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Rabelais, Gargantua

Fiche : Rabelais, Gargantua. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Mars 2024  •  Fiche  •  1 794 Mots (8 Pages)  •  32 Vues

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Gargantua de Rabelais est publié en 1544 alors que l’Humanisme est en plein essor. Cette œuvre déconcertante pour l’époque présente les aventures d’un géant de sa naissance à son apprentissage de la royauté, en passant par des guerres aussi comiques que violentes. Le roman détone dans le paysage littéraire car il est un mélange de réflexions sérieuses et de propos plus comiques dans la tradition du carnaval moyenâgeux. Cette double dimension a dérouté bon nombre de critiques qui voient dans ce roman tour à tour un livre sérieux ou un livre divertissant.

Les principaux procédés comiques :

  • L’excès : Au début du roman on nous décrit le banquet organisé par les parents de G où tous les convives engloutissent quantité de tripes sans se soucier d’autre chose que de leur assiette. On est loin de ce qu’on pourrait imaginer d’un banquet présidé par un roi et une reine. Le décalage crée l’effet comique.

  • L’excès rhétorique : Rabelais pousse au maximum les effets d’une écriture hyperbolique.

Ex : chap 6 avec naissance G, il est dit « Sitôt qu’il fut né […] il clamait à pleine voix : A boire ! A boire ! […] si bien qu’on l’entendit par tout le pays de Busse et de Biberais. » Le lecteur s’amuse de l’exagération.

  • Le gigantisme de G est source d’effets visuels à fort potentiel comique qui se rapporte alors à du comique de situation.

Ex : chap 16 lorsque la jument de G arrache tous les arbres en Beauce. Ou encore chap 37 et 38 lorsque G fait tomber des boulets de canon de ses cheveux en les coiffant.

Cela nous oblige à adopter une posture inhabituelle pour imaginer la scène, d’un seul coup on voit le monde vu d’en haut. En plus d’être amusante et rafraichissante, cette nouvelle perspective nous invite à une plus grande exigence intellectuelle : chercher à mieux connaître le monde ; toujours remettre ses connaissances en question.

  • Jeux de mots : noms de lieux et personnages

Ex : La Beauce s’appelle ainsi car G a dit « Beau-ce » en la traversant cette région.

Gargantua vient d’une exclamation de son père qui le voyant engloutir des tonneaux, lui dit « Quel grand tu as »

  • La parodie notamment dans les épisodes guerriers. Rabelais parodie les chansons de geste médiévales dans lesquelles le héros accomplit des faits d’arme extraordinaires souvent peu réalistes. Ici, le héros est Frère Jean, moine et chevalier qui écrabouille ses ennemis avec une énergie sans égale.

  • La satire. Rabelais nous rend complice en utilisant la satire tout au long du roman.

Ex : Au début du roman, quand le jeune G montre des chevaux de bois qu’il fabrique à ses voisins, ceux-ci qui pensaient voir de vrais chevaux, lui disent « Tu nous as bien bernés ! Je te verrais bien pape un jour ou l’autre ».

A propos de l’éducation scolastique de G, il est dit « Maître Thubal Holoferne lui apprit si bien son abécédaire qu’il le récitait par cœur à l’envers ce qui lui prit cinq ans et trois mois. » Ici, la satire repose sur l’ironie que l’on devine par l’emploi du groupe adverbial « si bien » qui dénote avec ce qui est dit dans le reste de la phrase. Rabelais utilise donc la satire pour s’en prendre aux dérives religieuses et académiques de son temps, ou encore pour dénoncer les guerres de conquête.

Avec la satire on comprend toute la portée du prologue de G, l’humour n’a pas pour seule vocation de nous divertir, il est aussi la porte d’entrée des réflexions d’un humaniste.

En quoi pouvons nous parler d’une écriture dionysiaque à propos de G ?

Ecriture dionysiaque : terme qui renvoie à Dionysos, dieu grec du vin, de la liberté, de la fête et de la folie.

