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Les Troglodytes de Montesquieu (lettre 12) des lettres persanes

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Par   •  15 Décembre 2015  •  Commentaire de texte  •  2 065 Mots (9 Pages)  •  11 103 Vues

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                Les lettres persanes est un roman épistolaire polyphonique, c'est-à-dire que la correspondance émane de plusieurs personnages, écrit par Montesquieu acteur de la philosophie des Lumières, qui apparaît au XVIIIème siècle. Cette philosophie défend les idées de la liberté, la raison, la tolérance, l'égalité, le progrès et la séparation des pouvoirs; malgré la censure présente à l'époque, et qui impose que tout ouvrage doit obtenir l'autorisation royale pour être publié. Ce roman est publié anonymement en 1721. A travers les lettres des deux personnages perses, Usbek et Rica, qui entreprennent un voyage en France, Montesquieu en décrivant les mœurs occidentales, le fonctionnement de la monarchie absolue et le pouvoir de l'Eglise; fait une satire audacieuse des mœurs des Français à la fin du règne de Louis XIV. L'extrait que nous allons étudier est la lettre 12 "Usbek au même", cette lettre fait partie de l'histoire des Troglodytes qui occupe les lettres 11 à 14. Dans cette lettre Usbek présente la naissance et le fonctionnement de la nouvelle société des Troglodytes : leur origine, leurs principes, leurs valeurs et leurs croyances. La question qui nous semble suggéré ici serait de savoir en quoi cet apologue de Montesquieu est-il une utopie des Lumières. Nous étudierons premièrement l'apologie d'un récit utopique, puis nous verrons la critique voilée d'une société bien réelle.

                Dans un premier temps nous pouvons constater que cette lettre est l'apologie d'un récit utopique. En effet, Montesquieu nous raconte l'histoire des Troglodytes en comparant le caractère des anciens à celui des nouveaux, puis en nous montrant les caractéristiques de l'utopie et enfin en mettant en scène une société idéale.

                Le début du texte nous apprend que deux familles seulement ont échappé à l’épidémie qui s’est répandue parmi les Troglodytes. L'emploi du champs lexical du malheur "périrent" (l.1), "méchanceté" (l.2), "victimes" (l.2), "injustices" (l.2-3/45), "malheur" (l.4/17/46), "corruption" (l.7), "désolation générale" (l.7), "différends" (l.10), "séparés" (l.12), "indignes" (l.12/36), "se perdre" (l.20), "exercice pénible" (l.22), "s'affaiblir" (l.27), "craindre" (l.32), "colère inévitable" (l.48-49), "chagrins" (l.52) nous montre que cette maladie pouvait apparaître comme une forme de châtiment de la méchanceté de ces habitants. Égoïstes et individualistes, les anciens Troglodytes avaient en effet refusé de s’entraider, de sorte que les écarts de richesse s’étaient creusés au sein de leur peuple. Le texte nous annonce une rupture totale avec les mœurs décrites auparavant. Deux des survivants de l’épidémie ont en effet une personnalité radicalement différente, ce qu’exprime l’expression "bien singuliers" (l.5). Ils sont valorisés par l’accumulation, sur le mode de la juxtaposition, de propositions commençant par des pronoms de type masculin pluriel "ils" et composées d’un vocabulaire mélioratif : "ils avaient de l’humanité" (l.5), "ils connaissaient la justice" (l.5), "ils aimaient la vertu" (l.5-6), "Ils travaillaient avec une sollicitude commune pour l’intérêt commun" (l.9-10), "ils menaient une vie heureuse et tranquille" (l.12-13), "Ils aimaient leurs femmes" (l.15). L'emploi du champs lexical du bonheur "douce" (l.10), "tendre" (l.11/40), "vie heureuse" (l.13), "tranquille" (l.13), "tendrement" (l.15), "consolation" (l.24), "heureux" (l.26/36/42/54), "bonheur" (l.30/50), "tendresse" (l.39), "félicité" (l.47), "vie champêtre" (l.50); ainsi que celui de l'amour "aimaient" (l.6/15), "cœur" (l.6/40), "union" (l.8/27/38), "amitié" (l.11), "chéris" (l.15), "mariages" (l.26), "bonheur" (l.30/50), "adoucir" (l.32-33), "désirer" (l.37), "amour" (l.39), "délices" (l.50), "désirs" (l.53), souligne l’humanité, l'altruisme et le souci de l'intérêt commun des deux personnages, par opposition aux anciens Troglodytes, durs et dénués d’empathie.

