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JUSTIFICATION DES INSTUSTS SOCIAUX

Analyse sectorielle : JUSTIFICATION DES INSTUSTS SOCIAUX. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Mars 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 758 Mots (8 Pages)  •  711 Vues

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Introduction

Ce texte est extrait du drame de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro. Cette pièce s’inscrit dans le mouvement culturel et littéraire des Lumières en ce qu’elle s’oppose au modèle classique du XVIIe siècle en proposant une alternative entre la tragédie et la comédie, en situant l’intrigue dans son siècle et en s’attaquant à la société de son temps (ce qui se faisait uniquement dans les comédies classiques alors que les tragédies préféraient les sujets tirés de l’Antiquité). Ce long monologue qui se situe à la fin de la pièce marque une pause dans la progression de l’intrigue mais permet à l’auteur de dénoncer les injustices sociales et de faire état des difficultés que rencontre le peuple pour vivre décemment. Ce monologue est également l’occasion d’une vive critique de la Censure qui reste très présente au XVIIIe siècle comme le confirmera l’interdiction de représentation dont la pièce fut victime. Beaumarchais y évoque également les conditions de vie précaires de l’écrivain, reflet de son combat dans la vie pour les droits d’auteurs et la reconnaissance de leur statut social.

Nous verrons donc que ce morceau de bravoure s’attache à dénoncer les injustices sociales mais également l’absence de liberté d’expression due à la Censure.

I. UNE DÉNONCIATION DES INJUSTICES SOCIALES

Cette pause dans l’intrigue permet à Beaumarchais de pointer du doigt et de dénoncer un bon nombre d’injustices sociales de son temps, il choisit pour se faire de prêter à son personnage un ton indigné pour mieux brosser un tableau de la misère du peuple et mettre en cause une société qui les tolère et les encourage.

A. L’indignation et la colère de Figaro

Tout d’abord, la dénonciation se fait sur un ton indigné qui fait éclater au jour la colère de Figaro. Cela est visible dès le début de notre extrait avec l’utilisation de nombreuses phrases exclamatives et d’exclamations, telles que, « [p]arce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! », « tout cela rend si fier ! », « [d]u reste homme ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! ». Le recours à ce type de phrase marque une forte émotion et révèle la colère du locuteur, elle insuffle également au texte un rythme rapide, haletant que confirme la fréquente utilisation d’énumération et d’asyndètes. En effet, de nombreuses énumérations ponctuent le monologue, comme par exemple, « noblesse, fortune, un rang, des places » ou encore « la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Egypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et de Maroc ». Le choix de l’asyndète, qui suppose la suppression des coordonnants va dans ce sens, comme l’illustre : « Mes joues creusaient, mon terme était échu : je voyais de loin arriver l’affreux recors, la plume fichée dans sa perruque : en frémissant je m’évertue ».

De même, l’émotion de Figaro est rendue visible par la présence d’aposiopèse, c’est-à-dire d’interruptions dans le discours matérialisées par des points de suspension, comme c’est le cas à plusieurs reprises (« un grand génie !… noblesse, fortune (…) » ou « et vous voulez joutez… On vient… c’est elle… ce n’est personne »). L’utilisation d’expressions familières comme « morbleu », « chiens de chrétiens ! », « Pou-ou », « bonnes gens » ont aussi vocation à exprimer la colère de Figaro.

B. Une vision de la misère du peuple

Si le ton du monologue souligne l’indignation du personnage, elle n’est néanmoins pas la seule expression d’une révolte personnelle. Dans le tableau que Figaro nous trace de la misère du peuple, il fait part des souffrances qu’il a lui-même enduré, mais cette représentation des conditions de vie des classes inférieures a une vocation plus étendue. Il s’agit de rendre sensible le lecteur à cette souffrance et pour ce faire, Beaumarchais n’hésite pas à montrer la misère de façon réaliste dans ses manifestations les plus concrètes. En premier lieu, elle est visible physiquement : « mes joues creusaient », et a des conséquences concrètes : « mon terme était échu », « je voyais de loin arriver l’affreux recors, la plume fichée dans sa perruque » (effet de réel amplifié par l’expression du détail vestimentaire).

Pour marquer l’opposition entre la richesse qui entoure l’homme du peuple et son dénuement et amplifier par là même cette impression d’injustice et de disproportion, il utilise le lexique de la richesse qui envahit littéralement le texte, comme pour marquer en creux son absence : « fortune », « bien », « richesses », « sol », « argent », « produit net », « profit », « gagner du bien ».

C. Une société aux valeurs inversées

Le monologue de Figaro ne se contente pas de peindre les souffrances du peuple, il cherche également à mettre en cause une société qui non seulement n’aide pas le peuple mais va même jusqu’à le pousser à la malhonnêteté. La misère par une sorte de fatalité forcerait à la malhonnêteté, c’est du moins ce que nous suggère le fait que le parcours du personnage semble former une boucle, s’il est « volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs » après avoir tout tenté pour exercer un métier honnête

A nouveau comme lorsque Beaumarchais soulignait la richesse pour mieux mettre en relief son absence, il choisit de montrer l’opposition existant entre noblesse et peuple. Cette opposition est mise

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