Commentaire sur le roman "La Princesse de Clèves"

de Renart (XII siècle). Cette définition du roman évolue et au XVII siècle le roman désigne « une aventure amoureuse passionnée » (MOLIÈRE, Les Précieuses ridicules, 1659).

En effet, jusqu’à la première moitié du XVIIe siècle, le roman désignait le genre du roman héroïque. Le roman héroïque est une épopée en prose de plusieurs milliers de page qui insiste sur la peinture de l’amour au lieu de la guerre, contrairement à l’épopée en vers. Trois romans héroïques sont resté célèbres : et L’Astrée (1607-1627, 5 parties en 12 livres chacune, 40 histoires, 5 399 pages) d’Honoré d’Urfé ; Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653, 13095 pages, deux millions cent mille mots) de Madeleine et George de Scudery ; Clélie, histoire romaine (1654-1660) de Madeleine de Scudéry. Ces ouvrages ont pour point commun de traiter des questions d’amour, de traiter de l’amour idéal. Par opposition au roman héroïque, existait le roman comique ou l’anti-roman qui dégradait le genre du roman héroïque comme l’œuvre Le Roman comique de Paul Scarron (1651-1657) ou Le Berger extravagant: où parmy des fantasies amoureuses on void les impertinences des romans & de la poësie (1627) de Charles Sorel.

Néanmoins, le roman héroïque est concurrencé par une forme brève venue d’Espagne : la nouvelle. Le genre de la nouvelle vient d’Espagne avec Cervantès et la traduction de ses Nouvelles exemplaires. À cette époque, la nouvelle désigne un récit bref, à la démarche sobre et linéaire, excluant les analepses, ne faisant qu’une part réduite aux discours et aux conversations. Elle se caractérise par un souci de vraisemblance, préférant une histoire récente et contemporaine aux héros trop parfaits, aux aventures merveilleuses, le climat aristocratique et les subtilités de la galanterie. En substance, elle propose une image plus simple et plus authentique de la réalité mais aussi demande à l’histoire une caution d’exactitude. L’histoire sert la fiction. Le fondateur de la nouvelle française se nomme Jean Régnault de Segrais (1624-1701) qui publie ses Nouvelles française en 1856.

Le roman La Princesse de Clèves (1678) est resté célèbre parce qu’il redéfinit la notion même de roman. Il emprunte à ses deux grands genres narratifs du XVIIe siècle : comme dans la nouvelle, il y a peu de personnages, le récit est linéaire et vraisemblable mais, il emprunte au roman héroïque avec la multiplication des récits enchâssés qui forment un système en écho. Par ailleurs, il y est question de la passion amoureuse et de son analyse. En outre, il relève des doctrines du classicisme et sa structure celle du théâtre classique. En effet, outre l’analyse des passions, il a une visée morale non seulement avec l’attitude que l’on doit adopter face à l’adultère mais aussi avec une dénonciation de la Cour d’Henri II. Enfin, il se construit comme une tragédie classique : triangle amoureux, cinq parties, un an, personnages issus de la noblesse, histoire sert la fiction.

Pour rappel, Mme de La Fayette, de son nom Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette (ou Lafayette), est née le 18 mars 1634 à Paris et morte le 25 mai 1693 dans la même ville. Elle est une femme de lettre française appartenant au mouvement du classicisme. Outre son très célèbre roman La Princesse de Clèves (1678), elle n’est pas moins célèbre pour

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