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Corrigé "Ces objets qui nous envahissent, objets cultes, culte des objets"

Dissertation : Corrigé "Ces objets qui nous envahissent, objets cultes, culte des objets". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Mars 2016  •  Dissertation  •  8 233 Mots (33 Pages)  •  3 201 Vues

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Culture générale et expression         Corrigé 1

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Thème : Ces objets qui nous envahissent, objets cultes, culte des objets

Première partie : synthèse de documents

Réflexion préliminaire

Il convient de commencer la lecture des documents du corpus en sachant ce que l'on cherche, sinon, on prend le risque de s'y perdre. Il faut donc se demander d'abord de quoi parlent les documents soumis à notre appréciation, en formuler clairement le thème. Ici, les titres fournissent des pistes précieuses. Les deux premiers documents portent des titres particulièrement évocateurs avec des termes comme Citroën ou La voiture et permettent de définir la thématique du dossier : la voiture. Le dernier document, avec son titre et son image, vient corroborer cette première impression. Seul le document 3 demande à être entièrement lu pour vérifier que cette hypothèse est bien valide.

Une fois la thématique dégagée, il s'agit de repérer la nature des documents du corpus afin de distinguer ceux qui servent de points d'appui à la réflexion. Ici, deux extraits d'articles (doc. 1 et 2) constituent les textes d'idées qui proposent une analyse plus approfondie. Puis un extrait d'une nouvelle de Buzzati donne un tour plus littéraire et artistique au thème. Enfin, l'affiche de la publicité pour Renault pourra être analysée en fonction des éléments dégagés dans les autres documents. Ainsi, la nature des documents nous permet non seulement d'établir un ordre de lecture mais aussi une hiérarchie dans les idées abordées. Les textes argumentatifs, plus explicites que les documents iconographiques ou littéraires, sont prioritaires pour dégager les idées essentielles. Les autres documents peuvent ensuite être étudiés pour compléter cette première approche.

1. Analyse du document 1

Il s'agit d'un extrait d'un essai extrêmement connu, intitulé Mythologies, et écrit par Roland Barthes en 1957. Dans ce recueil, l'auteur consigne une cinquantaine d'articles écrits au gré de ses réactions au monde contemporain, entre 1954 et 1956. L'article consacré à la DS, que Barthes rebaptise Déesse par jeu d'homophonie, a marqué l'avènement du modèle Citroën le plus légendaire. Le texte, tel qu'il est proposé ici, se compose de quatre paragraphes sur lesquels nous nous appuierons pour l'analyse détaillée du document.

Premier paragraphe

Cette introduction établit un parallèle entre le modèle DS de Citroën et « les grandes cathédrales gothiques » et donne à cette automobile la dimension d'un mythe. Cette comparaison initiale en souligne le caractère sacré et montre toute la vénération du public pour cet objet. Toutes les caractéristiques du véhicule sont ici explicitées : un objet lié à une époque, créé par des artistes, mais admiré et utilisé par tous. Barthes propose ici une sorte de définition de cet objet culte. Il en souligne le caractère surnaturel (magique), rappelant la foi quasi superstitieuse que l'on accorde alors au progrès. L'expression « consommée dans son image, sinon dans son usage » mérite par ailleurs quelques éclaircissements. En 1957, seuls quelques privilégiés avaient l'usage d'une automobile. Mais tout le monde pouvait l'admirer (son image) !

Deuxième paragraphe

Tout ce paragraphe va développer le caractère inédit de la Citroën. Le champ lexical dominant est d'ailleurs révélateur de cet aspect extraordinaire du véhicule : tombe manifestement du ciel, messager de la surnature, merveilleux, autre univers, notre science-fiction. Cette caractéristique est fondée sur des éléments tangibles présentés par Barthes : perfection, absence d'origine, clôture, brillance, transformation de la vie en matière, autant d'éléments qui concourent à en faire un objet hors du commun. Un élément du contexte peut expliquer ce comportement quasi superstitieux du public : la plupart ne connaissait pas son mode de fabrication. Deux métaphores viennent clore cette présentation de l'objet extraordinaire : la voiture devient un nouveau Nautilus, clin d'œil à Jules Verne et à son prototype sousmarin, symbole d'avancée technique, mais surtout Barthes joue avec les sonorités et transforme le D.S. en Déesse. Cette personnification permet de valoriser le véhicule, de le hisser au rang des divinités sans qu'il y ait besoin d'autre explication. Ainsi, l'automobile devient une divinité tout droit descendue du ciel. Barthes tente d'analyser cette mythologie du quotidien, cet objet « superlatif », autrement dit chargé de plus de sens, de plus de valeur qu'un simple objet.

Troisième paragraphe

Barthes analyse ensuite les nouveautés liées à l'apparition de la D.S. dans la société. Il oppose les anciennes valeurs liées à l'automobile (essentiellement d'ailleurs la puissance et, plus loin, la performance) à celles que la D.S. introduit, sous forme d'une série de superlatifs : plus spirituelle, plus objective, plus ménagère. Ces trois qualités apparues avec l'objet mythique peuvent d'ailleurs sembler contradictoires (spirituelle s'oppose effectivement à objective) : mais la magie semble réaliser cette osmose entre des réalités jusque-là opposées. Il semble que ce nouveau modèle de véhicule soit porteur de nouvelles tendances : la voiture perd de son caractère viril, devient féminine (arts ménagers, ménagère, cuisine moderne). Les notations techniques (volets, voyants, leviers) sont comme sublimées et tendent vers la notion de confort. La dernière phrase du paragraphe constitue un résumé fidèle des idées ici développées : « l'alchimie de la vitesse » devient une valeur périmée, et performance rime désormais avec sécurité. L'époque lui préfère « la gourmandise de la conduite ». Le terme gourmandise fait accéder le conducteur à un nouveau plaisir des sens, une révélation de connaisseur.

Quatrième paragraphe

Le dernier paragraphe de l'extrait examine les rapports entre le public et le véhicule. Le public est séduit à tous les niveaux : par le nom (néologisme D.S. /déesse), par l'envie de s'approprier ce nouveau type de conduite, par le rapport quasi amoureux avec le véhicule rêvé. L'auteur développe alors tout le champ lexical de la sensualité et surtout met en valeur les éléments qui relèvent des capacités tactiles (tactile, toucher, touchés, palpés, essayés, caressées, pelotés). L'automobile séduit le public par son apparence. Mais c'est à l'épreuve du toucher, plus réaliste, que la D.S. prend sa véritable dimension : Barthes dénonce cette déchéance que constitue l'appropriation du mythe par le peuple. L'objet, « médiatisé », est finalement complètement « prostitué ». Il parle même de « promotion petitebourgeoise ». Les termes sont durs mais souligne bien cette vulgarisation nécessaire à l'objet devenu culte qui correspond aussi à une déchéance.

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