TD Banlieue

Culture générale et expression

2020/11/04 Synthèse Chapitre 3 : Au cœur des banlieues

L’ensemble des documents étudiés met en exergue une fracture sociale flagrante – mais culturellement connue – entre la banlieue et le reste de la société.

Hmaid Ben Aziza et Zouhour Messili décryptent l’identité sociale que se donnent les jeunes de la cité dans leur article « Langage et exclusion. La langue des cités en France ».  Cette identité, s’appuyant sur la culture afro-américaine, utilise un langage se voulant aussi hermétique aux non-initiés que symétriquement opposé au français académique, représentatif de l’autorité. L’identité des banlieusards reflète la fracture sociale dans laquelle ils se sentent enlisés et leur langage permet de verbaliser et proclamer leur sentiment de rejet et la dérision de l’autorité qui les animent.

Ainsi Léonara Miano dans « Filles du bord de ligne » présente un groupe de jeunes filles s’échappant du carcan des traditions familiales et de l’oppression d’un logement trop confiné. Repoussant la tâche des devoirs qui de toute façon s’effectuent « chacun son tour » sur une table dans une pièce bondée, elles profitent du grand espace de la rue pour vivre et se défouler. Dans le meilleur des cas par la danse et la musique, s’attirant le mépris des passants offusqués de la privatisation de l’espace public. Dans le pire des cas en mutilant les jeunes filles auxquelles la vie semblait sourire et couvertes de tout ce qui semblait leur manquer, à commencer par la liberté de s’épanouir.

Laurent Mucchielli analyse ce mal-être social dans son rapport intitulé « Quand les banlieues brûlent…Retour sur les émeutes de novembre 2005 ». Selon lui, la haine ressentie par les émeutiers de 2005 se cristallise autour de deux institutions d’état. La police et l’école, ayant a priori pour rôle de protéger la population de la marginalisation, semble pourtant, appliqué aux banlieues, amplifier la fracture sociale.

Le rapport produit en 2016 par l’Observatoire national de la politique de la ville présente les chiffres du chômage en banlieue. Il apparaît tout d’abord qu’entre « quartiers prioritaires » et anciennes Zus, les chiffres de l’emploi et leur évolution soient similaires à quelques points près. Au contraire, il existe une grande disparité entre ces zones et les unités urbaines. Ainsi les taux d’activité et d’emploi sont plus élevés et, a contrario, la part et le taux de chômage y sont plus faibles et même deux fois plus faibles. Par ailleurs un élément frappant apparaît. Quelle que soit la tranche sociale étudiée (âge, sexe, niveau d’étude et origine), il apparaît une nette différence entre quartiers prioritaires et zones urbaines englobantes. Venir d’une banlieue semble déjà être un facteur discriminant à l’embauche. Entre 2014 et 2015, il apparaît malgré tout une diminution des différences sociales dans chacune des tranches étudiées à l’exclusion des femmes, connaissant des taux similaires, et des personnes de 30-49 ans ainsi que des immigrés, voyant un accroissement des disparités en leur défaveur.

Les textes étudiés peuvent suggérer une identité de « caillera » plus ou moins volontairement choisie creusant une fracture entre la population et les banlieusards. Il serait certainement réducteur de le penser et sous-évaluer l’impact du bien-être (et en l’occurrence du mal-être) sur la capacité à « réussir dans la vie », à savoir obtenir un emploi, le garder et ainsi obtenir un logement plus vaste. La stigmatisation du banlieusard, un immigré inculte, ne tient pas face aux chiffres du chômage montrant que les personnes ayant un niveau d’étude supérieur ou égal à BAC+2, les « franco-français » connaissent aussi une faible employabilité.

...