Gargantua

Dissertation : Le rire dans Gargantua, un simple divertissement ?

Rabelais exprime dans son prologue la subtilité de son œuvre : « C’est pourquoi faut ouvrir le livre : et soigneusement peser ce qui y est déduit. Lors connaitrez que la drogue dedans contenue est bien d’autre valeur, que ne le promettait la boite. C’est-à-dire que les matières ici traitées ne sont tant folâtres, comme le titre au-dessus prétendait » C’est donc à la complexité derrière le rire qu’il nous encourage. Le rire dans Gargantua

Gargantua de Rabelais a-t-il pour fonction de nous amuser ou bien de nous instruire ? Gargantua peut-il être réduit à une œuvre légère ?

I/ La festivité gargantuesque mise à l’honneur

L’œuvre de Gargantua semble être tournée autour de l’idée de festivité aussi bien dans sa dimension prosaîque (la nourriture) que dans sa visée philosophique (hédonisme) mais aussi paradoxalement en relation avec la notion de dégout (scatologie).

A) Des repas carnavalesques

La nourriture est abondante et permet la communion. On peut le voir dès le chapitre IV lorsque Gargamelle est enceinte de Gargantua et qu’elle mange énormément de tripes aux cotés de nombreux invités. Chaque repas est un véritable banquet : Dans le chapitre XXI, lorsqu’il prend son petit-déjeuner, les quantités et la variété des aliments sont importantes : « belles tripes frites, belles charbonnades, beaulx jambons, belles cabirotades et forces soupes de prime ». La répétition de l’adjectif « beaulx », « belles » rend ce repas encore plus appréciable. L’esprit carnavalesque est notamment présent avec tous les convives. L’alimentation devient dans Gargantua , un signe de festivité. Avec les « beuf de saison à tas » et les « troys cens soixante sept mille et quatorze » boeufs tués pour le banquet. Le gigantisme dans le roman devient comique et rend les différentes scènes encore plus festives. C’est une sorte de comique d’exagération dont use abondamment Rabelais, associant précision et énormité.

Cette profusion de nourriture est présente à travers le nom du personnage. Tout commence avec l’onomastique des noms comme celui du personnage éponyme : « Gargantua » qui signifie «Que grand tu as » en parlant du gosier. Le nom du héros se rapporte alors à l’idée de nourriture. Le rapport au vin est aussi omniprésent : Avec la « purée Septembrale » par exemple qui est une périphrase imagée désignant le vin, boisson que l’on prépare à partir des vendanges de septembre (septembrale), en pressant le raisin (purée). Ici, c’est la boisson préférée du nourrisson. L’ivresse porte

B) L’apologie du plaisir Le rire dans Gargantua

Derrière cette festivité et cette profusion de mets, c’est une véritable apologie philosophique de l’hédonisme qui nous est proposée : Le plaisir serait la première chose à rechercher pour être heureux dans la vie. Telle semble être la philosophie de Gargantua et de ses proches. Cet art du plaisir est également à rattacher à la sexualité, « ce petit paillard tousjours tastonoit ses gouvernantes cen dessus dessoubz » et desja commençoit exercer sa braguette […] mon dressouvoir, ma petite andouille vermicelle […], ma petite couille bredouille. Elle est à moy… » La littérature classique nous a déshabitués de l’esprit gaulois, paillard et coquin qui règne notamment dans les vingt premiers chapitres du roman.

C’est également le plaisir et le divertissement des mots qui ressortent dans cette œuvre. Dans le chapitre X, il invente des étymologies fantaisistes et humoristiques comme pour le nom de la Beauce (« je trouve beau ce » chap XVI) ou celui de Paris (« par ris », chap XVII). Gargantua s’amuse à rimer « tant et plus ».

C) Une esthétique choquante Le rire dans Gargantua

L’un des ressorts privilégiés de Rabelais est également de susciter le dégout, de choquer le lecteur afin de le faire rire mais également de le provoquer. La scatologie dans le roman est très présente au début de

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