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Le mal

Commentaire de texte : Le mal. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Janvier 2016  •  Commentaire de texte  •  1 521 Mots (7 Pages)  •  592 Vues

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Le sonnet Le Mal a été inspiré à Rimbaud par la guerre franco-prussienne : Napoléon III déclare la guerre à la Prusse en juillet 1870 et capitule à Sedan le 2 septembre de la même année.

Dès la déclaration de guerre, le poète quitte Paris. Il méprise le nationalisme de ses contemporains et la mort d'hommes jeunes comme lui le révolte.

Le poème s'organise en une seule phrase complexe : les deux quatrains, constitués par trois propositions circonstancielles, montrent l'horreur de la guerre, l'indifférence du pouvoir et le regard bienveillant de la nature; les deux tercets, où se développe la proposition principale, montre l'indifférence de Dieu et la souffrance des mères.

Comment Rimbaud dénonce-t-il différentes formes du “mal” ?

I. La guerre ici-bas.

a) Le carnage

Pour nous faire sentir toute l'horreur du conflit, Rimbaud fait le choix d'une peinture choquante. L'auteur parle à nos sens et fait sentir la présence de la guerre essentiellement :

-- par l'ouie : allitérations ds la première strophe : en [r] > “crachats, mitraille, jour, écarlates, verts, près, Roi, raille, croulent”; en [f]/[v] > “sifflent, infini, verts, feu” ; en [s] > “sifflent, ciel, masse”. Le poème reproduit le bruit assourdissant des machines de guerre.

-- par la vue : “crachats rouges”, “ciel bleu”, “écarlates ou verts” (uniformes des soldats rouges côté français et vert chez les Prussiens), “le feu”, “tas fumant”.

A noter le contraste saisissant des couleurs > couleurs gaies pour une scène macabre > paradoxe > fête morbide.

A noter aussi l'hyper réalisme et la vulgarité du mot “crachat” ds la métaphore v. 1 qui donne le ton au poème.

Description forte en couleurs et en sons > peinture violente et agressive, propre à faire réagir le lecteur.

L'ampleur du conflit est marquée par le choix d'une phrase unique : le rythme n'est jamais coupé; les enjambements se succèdent; la bataille n'offre aucun répit.

Vaste désordre aussi aux vers 3-4 et 5-6 : structure grammaticale bouleversée ( ex : v.3-4 : épithètes + CCL+ V+ GN+ CCM + CCL)

> Impression de boucherie, chaos, de scène digne de l'Apocalypse.

b) Des soldats pitoyables

-- Ce sont des êtres méprisés (“près du Roi qui les raille”), défavorisés (cf pauvreté de leur mère, sd tercet), présentés comme des êtres jeunes et fragiles ( ce sont des enfants puisqu'il est question de leurs “mères” plutôt que de leurs épouses).

-- Ils sont réduits à des couleurs (“écarlates ou verts”) ou à une forme indistincte (“en masse”; métaphore “un tas fumant”). A noter que Rimbaud ne fait aucun chauvinisme et sa solidarité s'étend à ts les soldats opprimés, quel que soit leur camp. Ils perdent toute individualité; ils sont niés, morts moralement avant de l'être physiquement.

-- Ils ne sont presque jamais en position de sujet (sauf au v. 4 ms la strucure disloquée de la phrase, précédemment évoquée, efface leur position active) mais en position de complément d'objet (v. 3 et 6). C'est leur passivité qui est soulignée; ils n'ont aucun contrôle sur leur destin.

-- Emploi de verbes qui illustrent l'expression “faire de la chair à canon” : “croulent; broie”.

Le poète ne peut que plaindre ces pauvres victimes. Cf exclamation “pauvres morts !” soulignée par un tiret, en plein milieu du poème, qui marque son émotion. Aucune ironie ici.

c) La souffrance des mères

Rimbaud accorde toute une strophe (le dernier tercet qui plus est, capable de retenir l'attention du lecteur) à ces mères, victimes collatérales de la guerre.

Leur souffrance (qui contraste violemment avec la richesse indifférente de l'Eglise) est soulignée par :

-- leur deuil (“angoisse”, “pleurant”, “noir”). A noter le rejet v.13 qui souligne le sentiment et le rythme saccadé des v.12 et 13 qui imite les sanglots.

-- leur position implorante, stylisée avec force par le participe passé “ramassées” qui souligne la ressemblance avec le sort de leurs fils (“en masse”/”ramassées”); elles sont comme eux passives, soumises et anonymes.

-- leur extrême générosité qui va jusqu'à l'abnégation : leur dénuement matériel (“vieux bonnet”, “mouchoir” servant de porte-monnaie) ne les empêche pas de tout donner, ce que souligne l'expression presque oxymorique “gros sou” (= cette pièce sans grande valeur marchande est importante pour elles car représentant peut-être toute leur richesse).

Cette image peut figurer aussi l'offrande d'un coeur (“gros”, comme ds l'expression “avoir le coeur gros”).

II. Les instances supérieures

Trois forces représentées comme supérieures se distinguent dans le poème, notamment par la présentation qu'en fait le poète par une majuscule : le “Roi”, “Dieu”, la “Nature”.

Il englobe les deux premières dans un tableau satirique.

a) Le pouvoir politique

Au antipodes de ces êtres faibles

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