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Pantagruel IV, Rabelais

Commentaire de texte : Pantagruel IV, Rabelais. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Octobre 2017  •  Commentaire de texte  •  1 846 Mots (8 Pages)  •  2 668 Vues

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« Carrefour de routes internationales conduisant de la France du Nord à celle du Midi, à la Suisse, à l’Italie et à l’Europe centrale » selon Pierre Michel, la ville de Lyon à la Renaissance représente un foyer culturel très fort, sa position stratégique lui a permis d’attirer nombre de commerces, de banques et d’éditeurs. C’est dans cette ville en plein essor que François Rabelais devient médecin et publie en 1532 Les horribles et espouvantables faictz et prouesses du tres renommé Pantagruel, dont nous allons étudier le quatrième chapitre. Il intervient après deux chapitres annonçant la naissance d’un personnage extraordinaire et une parodie de la rhétorique délibérative au travers du dilemme qui touchait Gargantua (pleurer sa femme ou se réjouir d’avoir un fils). Nous pouvons nous attendre, au vue de la décision de Gargantua de s’occuper de son fils, à une description de l’enfance de celui-ci, et c’est ce que nous trouvons au chapitre IV : De l’enfance de Pantagruel. Les chapitres 1 à 4 semblent former un ensemble qui représente la première partie du schéma tripartite du roman de chevalerie (Enfance/Education/Aventures). Le chapitre IV consiste donc en la fin de la petite enfance du personnage devenu éponyme, Pantagruel. Ce long récit narratif peut nous amener à nous demander comment se fait la transition entre l’enfance du géant et son éducation et quel rôle joue le narrateur dans cette partie transitive. Ce chapitre semble être la suite logique de la vie Pantagruel qui quitte le monde de l’enfance en gardant tout de même une certaine unité avec le début de sa vie mais il subit une sorte de mystification de plus en plus appuyée par le narrateur dont la place dans le roman n’est pas très évidente

Le chapitre IV nous apparaît comme être la suite logique de l’enfance de Pantagruel. Certains éléments ne changent pas, ou très peu, des chapitres précédents : depuis le début du texte, le géant est placé sous le signe d’Hercule et, encore une fois dans les premières lignes de ce chapitre, on trouve l’évocation d’Hercule. Cette fois-ci, la référence à ce personnage mythologique est réalisée pour montrer la supériorité de Pantagruel : « Et n’estoit rien de Hercules, qui, estant au berseau, tua les deux serpens : car lesdictz serpens estoyent bien petitz et fragiles. Mais Pantagruel estant encores au berseau fit cas bien espoventables. ». Pantagruel réaliserait donc des exploits plus importants que de tuer deux serpents envoyés par Héra, une déesse. Ici, l’histoire d’Hercule est tournée en dérision à la faveur de Pantagruel. De plus, depuis sa naissance, Pantagruel est présenté comme un héros. Ici il réalise des exploits qui deviennent pour la première fois quantitatifs : « à chascun de ses repas, il humoit le laict de quatre mille six cens vaches » ou encore « il rompit le bout de son berseau, qui toutesfoyes estoit d’une grosse poste de sept empans en quarré ». Enfin, on trouve des références à la Bible qui ne peuvent que nous rappeler le premier chapitre, qui consistait en une parodie de la généalogie biblique. Ici, notre personnage « se deffist desdictz cables aussi facilement come Samson d’entre les Philistins ». Ou encore la référence à Og, le roi de Besan dans les Psaumes. Ces éléments qui rappellent les chapitres précédents se font toujours sous le thème du comique gigantal, lui aussi présent depuis le début du texte

Le comique gigantal intervient la première fois dans le roman au chapitre premier qui nous explique la naissance des géants en parodiant l’Evangile selon Saint Matthieu. Dans notre texte le comique s’exprime de plusieurs façons, tout d’abord des jeux de mots : les pesliers servent la bouillie du « petit » Pantagruel « en un grand timbre ». Une note nous indique que ce terme désigne à la fois « une timbale d’enfant mais aussi les abreuvoirs en pierre des bestiaux ». On peut également relever un comique de situation dans le fait que le géant soit capable d’avaler une vache, mais de parvienne pas à exprimer son euphorie car il ne sait pas encore parler correctement : « et après commença à dire « Bon, bon, bon », car il ne sçavoit encores bien parler ». Enfin, on trouve un comique de gestes lorsqu’il détruit le fond de son berceau et, qu’encore accroché, il le promène comme s’il était une tortue : « Et alors avecques grande puissance se leva, emportant son berceau sur l’eschine ainsi lyé, comme une tortue qui monte contre une muraille ». Cette comparaison porte à confusion, les tortues sont-elles vraiment capables d’escalader des murailles ? Ou encore sa façon de tendre la langue pour attraper de la nourriture quand il a les mains prises dans les chaînes. Ce comique gigantal est un motif récurent dans les romans des Rabelais et ce passage où Pantagruel abandonne sa vie d’enfant n’y fait pas exception.

Pantagruel se place dès le début du chapitre sous le signe de l’évolution. En effet, lorsqu’il boit sa bouillie dans son timbre, il le détruit : « mais les dentz luy estoient desja tant crues et fortifiées qu’il en rompit dudict tymbre un grand morceau ». La première transformation physique de l’enfant est la poussée dentaire. Ici, celles de Pantagruel semblent déjà bien sorties. Cela nous montre que son corps ne correspond déjà plus tellement à celui d’un bébé. Par la suite, à la fin du chapitre, Pantagruel se sent délaissé : « on ne se soucioyt du pauvre Pantagruel ». Il est donc capable de ressentir des émotions complexes, ce qui représente encore un pas en avant. Son entrée au banquet sonne comme une entrée dans la vie de château, la vie en société. Il abandonne son berceau pour se rendre dans un banquet. Le geste qui met fin définitivement à sa vie de bébé intervient à la toute fin du chapitre lorsqu’il détruit totalement le berceau : « mist son dict berceau en plus de cinq mille pièces d’un coup de poing […] avec protestation de jamais n’y retourner ». Sa vie d’enfant terminée, Pantagruel va, selon le schéma du roman de chevalerie, entrer dans la partie « Education ». On peut se demander de quelle façon le géant sera éduqué, mais il ne fait pas de doute que le narrateur le considère comme une sorte de héros.

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