De la musique avant toute chose

Première partie de l'anthologie : La musique: un langage universel

I° 1. Séquence 1: comment définir la musique?

Supports → Rousseau, article « Musique », p. 17.

→ Wolff, Pourquoi la musique ?, p. 22.

→ Homère, L’Odyssée, p. 26.

→ Caravage, Le Joueur de luth, cahier photos, p. I.

→ Dossier, « Synthèse : fiche méthode », p. 189.

→ Dossier, « Analyse d’image : fiche méthode », p. 191.

Analyse du texte de Jean-Jacques Rousseau

Le passage sélectionné, extrait du Dictionnaire de musique, permet de rappeler la place que la musique occupe dans l’oeuvre de Rousseau. Il fut, en efet, également un compositeur, comme en témoigne son opéra Le Devin du village dont la première partition date de 1753.

Ses contributions à l’Encyclopédie en 1749 ainsi que son Dictionnaire de musique dont la première édition date de 1767 ne sont qu’une partie d’une oeuvre très riche où la musique s’inscrit dans une « esthétique de la spiritualité. ». ( Cf. l'article d’Elizabeth Giuliani intitulé « Rousseau et la musique», qui montre très bien que la musique est au coeur d’une ambition personnelle qui a trait à une forme de sensualité et de sociabilité.

Le passage présenté explique la rupture avec l’académisme d’un Rameau où la symétrie est posée comme premier principe du beau. Pour Rousseau, au contraire, la musique se définit comme un art combinatoire qui participe à la fois de la création artistique et de la raison, de l’expression subjective et de la connaissance. Si la définition de la musique proposée par Rousseau (« Art de combiner les Sons d’une manière agréable à l’oreille ») s’inscrit dans la tradition classique, la suite du texte (à partir de la « musique spéculative » surtout, l. 33) donne la priorité à la mélodie et donc à la capacité de la musique à agir sur les émotions des individus. Même si les interprétations rousseauistes restent très discutables, en particulier pour ce qui touche à l’harmonie (« Telle est la Musique des Chansons […] qui n’est qu’Harmonieuse », l. 54-57), on pourra souligner l’originalité de la définition de la musique comme art mélodique combinatoire : d’où l’importance dans le texte de termes liés à l’intensité et au timbre, à ce qui se laisse saisir intuitivement (à la différence de l’harmonie plus « mécanique »).

Ce texte peut être mis en relation avec ce passage de l’Essai sur l’origine des langues : « Dans un système harmonique, un son n’est rien naturellement, il n’est ni tonique ni dominante, ni harmonique, ni fondamental ; parce que toutes ces propriétés ne sont que des rapports, et que le système entier pouvant varier du grave à l’aigu, chaque son change d’ordre et de place dans le système, selon que le système change de degré. »

Comme on le voit, si les propos de Rousseau semblent parfois embarrassés, c’est qu’ils définissent la musique à partir d’impressions reçues. C’est en ce sens que le texte oriente, malgré sa nature très didactique, vers une conception non rationnelle de la musique (romantique) où prime la mélodie comme miroir de l’âme et des émotions.

Analyse du texte de Francis Wolff

La transition entre le texte de Rousseau et celui de Wolff se fait alors de manière évidente : le passage présenté est l’introduction d’un riche essai qui invite à se pencher sur notre relation à la musique. Le texte amène à réfléchir aux émotions que nous pouvons éprouver lors de l’écoute d’une musique.

L’auteur montre bien qu’il existe une forme de « contagion émotionnelle » créée par l’écoute ou la pratique musicale, quelles que soient les époques et les cultures. La définition proposée par l’auteur est également intéressante parce qu’elle inscrit la musique dans une dynamique à la fois individuelle et collective. La musique est ainsi au carrefour de l’intime et du partage.

Ecoutez les ressources sonores proposées par Francis Wolff sur son site http://www.pourquoilamusique.fr/extraits.html

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