Zazie Dans Le métro

Que vous apprend la séquence du repas de moules et la course poursuite de Zazie et Pedro-Surplus sur la manière dont Louis Malle a décidé d’adapter le roman de Raymond Queneau ?

Introduction.

En 1959, Raymond Queneau publie Zazie dans le métro. Un an plus tard, en 1960, Louis Malle, complètement subjugué par cette œuvre, décide de l’adapter au cinéma. Il répond aux idées farfelues de Queneau en les transposant dans un univers burlesque. Louis Malle reste pourtant très fidèle au roman de Queneau, mais parfois il se laisse aller dans son univers comme dans la séquence du repas de moules et la course poursuite entre Zazie et Pedro-Surplus.

En quoi la séquence du repas de moules et la course poursuite de Zazie et Pedro-Surplus nous renseigne-t-elle sur la manière dont Louis Malle a décidé d’adapter le roman de Raymond Queneau ?

Dans un premier temps, nous allons comment Louis Malle met en scène le repas de moules, puis nous nous pencherons sur la course-poursuite.

I. Repas de moules

Louis Malle reste très fidèle au roman de Queneau : il garde les mêmes répliques, par exemple, quand il est question du père de Zazie : « il boit beaucoup ton papa ? I buvait qu’il faut dire. Il est mort. » Et comme dans le livre, Zazie choisit « Les deux » ; c’est-à-dire les moules et les frites. Cependant, dans le livre, si Zazie choisit de prendre les deux aliments mis à sa disposition, c’est parce qu’elle « se sent devenir folle de rage ». Dans le film, Louis Malle la rend un peu rêveuse, puis la faisant déclarant « les deux » avec autorité. Cependant, Malle conserve le côté insolent de Zazie du roman quand cette dernière se plaint des moules qui n’arrivent pas rapidement à son goût : « Alors mes moules ? ».

Zazie mange les frites plus vite que son ombre tandis que Pedro-Surplus se regarde dans son miroir. On peut supposer que ce n’est pas Zazie qui a mangé les frites en moins de temps qu’il n’en faut, mais Pedro-Surplus qui s’est regardé trop longuement dans son miroir, comme si Malle voulait souligner sa coquetterie. Nous avons ce côté coquet qui se développe quand Zazie parle de son père.

A la différence du roman, où Queneau étale son récit sur trois pages, le film ne s’attarde pas sur l’histoire du père de Zazie, qui est relégué au second plan. Louis Malle a préféré accentuer le côté comique du repas, avec un Pedro-Surplus qui se déshabille et tente de se nettoyer à mesure que Zazie mange ses moules. Le récit de Zazie de trois pages est ainsi expédié en deux minutes, et d’une manière totalement inaudible, le spectateur étant totalement focalisé sur Pedro-Surplus et son costume. On peut supposer que l’ellipse du meurtre du père par la mère est dû à la censure encore présente au cinéma à l’époque : Malle doit épargner la violence des adultes envers les enfants. Dans le roman, Zazie tente, tant bien que mal, de capter l’attention d’un adulte, qui parait surpris par son histoire. Dans le film cependant, il n’écoute que d’une oreille distraite, car il a peur de salir ses vêtements. Le récit de Zazie est un récit qui ne correspond pas à une enfant de son âge. Malle a ainsi voulu souligner le côté désabusé des adultes qui ne veulent pas écouter les enfants quand ils

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