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Dissertation sur la pièce de théâtre Le roi se meurt d'Eugène Ionesco

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Par   •  28 Mars 2013  •  1 582 Mots (7 Pages)  •  4 034 Vues

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Ionesco a souvent répété, comme dans Notes et contre-notes : « Je n’ai jamais compris pour ma part, la différence que l’on fait entre le comique et le tragique. » En quoi ce propos vous paraît-il pouvoir s’appliquer à la pièce ?

Introduction :

Chez Ionesco comme chez Beckett, le sentiment de l’absurdité du monde et de la condition humaine déclenche à la fois un vertige, source de tragique, et un regard de dérision, source d’effets comiques. Pour Ionesco, « toutes les situations sont humoristiques et toutes les situations sont tragiques », le comique représentant souvent une première approche de la pièce, un instrument de la construction dramatique, alors même que le sujet est presque toujours tragique, car « seul ce qui est insoutenable est profondément tragique, profondément comique, essentiellement théâtre ». C’est pourquoi on retrouve dans le Roi se meurt la coexistence de ces deux registres, absolument indissociables dans la dramaturgie de Ionesco : à la montée progressive et inéluctable de l’angoisse, répondent des scènes parodiques, voire comiques.

I- En quoi cette pièce est-elle comique ?

La pièce annonce de par son titre que la pièce sera tragique. Mais dès la première scène, on voit en fait tout de suite le registre comique. En effet lors de la scène d’exposition, le garde entre sur scène en premier et s’énerve sur le chauffage qui ne veut pas s’allumer (« Chauffage, allume-toi »), son costume ne ressemble d’ailleurs pas beaucoup à celui d’un garde mais plutôt à celui d’un aviateur. Le garde s’inspire ensuite du cérémonial d’entrée de la cour afin de présenter chaque personnage: il annonce le nom et le titre, la fonction de chacun, y compris celui de Juliette, la femme de ménage et infirmière, présentée juste après les reines. Le vocabulaire employé par la femme de ménage est décalé: elle nomme la salle du trône « living-room » et doit ramasser les mégots. Le roi incarne l'homme ordinaire qui lutte contre ses faiblesses et contre les difficultés, les choix, et surtout contre la mort. Les autres personnages de la Cour du roi symbolisent la population. Une partie soutient le roi (Marie et Juliette) l’autre partie veut le convaincre qu’il va mourir (Marguerite et le médecin). Le royaume du roi se détruit au fur et à mesure qu’il se rapproche de la mort.

Ionesco introduit dans la pièce des éléments qui provoque le rire chez le spectateur. Ainsi, le comique apparaît sous plusieurs formes. D’abord, on observe le comique de caractère. Par exemple, lorsque Juliette s’adresse à Marguerite, le respect qu’elle devrait avoir envers la reine dû à la royauté est peu visible, ce qui provoque un étonnement. Cet écart, entre la dignité royale attendue et la trivialité quotidienne, continue avec Bérenger qui, par ses propos et ses gestes (« Petit soleil ! », « Pour moi, c’est le matin. », ou lorsqu’il tire la langue au docteur page 33), nous dévoile sa personnalité très enfantine malgré son grand âge. Il est à l’opposé de l’image d’un roi qui possède normalement des caractéristiques nobles et dignes et perd donc toute crédibilité. Ce décalage entre le statut du personnage et sa personnalité contribue au comique de caractère. Le comique de répétition sert à montrer l’absurdité de la pièce. Par exemple, lorsque le garde présente deux fois Juliette au début, il répète ses propos, se mélange (« suivie de Juliette, femme de ménage et infirmière de Leurs Majestés » page 13), il répète aussi « Le Roi est mort. Vive le Roi ! ». Juliette entre sur scène et la quitte peu de temps après, cela fait penser à des marionnettes, c’est le comique d’apparition et de disparitions répétées. Ensuite, le burlesque est présent pour faire rire le public. En effet, termes inattendus contribuent à former le comique de mot ; le garde annonce l’entrée du médecin : « Sa Sommité, monsieur le Médecin du Roi, chirurgien bactériologue, bourreau et astrologue à la Cour. » page 14 et aussi le mot « pantoufles » page 29 qui est un terme inapproprié au salon royal. On passe du registre tragique à des mots tels que « Breakfast » et « Living-room », ce qui étonne et fait rire. Pour finir, on trouve le comique de l’absurde lorsque Marguerite annonce au roi qu’il va mourir à la fin du spectacle (caractère tragique) et quand le médecin ajoute précisément que le roi, mort, n’aura pas de petit déjeuner le lendemain matin (page 37). Le roi est aussi totalement absurde et très têtu lorsqu’il répond « Je mourrai, oui, je mourrai. Dans quarante ans, dans cinquante ans, dans trois cent ans. Quand je voudrai, quand j’aurai le temps, quand je

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