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La Notion De Personnage Dans Zazie Dans Le métro

Compte Rendu : La Notion De Personnage Dans Zazie Dans Le métro. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  24 Mars 2013  •  2 548 Mots (11 Pages)  •  2 090 Vues

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La littérature de la seconde moitié du XXème siècle s'est vue grandement influencée par les mutations de la société de l'époque, en période d'après-guerre, durant laquelle les traumatismes sont encore très présents dans les esprits. L'individu peine à se refaire une identité sur des ruines de repères, et les personnages romanesques en pâtissent. Ceux-ci ne visent plus du tout à « faire concurrence à l'État Civil », mais sont presque dénués de relief psychologique, si ce n'est de consistance physique. Si Zazie dans le métro, de Raymond Queneau puis de Louis Malle n'est pas une œuvre tant impliquée dans cette caractéristique du Nouveau Roman, il n'en reste pas moins que les deux auteurs abordent la notion de personnage de façon bel et bien singulière. Queneau et Malle s'attachent chacun leur tour à malmener celle-ci, déconstruisant à leur manière les identités. En effet, si dans un premier temps les personnages sont présentés de façon évidente et simple, ces évidences sont ensuite remuées et remises en cause tout au fil de l'histoire, afin de faire comprendre au lecteur ou au spectateur qu'au final, ils sont et seront toujours bel et bien des marionnettes dont les fils sont sans cesse manipulés à la guise de leurs créateurs, comme des êtres éphémères dont on peut changer les masques infiniment.

Tout d'abord, dans Zazie dans le métro, les personnages semblent symboliser la simplicité, un trait les caractérisant dès leurs apparitions successives, c'est-à-dire leur présentation. Dans les deux œuvres, une grande importance est accordée aux banalités introductives, et c'est sans étrangeté aucune que, dès son arrivée en gare, la jeune fille énonce gaiement « Chsuis Zazie » (p 9), ou que plus tard dans l'histoire, la veuve Mouaque énonce tout simplement qu'elle « [s]'appelle Madame Mouaque » (p 109). D'ailleurs, parfois même les personnages se passent de présentation tant leur idendité semble évidente. Ainsi, sans qu'elle n'aie vu ou entendu son nom nulle part, Zazie se dirige naturellement vers son oncle dès son arrivée en « [pariant qu'il est son] tonton Gabriel » (p 9). Toutefois, si Zazie sait reconnaître son oncle, les présentations se font souvent nécessaires pour elle, qui vient découvrir Paris, et c'est donc tant usuel que naturel lorsqu'elle demande « Et çui-là, qui c'est ? » (p 27), puis « Tu m'as toujours pas dit qui c'était çui-là » (p 28) en parlant de Turandot, ou encore « Et lui, qui c'est ? » (p 96) à propos de Fédor Balanovitch. Ainsi les personnages se définissent en toute simplicité à travers leurs noms, mais aussi avec les descriptions, tout aussi simples, qui sont faites d'eux. Gabriel joue un rôle essentiel dans cette tâche auprès de Zazie, car c'est lui qui est en mesure de lui dire que Turandot est « le proprio, […] un proprio exceptionnel, un pote, le patron du bistrot d'en bas » (p 28), ou que Fédor Balanovitch est simplement « un copain » (p 96). Lorsque ce n'est pas Gabriel qui les présente, il arrive que ce soient les personnages eux-mêmes qui le fassent : la veuve Mouaque se décrit elle-même comme étant « une dame dans l'état de veuvage » (p 103) ou Trouscaillon comme étant « un volage » (p 162).

Ainsi, le point de départ de chaque personnage est d'une simplicité déconcertante, mais ces évidences ne s'arrêtent pas aux présentations : tout leurs êtres semblent être enfermés dans des types dont ils ne se défont pas. En effet, Zazie est une jeune fille gouailleuse, Gabriel un oncle bienveillant, Marceline une épouse « douce », modèle, fidèle, Mado la serveuse de bar amoureuse, Gridoux l'éternel cordonnier. L'adaptation de Malle ajoute à cela les images, renforçant la notion de type : Zazie est une petite fille agitée et habillée de couleurs vives, symbolisant son énergie débordante, Gridoux est paré de son tablier et mange même dans son atelier, et Mado a les joues rosies par l'amour et les yeux levés au ciel en signe de rêverie. De plus, ce ne sont pas que les personnages principaux mais aussi les figurants qui sont enfermés dans des types : dans l'ascenseur de la Tour Eiffel, les Bretonnes sont coiffées de leurs Bigoudènes, une Indienne est en sari, et les comères sont en tenue de tâches ménagères.

Enfin, il est important de noter que dans Zazie..., la présentation et les descriptions des personnages se fait toujours par la parole. Si le portrait n'est pas brossé par volonté directe des personnages, c'est leurs dires qui aident le lecteur et le spectateur à dessiner leur caractère. Ainsi, Zazie est montrée gouailleuse et énergique à travers sa virulente clausule « mon cul ! » (p 14 entre autres), ou encore à travers tous les ordres et critiques qu'elle émet. Gabriel lui, est montré comme calme et bienveillant, peut-être même laxiste, au travers du champ lexical de la compréhension qui orne largement toutes ses paroles. La narrateur n'a alors qu'un petit rôle dans la description des personnages, s'accordant tout de même le droit de faire comprendre au lecteur que Marceline est une femme calme et extrêmement pondérée à travers l'emploi excessif de l'adverbe « doucement ». Quoi qu'il en soit, dans le film, la voix et les intonations des personnages accentuent leurs traits de caractère, les rendant plus évidents encore aux yeux du spectateur : Gabriel, lorsqu'il s'exprime, prend des airs grandiloquents, tandis que Mado miaule presque au téléphone.

Ainsi, les personnages de Zazie dans le métro semblent être au premier abord d'une simplicité déconcertante, que ce soit dès leur présentation que dans leurs comportements.

Cependant, si les personnages semblent pouvoir rentrer dans des cases prédéfinies, ce serait une erreur de s'arrêter à un tel jugement superficiel, tant les identités des personnages sont finalement floues. Premièrement, celles-ci sont à mettre en doute, et si ce n'est pas le lecteur qui le fait, les personnages eux-mêmes s'en chargent. Pédro Surplus, sans avoir aucun titre pouvant justifier une telle question, demande avec insistance à Gabriel « quel est [son] métier ou [sa] profession derrière lequel ou laquelle [il cache] ses activités délictueuses » (p 62), pour ensuite se tourner vers Marceline, voulant « avoir avoir aussi quelques renseignements sur madame » (p 67). Plus tard dans le roman, les policiers à vélo demandent à Trouscaillon de « [leur faire voir ses] papiers » (p 177), après qu'on ait exigé de lui « Nom prénoms date de naissance lieu de naissance numéro d'immatriculation de la sécurité

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