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Synthèse: l'Ingénu - Voltaire

Fiche de lecture : Synthèse: l'Ingénu - Voltaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Décembre 2016  •  Fiche de lecture  •  1 861 Mots (8 Pages)  •  1 401 Vues

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Synthèse : 1

 - En quoi L’Ingénu est-il un conte philosophique ?

En quoi est-il un apologue ?    

L’Ingénu, un conte philosophique

définition du conte philosophique : une fiction narrative, courte, illustrant ou défendant des thèses de nature polémique.

Un conte : L’Ingénu est une fiction qui se donne pour telle. Malgré un ancrage historique, la présence de personnages réels, le récit s’apparente au conte : - le personnage principal est une fiction d’homme naturel. Voltaire n’en donne pas une image réaliste ou vraisemblable. L’Ingénu est une représentation comique du bon sauvage. Son nom même le réduit à une fonction philosophique : personnage naïf, son regard permet la mise en évidence des tares de la société qu’il découvre. - les actions et événements apparaissent non pas guidées par la logique du récit, mais par un hasard qui favorise ou l’humour, ou la réflexion. Ainsi le conte commence par la rencontre invraisemblable du Huron et de ses oncle et tante ; de même, à Saumur, la rencontre avec les protestants est le fait d’un hasard, comme le présence de l’espion ; la coïncidence des départs de Melle de Saint-Yves et des Kerkabon joue aussi sur l’invraisemblance comme le fait que, par le plus grand des hasards, l’Ingénu soit enfermé avec Gordon.  La progression du récit ne s’explique donc pas par un impératif de vraisemblance mais par ses enjeux  philosophiques :

• Rencontre du Huron avec les Kerkabon : premiers traits de la satire dans l’opposition entre un homme à l’esprit libre et des personnages caractréisés par leurs préjugés

• L’épisode de Saumur : occasion de dénoncer la révocation de l’Édit de Nantes

 • La présence de Gordon : nécessaire pour montrer l’évolution intellectuelle de l’Ingénu - les personnages n’ont pas de profondeur psychologique si bien qu’ils ne peuvent passer pour réels. Ce sont pour la plupart des caricatures : « l’interrogant bailli » est une caricature de l’homme de justice ; le père « Tout-à-tous » est une caricature du jésuite… Un conte philosophique : dans l’Ingénu, le récit sert de support, de prétexte à la critique sociale et religieuse et à la satire sociale (voir plus bas) - un conte mais aussi un récit qui s’apparente à d’autres genres :

• Le roman de formation : lors de son arrivée, l’Ingénu mérite bien son nom : il se caractérise par son ignorance. Au fil du récit, on assiste à son éducation morale, sentimentale et intellectuelle. Les personnages qu’il rencontre l’aident à évoluer : Melle de Saint-Yves lui fait prendre conscience de l’amour, Gordon l’instruit. Les situations qu’il traverse le font réfléchir : la rencontre avec les protestants, l’embastillement, etc…  à la fin du récit, l’Ingénu est devenu un homme maître de ses instincts, noble dans ses sentiments, supérieur• dans ses connaissances ; en quelque sorte, il est devenu un vrai philosophe des Lumières

• Le roman sensible : la mode en a été apportée en France par les romans de Richardson, Pamela et Clarisse Harlowe. Ce type de roman dépeint des héroïnes vertueuses et malheureuses. L’atmosphère est pathétique. Les sujets sont l’amour, la passion, la vertu outragée. L’Ingénu contient les traits caractéristiques du roman sensible : un amour sincère mais contrarié, des personnages tendres et victimes de la corruption du monde, le bonheur interdit. Les personnages et les situations auxquelles ils sont confrontés provoquent l’émotion, attirent la compassion : la métamorphose chez l’Ingénu du désir en amour vrai, les conflits intérieurs de Melle de Saint-Yves entre le respect de la fidélité et la nécessité de la faute, entre les devoirs de la vertu et la puissance de l’amour. - un apologue : Le conte philosophique peut être défini comme un apologue dans la mesure où c’est un récit bref, à vocation didactique et morale qui allie l’utile (la satire de la société, de la religion…) à l’agréable (le récit amusant des aventures de l’ingénu, les personnages caricaturax) : Voltaire, à travers l’histoire de L’Ingénu, transmet ses idées sur la religion, l’arbitraire, l’utilité de la réflexion et des connaissances…

2 - Que condamne Voltaire dans ce conte ? Bien que l’action se passe sous le règne de Louis XIV, montrez que ces critiques valent pour l’époque de Voltaire.

 a) la critique politique

• Le roi : celui qui concentre tous les pouvoirs semble le jouet de l’influence néfaste des jésuites et des grands seigneurs. Au chapitre VIII, la Révocation de l’Édit de Nantes est présenté comme une faute politique majeure qui entraîne l’affaiblissement démographique et économique de la France. La responsabilité de cette funeste décision, d’après ce chapitre revient à l’entourage de Louis XIV, : Louvois et les jésuites.

• Le roi et ses courtisans : le mode de vie et de pensée des courtisans est une cible de la critique voltairienne. Au chapitre XX, alors que Melle de Sain-Yves meurt, arrive une lettre dont la légèreté et l’inconséquence scandalise l’ingénu. Ainsi, son emprisonnement est-il qualifié de « méprise » ; il est justifié par un argument spécieux : « ces petites disgrâces arrivaient fréquement et (…) il ne fallait pas y faire attention ». Pour récompenser l’ingénu, on ne lui offre que des futilités : être reconnu par le roi, être admiré par les dames de la cour, être le sujet de conversation au souper du roi.

• L’administration royale : Louis XIV est entouré par une bureaucratie fortement centralisée, objet de la critique de Voltaire aux chapitres IX et XIII.. Ceux qui ne sont pas connus n’ont aucune possibilité de se faire entendre, l’ingénu est constamment rejeté. Entre le roi et ses sujets se dressent, par le biais de cette administration, des barrières infranchissables. Versailles est « un labyrinthe sans fil et sans issue »

• La négation du droit, de la justice et de la liberté : Voltaire condamne fortement les lettres de cachet qui permettaient d’emprisonner quelqu’un sans aucun procès. Une simple dénonciation suffit : c’est ce qui arrive à l’ingénu. De même Gordon est embastillé sans avoir été jugé. Et Saint-Pouange propose à Melle de Saint-Yves une lettre de cachet pour emprisonner son frère. L’ingénu est le porte-parole de Voltaire quand il s’écrie « Il n’y a donc point de lois dans ce pays ? On condamne les gens sans les entendre » (chapitre XIV). En Angleterre, à la même époque, existe « l’Habeas corpus » qui interdit tout emprisonnement tant que la preuve de la culpabilité de l’inculpé n’a pas été faite.  cette critique de l’arbitraire est partagée par tous les philosophes des Lumières ; la liberté est considérée• comme un droit absolu, c’est ce qu’exprime Gordon au chapitre X : « le bien le plus précieux des hommes, la liberté ».

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