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Sociologie politique

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Par   •  11 Mai 2018  •  Cours  •  1 123 Mots (5 Pages)  •  605 Vues

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                                             PROBLEMATIQUE

Cet article politique qui fait l’objet de notre étude nous pose les problèmes de l’informalisation de la violence physique légitime au Sénégal détenu notamment par les milices islamiques, mais aussi la relation tissée entre le pouvoir politique et ces milices. Les Etats africains en générale ne sont pas à l’abri de crises économiques, de certaines contraintes budgétaires qui les obligent à réduire l’effectif des forces de l’ordre rendant donc presque impossible le contrôle de la totalité du territoire. Max Weber considère l’État comme « une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé, revendique avec succès, pour son propre compte, le monopole de la violence physique légitime ».Au Sénégal nous sommes loin de cet idéal de l’Etat caractérisé par le monopole du pouvoir légitime. Cela s’explique par le fait que l’Etat du Sénégal est un Etat à forte domination de l’islam confrérique. L’émergence de ces différentes confréries religieuses entraine en parallèle la prolifération des milices islamiques, de véritables groupes souvent armés qui exerce de manière informel la violence physique légitime, on peut donc dire que qu’il possède une part de la souveraineté nationale. Face à ces milices les problèmes qui se posent sont de savoir : comment le pouvoir politique sénégalais tente-t-il de contrôler les milices islamiques ? Quelles sont les contraintes liées à ce contrôle politique ? Comment faire face à ces contraintes ?

Le pouvoir politique contrôle ces milices qui prolifèrent dans les confréries musulmanes en les tolérants, pour pouvoir avoir meilleure mainmise sur leurs actions. En effet le pouvoir politique intègre par exemple ces milices comme auxiliaires de la sécurité publique pour avoir des effets politiques désirables. Ainsi ces auxiliaires sont de trois ordres :

  • Les auxiliaires permanents comme c’est le cas à Touba. la volonté du guide de faire respecter la loi islamique (Charia) a conduit à la mise en place d’une police appelée « Safinatoul Aman » ou« navire de sécurité ». À l’origine une simple association de propagande religieuse, elle a fini par se transformer progressivement en une véritable police au service de la loi islamique. Elle compte plus de 400 membres. Très organisée et hiérarchisée, la police comprend trois « unités » : 1) une chargée uniquement du renseignement ; 2) une dont la mission est la prévention ; et 3) une qui exerce la répression. Le recrutement des miliciens  se fait sur la base du bénévolat. Sur la base de renseignements la ‘’police islamique’’ condamne tout acte qui transgresse la sacralité de Touba (fumer, consommer de l’alcool, de la drogue……).Ils disposent de teasers, de matraques, de menottes, de véhicules d’intervention.
  • Les auxiliaires temporaires qui eux n’interviennent que pour certains évènements tels que les pèlerinages vers les villes religieuses au Sénégal par des gens provenant aussi bien du Sénégal mais aussi du monde entier ce qui explose la capacité d’accueil de celle-ci. Face a cette afflue en masse de pèlerins les policiers et gendarmes se retrouvent en sous-effectif  et donc incapable d’assurer la sécurité des biens et des personnes. L’Etat transforme alors les miliciens en auxiliaires de la sécurité. À Kaolack par exemple, le mouvement dénommé « Chababou Fayda » de Médina Baye compte près de 5 100 « soldats ». Les miliciens remplissent une double fonction : 1) l’orientation et l’accueil des pèlerins ; et 2) le maintien de l’ordre et de la sécurité des pèlerins et des mausolées des « Saints ». Elles aident à la traque et à l’arrestation des voleurs et des criminels en tous genres et veillent au respect strict de la loi islamique. Cette dernière mission les prédispose naturellement à user de la violence physique.
  • Les miliciens professionnels de la violence politique : la nouvelle génération de marabouts appelés les « marabouts mondains » jouissent d’une extrême popularité auprès de la jeunesse sénégalaise. Cette influence des nouveaux marabouts pousse les jeunes à se réunir en groupe d’auto-défense comme en atteste Le Mouvement des “Soldats de la Paix” de Serigne Modou Kara .Ces « marabouts mondains » sont aussi animés par des motifs économiques et politiques. Ils utilisent leurs fidèles comme une monnaie d’échange politique. Le soutien politique des miliciens se traduit par le recours à la violence contre des adversaires politiques. En effet, pour mettre en œuvre la violence et pour l’intensifier, les hommes politiques sénégalais ont eu recours aux miliciens, considérés comme des professionnels de la violence.

Ce contrôle des milices par les pouvoirs politiques peut bien évidement avoir des contraintes c’est-à-dire produire des effets politiques indésirables. L’Etat n’est pas à l’abri de débordement des miliciens contestant les décisions du pouvoir politique sur la base du culte qu’ils vouent à leurs guides religieux. Ainsi prenons l’exemple du 22 octobre 2012, les « Thiantacounes » ont semé pendant des heures la terreur au cœur de la capitale sénégalaise sans aucune intervention policière. Armés de gourdins, de pierres, de haches, une foule impressionnante de jeunes hommes et femmes excités, ont déferlé au centre-ville. Ils ont procédé au saccage de vitres et de véhicules, ont tabassé des passagers en criant « Libérez Cheikh Béthio ! ». Ils protestaient contre l’arrestation de leur guide pour une affaire de meurtre présumé. Ils soupçonnent le parti au pouvoir de vouloir se venger sur leur guide qui avait soutenu le PDS. Visiblement, les Renseignements généraux (RG) et les forces de l’ordre furent surpris par l’ampleur et la violence de la manifestation. Les « Thiantacounes » avaient longuement préparé leur coup. Dans un autre registre Il existe une contestation moins violente, davantage symbolique ou psychologique. Par exemple, à Touba, les relations entre les miliciens de « Safinatoul Aman » et les forces de l’ordre sont parfois très difficiles. L’autorité et le prestige des forces de l’ordre  s’érodent chaque jour. Les miliciens font preuve de zèle et n’hésitent pas à verser dans la provocation. Les policiers, en particulier, sont parfois considérés comme des persona non grata. Les médias sénégalais relatent couramment des faits qui montrent tout le désarroi des policiers.

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