LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Rabelais, Gargantua

Commentaire de texte : Rabelais, Gargantua. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Février 2013  •  Commentaire de texte  •  992 Mots (4 Pages)  •  1 045 Vues

Page 1 sur 4

Quel os faut-il briser pour en extraire la substantifique moelle ? La réponse à cette question s’entend au fil de la lecture de ce texte plus que jamais révolutionnaire et actuel de François Rabelais, Gargantua. Je pars à la redécouverte émerveillée de ce texte que nous avons tous étudié à l’école mais si peu compris. Je commence cette analyse d’un texte à recevoir plus que jamais en transmission par une impression d’ensemble, avant de le lire phrase après phrase, tellement chacune d’elles est saisissante d’une vérité très dérangeante pour le conformisme dont le but est de créer des êtres passifs donc rentables.

Il s’agit de la naissance, de l’éducation, et de la vie d’un garçon, d’un fils. A l’heure où les entrailles de la mère sont si sacralisées qu’elles se posent en paradigme de la vie après la naissance avec un père complice s’intériorisant en elles pour en éterniser la fonction, voici un garçon qui naît de l’oreille de sa mère, c’est-à-dire d’une mère qui entend quelque chose de précis, et lâche prise comme disant à l’enfant né, « Fais ce que tu voudras », ce principe du libre arbitre institué dans l’abbaye de Thélème par Frère Jean. Ensuite, c’est le père qui entraîne le fils dans l’aventure risquée et renouvelée de la vie batailleuse et libre. La mère a entendu qu’elle n’a pas à continuer à faire croire que son garçon est encore dans son ventre, que toute sa vie doit être cadrée et encadrée en permanence par le conformisme de l’époque de Rabelais ou d’aujourd’hui, un conformisme qui serait à reconduire de manière bien obéissante.

En matière d’éducation, dans le texte de Rabelais s’opposent la Sorbonne et le Collège de France fondé par François 1er, c’est-à-dire entre ce qu’on appellerait aujourd’hui le formatage d’êtres rendus très obéissants et la prise de liberté en s’intéressant à d’autres choses jugées hérétiques par la pensée dominante. La très grande soif d’autre chose passe par le refus des bonnes choses présentées, un autre temps ouvert à d’autres nourritures, boissons, jouissances, savoirs, commence par un rien faire, par une sorte d’état d’abandon, de sauvagerie, par cette sensation naissante d’un lâcher prise dont le corps abandonné prend acte. Rien d’un corps sous les regards en permanence ! La bataille incessante, défensive, immunitaire, pour faire dominer la vie en train de se vivre, mais sans jamais éliminer l’ennemi, est aussi un trait essentiel de ce texte extraordinaire. Les autres, avec leur corps abandonné à la vie, sont aussi sur terre, aucun abri ne me fait faire l’économie de me confronter à lui et d’avoir à tolérer sa vie en lui faisant admettre la mienne.

Quel os briser ? La mère et le père du garçon Gargantua sont tout à fait révolutionnaires en comparaison des parents d’aujourd’hui qui se lancent aveuglement dans la « sorbonnisation » de leurs enfants, c’est-à-dire dans la circonvention totale par tout ce qui est présenté dans notre monde comme bon pour eux et dans la protection contre tout ce qui est désigné comme mauvais c’est-à-dire hérétique. Jamais l’enfant n’est lâché, pour son bien naturellement, mais dans le cas de Gargantua c’est le contraire ! La circonvention par les bonnes choses, les bons savoirs, les bonnes influences, la science, le conformisme, tout cela fait,

...

Télécharger au format  txt (6.1 Kb)   pdf (75.1 Kb)   docx (10 Kb)  
Voir 3 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com