Texte Lol V. stein

         J'ai essayé de la faire parler très longtemps, enfin toute une journée. Lors de ce bal de noël, elle n'a jamais parlé. C'est-à-dire qu'elle a parlé comme tout le monde, avec une banalité extraordinaire, une banalité remarquable. Elle croyait que j'étais un docteur et elle a parlé pour paraître être comme tout le monde. Et plus elle le faisait, si vous voulez, plus elle était singulière à mes yeux. C'était très impressionnant.

        J’eus donc appris son prénom, Lol V. Stein. Je lui demanda alors ou elle était née, elle me répondit « ici ». Elle me raconta qu'elle y vécu une grande partie de sa jeunesse, mais n'évoqua pas son enfance.

Elle me rapporta qu'elle a un frère plus âgé qu'elle de neuf ans. « On dit qu'il vit à Paris » me dit-elle. Elle m'expliqua ensuite que son père était professeur à l'Université et que ses parents sont morts.
De ce que j'ai pu en tirer, Lol mène une vie bourgeoise normale.

Sa singularité maladive me laissait perplexe, mais m’intéressait d'autant plus. Elle m'expliqua calmement qu'elle était censé se marier avec un bellâtre.

 « Pourquoi parles tu au passé ? » dis-je.

Elle me répondit qu'un jour, elle alla dans un bal avec son fiancé et sa meilleure amie. Elle examina  autour d'elle la scène qui se déroulait sous nos yeux, elle porta une grande attention à tous ces gens et leur familles présentent dans la salle, puis continua son récit. « Une femme arriva, et ce fut le coup de foudre entre eux deux ». Je la questionna alors de comment avait-elle réagit face à cette scène ?  Elle me répondit calmement qu'elle venait alors de ce faire larguer a 17 ans, et n'ajouta rien.

Ce fut peut être l’élément déclencheur de cette future folie, et l'explication de pourquoi elle est là, dans cet asile psychiatrique.

Après un long blanc plein d’hésitation, je lui dis, « que c'est-il passé ensuite ? »

D'un ton monotone, elle me narra ceci : « Un jour je rencontra un homme qui m’épousa. Puis, nous sommes retournaient a ma ville natale. Je repris contact avec mon ancienne meilleure amie, et je lui piqua son amant ». Face à mon regard étonné elle ajouta : « Mais en tant qu'humaine, j'ai pour qu'il reste avec ma meilleure amie ».

Après plusieurs questions et sous-entendu, je pu donc en conclure que Lol n'a pas souffert d'avoir été rejetée.

Je vois tout. Je vois l'amour même. Les yeux de Lol sont poignardés par la lumière : autour, un cercle noir. Je vois à la fois la lumière et le noir qui la cerne (p .105). Elle a souffert de ne plus pouvoir contempler l'homme qu'elle aimait parfaitement heureux. Le bal a peut être été comme une révélation, son bonheur total consiste à voir, pas à vivre son histoire à elle.

Ce fût là ma première découverte à son propos : ne rien savoir de Lol était la connaître déjà. (P81)

« Allez viens, on danse » (P 11)

Et ces sur ses dernières paroles que nous nous sommes perdue dans cette vaste foule. Mais elle était là, belle, et comme une « automate ». Il faut absolument que je la revoie.

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