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Zazie Dans Le métro

Analyse sectorielle : Zazie Dans Le métro. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 608 Mots (7 Pages)  •  1 091 Vues

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1. Un incipit qui reprend en apparence les codes romanesques

Zazie dans le métro est une œuvre originale et son incipit ne fait pas exception. Cependant, l’auteur n’a pas aboli l’intégralité des codes romanesques. Pour moderniser son début de roman, il a dû s’appuyer sur quelques éléments de la tradition.

a. Une présentation du cadre spacio-temporel

- Présentation du lieu, « Paris » (L. 8), plus précisément la « gare d’Austerlitz » (L. 11). On y trouve d'ailleurs les odeurs caractéristiques (L. 13), créant ainsi un effet de réel.

- On trouve également la précision du cadre temporel. On sait, à la façon de parler, que le langage représente le Paris des années 1950.

Le décor est donc réaliste et ancre l’action dans une vérité qui lui donne, en apparence, plus de crédibilité aux yeux du lecteur.

b. Présentation du personnage de Gabriel

La présentation du personnage de Gabriel est le second élément caractéristique de l'incipit, après la présentation du cadre spatio-temporel.

- La présentation de l’un des protagonistes : Gabriel. S’il n’y a pas de description physique et morale à proprement parler, le lecteur averti trouve des éléments qui lui permettront de faire son portrait, au moins partiellement. On sait qu’il est grand, costaud (L. 35), raffiné et délicat (L. 15). Son caractère, s’il n’est pas ouvertement violent, il ne se laisse pas faire lorsqu’il estime être dans son bon droit (L. 44)

- On remarque parallèlement que l’intégralité du premier paragraphe est la retranscription en focalisation interne de la progression du raisonnement de Gabriel pour expliquer l’odeur nauséabonde qui l’entoure. Il avance plusieurs arguments dont un d’autorité grâce au dire d’un journal « on dit ». Cette universalisation des propos, renseigne sur l’éthos de Gabriel qui cherche à comprendre mais se laisse manipuler par les rumeurs (L. 40).

Cet incipit permet donc de construire l’ethos partiel du personnage ou, du moins, les éléments fondamentaux pour comprendre ce qui va arriver dans la suite du roman.

c. Thèmes et esthétique

L’auteur suggère également certains des thèmes qui seront abordés dans le roman, comme la préciosité de Gabriel avec son mouchoir violet et embaumé (L. 15). Ici apparaît la dualité du personnage à la fois physiquement fort, mais assumant une certaine féminité.

Parallèlement, il met en place son esthétique scripturale avec l’originalité du langage notamment. On réalise, dès la première lecture, que le niveau de langue n’est pas approprié pour un roman (L. 37)

L’auteur décide également de mettre en avant le dynamisme du récit. Tout d’abord, on trouve une entrée in medias res. Il s’agit d’un procédé qui propose d’entrer dans le roman alors que l’action est déjà commencée. Ce procédé s’est généralisé dans les romans afin de leur donner plus de crédibilité et de dynamisme au récit, captant ainsi l’attention du lecteur et l’invitant à poursuivre l’exploration de l’œuvre.

Par ailleurs, cette volonté de dynamisme se retrouve dans l’importance donnée au monologue (« se demanda ») (L. 1) ou au dialogue. Les personnages expriment directement leurs pensées et c’est l’une d’elles qui ouvre le récit.

Enfin, on note qu’il y a de nombreux dialogues au présent qui utilisent un présent d’énonciation, permettant ainsi de dramatiser le récit et donc de le rendre plus vivant également

2. Un incipit du détournement

a. Le brouillage des niveaux de lecture

À la lecture, on se rend compte rapidement qu’il n’y a pas de différence entre la façon dont parle les personnages et la façon dont s’exprime le narrateur (L. 25). En effet, tous emploient une langue dont le vocabulaire est familier et la construction syntaxique est souvent fautive : « ils se nettoient jamais. » (L. 2). L'auteur néglige volontairement l'adverbe « ne » souvent omis à l'oral. Le brouillage volontaire crée une confusion entre le monde des personnages et celui du narrateur.

L’auteur joue avec les codes traditionnels du roman. Depuis les siècles précédents, on représentait le langage du peuple de manière réaliste avec ses erreurs, mais la langue du narrateur restait, elle, irréprochable. Queneau amorce donc un détournement de l’attendu en littérature et modernise l’incipit. À terme, outre la notion de jeu et de modernité du roman, l’auteur tente surtout de faire oublier au lecteur la présence du narrateur. Le lecteur a du mal à identifier celui qui parle. Est-ce le personnage ? Est-ce le narrateur ? (L. 18 à 20). Ainsi, l’action paraît spontanée et non pas le résultat d’une planification par l’auteur.

b. L'intégration du lecteur

Il décide de faire participer le lecteur à la construction du sens de l’œuvre. En effet, le fait de ne pas présenter directement le personnage de Gabriel par exemple, oblige le lecteur à chercher les informations autre part. C’est donc un portrait indirect que l’auteur met en place, la personnalité de Gabriel se révélant à travers ses actions et ses réactions lors de ses interactions avec d’autres personnages.

Pour ce faire, Gabriel est placé dans le contexte quasi théâtral d’une scène d’agôn (scène de dispute). Cela permet à

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