Texte de Voltaire: Bêtes

De nos jours, de nombreuses études ont prouvé que les animaux sont dotés d'intelligence et d'émotions. Le plus intelligent serait même le poulpe qui possède un immense cerveau, qui comme le notre composé de deux parties. Il est aussi prouvé depuis 2015 que les animaux ressentent toute une palette de sentiments tels que l'amour, la tristesse, la joie, la peur... Voltaire, célèbre philosophe du siècle des lumières, a mis sa plume au service de causes judiciaires (affaire Calas par exemple) et, a écrit le fameux «Dictionnaire philosophique portatif » afin de combattre « L’Infâme », c’est-à-dire tout ce qui opprime la liberté de l’homme (superstition, fanatisme, censure…). En 1764, il a écrit le texte argumentatif « BETES », dans cet article de dictionnaire, Voltaire s’attaque à la théorie de Descartes selon laquelle les animaux sont des « machines ». C’est sur un ton polémique mais aussi didactique que Voltaire défend la thèse de l’intelligence animale, et discrédite alors les propos de Descartes. Comment Voltaire parvient à défendre sa thèse sur l'intelligence animale à une époque où l'humanité croyait avoir le monopole sur l'intelligence et les sentiments ? Dans un premier mouvement nous comprendrons comment le texte agit sur le lecteur. Puis, dans un second et dernier mouvement nous verrons que ce texte est un texte polémique.

On peut relever dans tout le texte que Voltaire s'adresse à un interlocuteur par le pronom « tu ». Ainsi, on comprend que Voltaire s'attaque à Descartes, seulement il ne mentionne pas le nom de « Descartes » ce qui lui permet de s'adresser aussi à tous ses lecteurs, afin d'avoir un public plus large. Voltaire utilise principalement le présent de l'indicatif mais à certains moments, il utilise le présent de l'impératif. « Ne suppose point cette impertinente contradiction dans la nature. » Voltaire veut que le lecteur/ Descartes remette en question sa façon de penser. L'auteur utilise le discours direct, c'est en effet un article de dictionnaire il faut que cela soit clair et précis afin de ne pas perdre le lecteur.Voltaire utilise beaucoup de phrases interrogatives dont certaines qui sont des questions rhétoriques ( au second paragraphe on trouve une succession de questions ayant pour objet les animaux.) « a-t-il des nerfs pour être impassible ? » « Réponds-moi,machiniste, la nature a-t-elle arrangé tous les ressorts du sentiment dans cet animal, afin qu’il ne sente pas ? ». Il veut absolument faire réfléchir son interlocuteur. Voltaire parvient aussi à retenir l'attention grâce aux diverses phrases exclamatives et interjections présentes dans le texte. « […] qui font toujours leurs opérations de la même manière, qui n’apprennent rien, ne perfectionnent rien, etc. ! », « Quoi ! ». Ces phrases traduisent les émotions de Voltaire et provoquent chez le lecteur de forte émotions aussi telles que la surprise, la réflexion, la tristesse... L'auteur utilise un registre polémique comme on l'a vu grâce à la forte ponctuation et grâce aux nombreuses questions rhétoriques mais utilise aussi le registre didactique. En effet on peut trouver le champ lexical des sciences vers la fin du texte :« veines » « organes » « nature » « nerfs »…L’auteur cherche à transmettre un savoir, à instruire, sur l’intelligence animale. Le registre didactique vise à convaincre les lecteurs de la véracité de l’intelligence animale. Au troisième paragraphe on peut lire passage narratif racontant l’histoire d’un chien. Voltaire insiste sur le sentiment, la mémoire et les idées des animaux. Il y provoque l’émotion du lecteur. Nous passons soudainement d'une description attendrissante d’un chien qui cherche le maître qu’il aime à l’évocation crue et choquante de sa mise à mort lors d’une autopsie (“Des barbares saisissent ce chien (…). C’est aussi un passage explicatif. Cette soudaine transition provoque une surprise chez le lecteur mais c'est aussi un passage choquant qui provoque la tristesse, la colère voir le dégoût chez le lecteur. On remarque le champ lexical des sentiments/émotions : « sentiment » « affliction » « plaisir » « douloureux » « aime » « joie » … Il y a aussi un paradoxe (lignes 11 à 13) “tu me vois entrer chez moi l’air affligé, chercher un papier avec inquiétude,(…) le trouver, le lire avec joie.” On trouve dans le second paragraphe toute une panoplie d'arguments. Des arguments d'expérience directement issus d’exemples, concrets, se fondant sur le recours à des faits. Ligne 4, « cet oiseau qui fait son nid en demi-cercle quand il l’attache à un mur, qui 5 le bâtit en quart de cercle quand il est dans un angle, et en cercle sur un arbre ».Voltaire utilise ces arguments dans le but de démontrer la véracité de ces faits. Aux lignes 6,7,8, Voltaire a recours à des arguments qui visent à discréditer l’adversaire (Descartes) , en lui parlant de son expérience avec les animaux.« Ce chien de chasse que tu as discipliné pendant trois mois n’en sait-il pas plus au bout de ce temps qu’il n’en savait avant les leçons ? » « Le serin à qui tu apprends un air le répète-t-il dans l’instant ? n’emploies-tu pas un temps considérable à l’enseigner ? n’as-tu pas vu qu’il se méprend et qu’il se corrige ? ». Il discrédite M. Descartes et enlève toute crédibilité à ses arguments. Puis nous relevons un argument par analogie (ligne 11) “tu me vois entrer chez moi l’air affligé, chercher un papier avec inquiétude, ouvrir le bureau où je me souviens de l’avoir enfermé, le trouver, le lire avec joie.” Et “ce chien qui a perdu son maître, qui l’a cherché dans tous les chemins avec des cris douloureux, qui entre dans la maison, agité, inquiet, qui descend, qui monte, qui va de chambre en chambre, qui trouve enfin dans son cabinet le maître qu’il aime, et qui lui témoigne sa joie par la douceur de ses cris, par ses sauts, par ses caresses.” Dans ces deux passages le personnage passe de l’angoisse, la détresse, l’inquiétude à la joie. Et dans les deux cas l’objet de ses sentiments est un objet ou une personne auquel on tient et dont on ignore l’emplacement malgré le souvenir de l’avoir vu à un endroit précis. Tout ces arguments ont bien sûr pour but de convaincre le lecteur.

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