que pour la première fois à Lausanne en 1999 après sa mort. Dans Juste la Fin du Monde, comme dans l’ensemble de ses pièces, Jean-Luc Lagarce décide, par un registre épique, de plus raconter la pièce qu’il ne va la montrer. Cette pièce est dominée par le registre tragique par l’échec de la quête du héros et la présence de la mort du personnage principal. Dans cette pièce, le personnage principal, Louis, va essayer d’annoncer sa mort à sa famille. Par cette œuvre, Jean-Luc Lagarce décide de faire savoir à ses spectateurs et ses proches sa propre mort imminente. Nous allons justement essayer de comprendre en quoi l’auteur, par l’échec tragique du personnage principal, souhaite-t-il dévoiler à son public sa mort prochaine. Pour cela, tout d’abord, nous allons essayer de déterminer si la pièce est tragique ou pas. Dans un second temps, nous présenterons l’échec du personnage principal pour annoncer sa mort. Enfin, nous montrerons la résolution de l’auteur à annoncer sa mort par cette pièce.

Dans cette première partie, nous allons déterminer le pour et le contre pour savoir si la pièce est une tragédie.

        Tout d’abord, nous allons voir ce qui fait de cette pièce une tragédie. L'auteur, grâce à une partie du titre, La fin du monde, expose directement l’aspect tragique de l'œuvre aux spectateurs car cette perspective est redoutée par l’ensemble des mortels et également le synonyme de quelque chose d’horrible. Cette pièce respecte la composition de la tragédie classique par ses cinq parties qui font références à cinq actes. Les unités de cette œuvre sont conformes à la règle des trois unités : l’unité de lieu qui impose au metteur en scène le choix d’un lieu précis comme la maison dans Juste la Fin du Monde. L'obligation que la pièce se déroule sur une seule journée (le dimanche) répond à l’unité de temps. Enfin, l'unité d’action qui impose à l’auteur de ne mettre en scène qu’une seule intrigue principale (l’annonce de la mort de Louis) . De plus, les personnages donnent l’impression d’être vides car on ne connaît rien d’eux comme “La Mère” qui n’a pas de prénom dans la pièce. Ils sont aussi ridicules par leurs difficultés, voir leurs impossibilités, à communiquer entre eux. Le destin tragique et inévitable de Louis provoque un ton tragique et un aspect pessimiste. En effet, le vocabulaire de la mort présent tout au long de l'œuvre renforce l’idée pessimiste et accentue encore plus le ton tragique. Enfin, on remarque l’évocation de nombreux sentiments des personnages qui expriment le regret (les balades du dimanche…), la mélancolie, la tristesse (de ne pas voir son frère), les remords (Louis qui regrette son départ précipité lorsqu’il était jeune) et même parfois des sentiments de colère (Antoine qui est énervé de devoir prendre les responsabilités de son frère qui est parti). Nous pouvons donc voir que cette pièce possède un côté tragique.

        Enfin, nous allons voir que cette pièce n’est pas qu’une tragédie. Premièrement, l’auteur par le choix du titre, crée une antithèse avec l’adverbe “Juste” qui est un adverbe bien dérisoire pour désigner une aussi grosse catastrophe. L’ironie de cet adverbe crée aussi un aspect comique au titre qui pose un contraste entre le tragique et le comique avant même le début du texte. La composition respecte bien la tragédie classique pour sa forme mais dans le fond il n’y a pas d’actes désignés car dans Juste la Fin du Monde, le prologue, l’intermède et l’épilogue font office d’actes alors que dans la tragédie classique ce n’est pas le cas. C’est le même cas pour la règle des trois unités. Un flottement est présent par rapport à l’unité de temps et de lieu car la pièce est envahie par les souvenirs. Comme nous l’avons vu précédemment, les personnages présentent des difficultés à communiquer qui relèvent du tragique mais ces impossibilités présentent aussi une tonalité ironique.

Nous pouvons voir que cette œuvre possède une dominante tragique mais grâce à un aspect comique et ironique cette pièce n’est pas totalement tragique.

Après avoir vu si la pièce était à dominante tragique, nous allons voir l’échec du personnage principal à annoncer sa mort.

Dans un second temps, nous allons présenter l’échec de Louis pour annoncer sa mort à sa famille.

Tout d’abord, nous allons voir la difficulté de Louis à communiquer avec sa famille et la difficulté de sa famille de communiquer entre eux. Pour cela, tout au long de l'œuvre, l’auteur va mettre en scène différents monologues et dialogues qui montrent une difficulté de communication au sein de la famille. Dès la scène 3 de la première partie, l’auteur va utiliser un très long et maladroit monologue de Suzanne pour montrer dès le début de l'œuvre la difficulté de communiquer. Elle exprime son mécontentement à propos du manque d’attention de Louis envers sa famille, par des reproches à propos de Louis jusqu’au plus petits détails. Des détails presque insignifiants, comme les photos des cartes postales qui ne sont pas assez belles, qui ne donnent pas lieu à des reproches normalement. De plus, le monologue peut être considéré par le spectateur comme mal ordonné et mal résumé. Les sentiments qu’elle éprouve à propos de Louis (manque d’affection) débordent et ne lui permettent plus de faire un discours clair. Le problème de communication dans cette famille est également provoqué par les différents caractères des membres de la famille. Par exemple, lors de la scène deux de la partie deux, le caractère d’Antoine est complètement dévoilé lorsque sa sœur, Suzanne, le décrit comme quelqu’un de “brutal”. A ce moment-là, Antoine s’emporte avec beaucoup d’ardeur contre sa sœur en rejetant en boucle les dires de Suzanne qu’il ne supporte pas. De plus, Antoine refuse d’écouter son frère lorsque ce dernier vient essayer de lui expliquer ses raisons qui l’ont poussé à partir. Car il a peur de se faire duper par le long discours de Louis et de lui pardonner, chose qu’il ne donne pas l’impression d’en avoir envie. Enfin, le caractère de Louis s’oppose à celui d’Antoine, car il est calme en toute circonstance et ne va pas s’emporter mais par contre il va fuir devant le conflit.

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