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Montesquieu, lettre XXX de Rika

Discours : Montesquieu, lettre XXX de Rika. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2021  •  Discours  •  1 462 Mots (6 Pages)  •  495 Vues

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        Figure majeure du XVIIIème siècle, Montesquieu est un auteur et philosophe des Lumières. En effet, fortement influencé par ce mouvement littéraire, philosophique et culturel, Montesquieu dévie de ses professions premières pour publier anonymement un roman épistolaire en 1721 : les lettres Persanes. Cette œuvre mettant en scène un échange fictif de lettres entre deux voyageurs persans, Rika et Usbek, ainsi que leurs amis restés en Perse,  rencontrera un grand succès et permettra à Montesquieu d’accéder à une grande notoriété. Nous étudierons la lettre XXX de Rika, étude au cours de laquelle nous chercherons comment Montesquieu fait-il la satire des mœurs sociétales de l’époque. Nous aborderons dans un premier temps le tableau caricatural que l’auteur dresse de la société, avant de nous pencher sur la perspective nouvelle qu’offre la prise de recul de Montesquieu.

Le philosophe dresse un tableau caricatural de la société.

Tout d’abord, il cherche à critiquer l’ethnocentrisme des parisiens. En effet, dès les premières lignes de cette lettre, Rika, le narrateur, ouvre la lettre par un constat surprenant : « Les habitants de Paris sont d’une curiosité qui va jusqu'à l’extravagance ». On remarque ici l’emploi de présent de vérité général, soulignant ainsi la certitude de cette affirmation. Cette valeur du présent montre également la volonté de Montesquieu sous la plume de Rika de placer les parisiens comme cible de sa critique. Par ailleurs, l’auteur n’hésite pas à faire usage d’antiphrases et d’exclamations dans le but de ridiculiser ces derniers, comme par exemple lignes 8 à 10 « Je souriais quelques fois d’entendre des gens qui n’étaient presque jamais sorti de leurs chambres, qui disaient entre eux : il faut avouer qu’il a bien l’air persan. Chose admirable ! ». L’auteur se moque ici des Parisiens qui ne sortent jamais de chez eux et qui pourtant croient posséder la science infuse. Ainsi, on comprend le souhait de Montesquieu de critiquer les français et leur égocentrisme ethnocentrique.  Ce recours à un registre ironique se retrouve aussi lignes 13-14 avec des formules et adjectifs hyperboliques « Tant d’honneurs […] si curieux, si rares. ».  Enfin, Montesquieu clôture la lettre avec une question rhétorique, énoncée au discours direct « Comment peut-on être Persan ? ». Cette interrogation d’un parisien couronne l’attitude prétentieuse de ces derniers. En effet, cette phrase dénote de la stupéfaction des français que quelqu’un puisse être différent d’eux. Elle sonne donc comme un dernier coup, une ultime critique que Montesquieu porte envers la société parisienne.

Par ailleurs, Montesquieu dénonce la superficialité d’une société régie par l’apparence. En effet, il  utilise un champ  lexical de l’apparence ligne 7 « ma figure » et 16 à 18 « l’habit persan », « en endosser un à l’européenne » et « physionomie ». Cette utilisation récurrente d’un vocabulaire de l’aspect physique accentue l’unique intérêt des parisiens pour le « paraitre ». En effet, seul le physique compte, comme nous le prouve leur désintérêt soudain pour Rika dès ses vêtements remplacés. Cette attitude extrêmement superficielle est donc ici fortement critiquée par le philosophe. De plus, ce comportement est démontré par le champ lexical de la vue, qui rythme l’ensemble de la première partie de la lettre. On retrouve par exemple lignes 2 « regardé », 3 « voir », 4 et 10 « voyais », 7 « lorgnettes », 7 et 13 « vu ». Ce vocabulaire visuel illustre l’attachement exclusif des parisiens à la surface des êtres : l’apparence seule est digne de jugement. En outre, les nombreuses hyperboles, comme nous le voyons lignes 10 « je trouvais de mes portraits partout », ligne 11 « je me voyais multiplié dans touts les boutiques, sur toutes les cheminées » visent à ridiculiser cette attitude superficielle par l’exagération de la fascination des français. Enfin, l’écrivain insiste ici sur la généralisation de sa critique envers tous les parisiens et non à un genre ou un âge particulier « vieillards, hommes, femmes, enfants » : cet exemple ligne 3 montre une société pervertie dès le plus jeune âge, où personne n’est épargné.

Ainsi, l’auteur dépeint une société superficielle et centrée sur elle-même, où l’être importe moins que le paraître. Cependant, cette société est dépeinte par une vision extérieure.

        Montesquieu nous fait découvrir la société sous une perspective différente : le point de vue étranger

        Pour commencer, il nous place dans un contexte réaliste. En effet, il introduit et termine sa lettre par un champ lexical oriental « Rica au même, A Smyrne » et « la lune de Chalval ». Smyrne étant l’une des plus grandes et belles cités persanes et la lune de Chalval le calendrier persan, on note la volonté de Montesquieu de créer une fiction réaliste et cohérente. De plus, le terme « persan » est largement répété tout au long de l’extrait, insistant ce de ce fait sur l’exotisme du personnage. En outre, le genre épistolaire permet lui aussi d’accorder une certaine tangibilité au propos. En effet, cette forme présente un intérêt particulier dans la littérature, relevant d’une correspondance, ici fictive entre différents personnages. Ce genre nous permet donc d’accéder plus facilement aux pensées et sentiments des personnages, chacun étant narrateur de ses propres impressions. Ainsi, le récit se fait à la première personne du singulier.  Etant lui-même le sujet principal de son histoire, Rika donne de ce fait au lecteur l’impression que cette lettre lui est destinée. Par conséquent, cela crée un lien entre le personnage principal et nous même, renforçant cette immersion et assimilation de l’œuvre de Montesquieu.

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