  • Ecriture inventive, riche, festive et fantasque

Ex : prologue de Gargantua : rire et savoir sont intimement liés. Avec Rabelais le temps est venu de renvoyer chez eux les précepteurs scolastiques et leurs méthodes d’éducation moyenâgeuses pour embrasser la richesse et la beauté du monde avec euphorie et légèreté. S’instruire et une fête !

  • Amour des mots :
  • Créativité lexicale : il invente des mots ex la fameuse « substantifique moelle » et même d’autres mots qui sont depuis rentrés dans le langage courant par ex « un automate ».
  • Rabelais aussi adepte de l’antonomase : figure littéraire qui consiste à transformer un nom propre en nom commun. Ex gargantuesque, pantagruélique.
  • Noms à sonorités enfantines, amusantes : ex la mère de G est la fille du roi des Parpaillons
  • Jeux de mots potaches : Grandgousier = Grand gosier Gargantua = quel grand tu as !
  • Certains passages très durs à déchiffrer ex chap 2 avec le « poème des franfreluches antidotées » qu’on suppose être une satire de Charles Quint et du pape le tout couvert d’obscénités. Ce mélange entre le mystère et l’amusement est typique d’une écriture dionysiaque.

Que critique Rabelais dans cette œuvre et comment procède-t-il ?

  • La scolastique
  • La vie monastique
  • Les guerres absurdes

Pour faire cela Rabelais aime employer des jeux de miroir. Il y a des reflets voir des doubles reflets. D’une part ses personnages sont souvent le reflet de personnes à son époque, et d’autre part il aime opposer un personnage positif à un personnage négatif.

Ainsi,

  • Pour critiquer les guerres absurdes : Il oppose le personnage de Picrochole à Grandgousier. Picrochole est un va-t-en guerre ridicule mue par l’ambition tandis que Grandgousier est un roi sage ne voulant pas de cette guerre mais obligé de la faire pour défendre ses terres et son peuple. Plusieurs allusions laissent comprendre que Picrochole représente Charles Quint et Grandgousier Francois premier. Ainsi au chap 50, Gargantua critique ces empereurs « qui se font appeler catholiques », référence à Charles Quint, appelé empereur « très chrétien » et qui pourtant emprisonnait et rançonnait ceux qu’il capturait.

  • Le même jeu de miroir est employé pour critiquer l’éducation scolastique/médiévale représentée par Thubal Holoferne et Jobelin Bridé VS éducation humaniste représentée par Ponocrates. En effet, Gargantua a d’abord subi l’enseignement scolastique selon les méthodes médiévales de Thubal Holoferne fondées sur le par cœur, l’abstraction et le mépris du corps. Les conséquences sont désastreuses. Grandgousier, le père de Gargantua, s’aperçoit que son fils « étudiait très bien et y mettait tout son temps, toutefois qu’en rien il ne profitait et, qui pis est, en devenait fou, niais, tout rêveur et assoti » chap 15. Grandgousier choisit alors pour son fils l’éducation humaniste de Ponocrates, fondée sur la curiosité scientifique, la lecture des textes anciens, la réflexion, la pratique et l’hygiène du corps. Cette éducation est une réussite.

  • Par ailleurs il crée un monde utopique pour critiquer la vie monastique de son temps.

L’abbaye de Thélème chap 52 à 58 est un lieu idéal : anti abbaye tant ses pratiques sont opposées à la vie monacale que Rabelais a connu au début de sa vie. Ainsi la doctrine de ce lieu : « fais ce que tu voudras » s’oppose aux règles et exigences rigides des monastères traditionnels. Une opposition qui se justifie par la nature de l’être humain qui se tourne naturellement vers le bien tandis qu’un excès de règles le pervertit « car nous entreprenons toujours ce qui est interdit et nous convoitons ce qui nous est refusé » d’après Rabelais.

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