                Dans ce texte l'auteur emploie une formule liminaire "Il y avait dans ce pays" (l.4) qui est relative au genre du conte. Le système de conjugaison que l'auteur utilise est composé de verbes qui sont très majoritairement conjugués à l’imparfait et au passé simple de l’indicatif, "Un peuple si juste devait être chéri des Dieux. Dès qu'il ouvrit les yeux" (l.30-31) : ces temps sont caractéristiques des contes et des récits d’actions, et non des lettres, étant donné qu'ils ne sont ni bornés par une date de fin, ni situés précisément dans le temps. De plus, le lecteur n’a aucune information précise sur le cadre spatio-temporel dans lequel le récit prend place; puisque ces procédés stylistiques renvoie le texte dans un passé imprécis et difficile à situer, et qu'il y a peu d'indicateurs qui nous révèlent l'époque où vécurent les Troglodytes, et s'ils ont réellement existé. Cette imprécision contribue à rapprocher ce récit enchâssé d’un conte, d’un apologue. L’apologue produit un effet didactique et persuasif sur le lecteur, qui est amené à considérer les deux hommes comme des modèles.

                Dans cet apologue, l’accent est mis sur les différentes valeurs des nouveaux Troglodytes. La valeur morale est fortement ancrée dans ce texte, d'une part avec la répétition du terme "vertu" qui  apparaît aux lignes 6, 16, 21 et 27, et de l’adjectif "vertueux" qui apparaît aux lignes 14 et 24; ce qui montre l'importance qu'éprouve l'auteur en ce qui concerne les valeurs morales telle que la vertu. Cette qualité désignait étymologiquement le courage (en latin), puis une honnêteté particulièrement profonde et fiable. Et d'autre part par l'emploi du champs lexical de la moral "humanité" (l.5), "pitié" (l.8), "sollicitude" (l.9), "charité" (l.23), "mœurs" (l.33) et qui traduit la nécessité des valeurs morales dans une société. La vertu est ici présentée comme le pilier et la condition du bonheur. On remarque d’ailleurs la présence du champs lexical du bonheur "douce" (l.10), "tendre" (l.11/40), "vie heureuse" (l.13), "tranquille" (l.13), "tendrement" (l.15), "consolation" (l.24), "heureux" (l.26/36/42/54), "bonheur" (l.30/50), "tendresse" (l.39), "félicité" (l.47), "vie champêtre" (l.50). Ainsi que celui de l'amour "aimaient" (l.6/15), "cœur" (l.6/40), "union" (l.8/27/38), "amitié" (l.11), "chéris" (l.15), "mariages" (l.26), "bonheur" (l.30/50), "adoucir" (l.32-33), "désirer" (l.37), "amour" (l.39), "délices" (l.50), "désirs" (l.53); qui traduisent un univers où l'on observe aucun problème, ni d'intolérance et où l'on constate une entente durable et agréable. Mais également le champs lexical de la nature "terre" (l.13), "cultivée" (l.14), "élever" (l.16), "Nature" (l.33/53), "abondance" (l.35), "troupeaux" (l.43/57), "prairies" (l.43), "bœufs" (l.44), "charrues" (l.44), "frugal" (l.45), "champêtre" (l.50), qui montre l'importance donnée à la nature, qui est un des éléments importants dans la vie de la nouvelle société troglodyte. Cette importance donnée à la nature est renforcée par une litote "La Nature ne fournissait pas moins à leurs désirs qu'à leurs besoins" (l.53-54).

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