Le Roi se meurt, Eugène Ionesco

Considéré, avec l’Irlandais Samuel Beckett, comme le père du théâtre de l’absurde, Eugène Ionesco est un dramaturge et écrivain d’origine roumaine mais francophone. Né en 1909 et élevé en France jusqu’à ses 13 ans, il achève ses études en Roumanie où il devient professeur de français. En 1938, ne supportant plus le climat créé par la montée du fascisme en Roumanie, il quitte Bucarest et s’installe en France. Avec la création de sa première pièce, en 1950, La Cantatrice chauve au Théâtre des Noctambules, il rencontre l’incompréhension et la colère de la plupart des critiques. Cette pièce devient alors un texte fondateur du théâtre contemporain. Il se fait ainsi connaître du public grâce à son théâtre d’avant-garde. Or, Le Roi se meurt, écrit et présenté en 1962 au Théâtre de l’Alliance française, est une pièce plus classique. L’auteur y aborde un thème grave et existentiel : le face à face de l’homme avec sa propre mort. L’extrait étudié est la dernière scène de la pièce, le dénouement, où les personnages et le décor disparaît progressivement ; le roi se meurt, Marguerite incarnant un guide pendant ce rituel.

Cela nous amène donc à nous interroger sur les éléments qui font de cette tirade un rituel de passage vers la mort. Nous verrons donc dans une première partie les éléments faisant de Marguerite un guide vers la mort, puis dans une deuxième partie les différents renoncements et disparitions représentant la mort. Enfin, nous verrons la représentation et la théâtralisation de celle-ci dans une dernière partie.

Tout d’abord, nous pouvons constater que notre extrait montre Marguerite incarnant un guide vers la mort. Ainsi, on note qu’il s’agit d’un guide autoritaire. Marguerite s’adresse la plupart du temps au Roi ; mais il s’agit surtout d’un dialogue à sens unique. A travers l’utilisation fréquente de l’impératif tout au long du passage – « marche » « donne-moi » « ne crains pas » « monte » –, l’utilisation du verbe pouvoir – « Tu ne peux plus t’attarder, tu ne peux plus t’arrêter » – ou encore d’anaphores – « Renonce aussi à cet empire. Renonce aussi aux couleurs » « Cela t’égare encore, cela t’égare » –, le Roi se contente en effet d’exécuter les ordres donnés par la Reine.

D’autre part, nous remarquons que Marguerite incarne également un guide protecteur, écartant les menaces. Elle s’adresse aussi à ceux qui veulent détourner le Roi du bon chemin, à travers l’utilisation de didascalies, et des éléments symboliques – « Au Loup » « Aux rats » « A la vieille femme imaginaire » – cherchant à le retarder. Le Roi est confronté à ses plus grandes peurs, en particulier celles de son enfance comme les « ombres », les « mains gluantes », ou encore les « vipères » et les « rats ». Mais la peur n’est pas la seule émotion qu’il doit affronter. Il est cette fois-ci confronté à des divers tentations, comme la charité à travers le « mendiant », l’envie à travers la « soif » ou encore la beauté de la nature avec les « pâquerettes », l’encourageant à rester, et le retardant une nouvelle fois. Mais Marguerite donne des ordres aux menaces – « Ne le touchez pas, ou je vous frappe » « Loup, n’existe plus ! » « Rats et vipères, n’existez plus ! » « Evanouissez-vous ! » – afin de les faire disparaître.

Nous avons vu dans une première partie Marguerite se présentant comme un guide vers la mort. Nous allons à présent étudier les différents renoncements et disparitions représentant cette dernière.

De plus, Ionesco évoque la représentation de la mort à travers la notion de

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