Acte III, Rhinocéros, Ionesco

Jacques L.

Sujet : Dans l’Acte III de Rhinocéros, il devient très clair que, de tous les personnages, Bérenger est celui qui véhicule les idées de l’auteur au sujet du totalitarisme.

Écrivain roumain et français du XXe siècle, Eugène Ionesco (1909-1994) est décrit comme un fervent représentant du théâtre de l’absurde. Il a écrit de nombreuses œuvres dont Rhinocéros, publié en 1959, une nouvelle transformée en célèbre pièce de théâtre, dans laquelle il dénonce la montée des régimes totalitaires et la passivité des gens face à la domination. De manière caricaturale, il dépeint une épidémie imaginaire (contagion idéologique) de rhinocérite qui transforme les humains en rhinocéros. Ainsi, dans l’Acte III de Rhinocéros, il devient très clair que, de tous les personnages, Bérenger est celui qui véhicule les idées de l’auteur au sujet du totalitarisme par son opposition et sa volonté de résister contre la rhinocérite.

D’abord, dans l’Acte III de Rhinocéros, il devient très clair que, de tous les personnages, Bérenger est celui qui véhicule les idées de l’auteur au sujet du totalitarisme puisqu’il s’oppose à la rhinocérite. D’une part, Bérenger est choqué par la métamorphose de ses collègues en rhinocéros. Dans sa discussion sur le phénomène avec son collègue Dudard qui vient lui rendre visite, il exprime son inquiétude et sa déception par rapport au ralliement des autres collègues, particulièrement Jean, à la rhinocérite :

BÉRENGER

... J’ai peur de devenir un autre.

DUDAR

A cause de Jean, je le sais.

BÉRENGER

Oui. A cause de Jean, bien sûr, à cause des autres aussi.

[...]

DUDARD

D’accord. Vous avez été déçu, c’est entendu.

N’y pensez lus.

BÉRENGER

Comment pourrais-je ne pas y penser! Ce

Garçon si humain, grand défenseur de l’huma-

isme! Qui l’eut cru! Lui, lui! On se connaissait

depuis... depuis toujours. Jamais je me serais

douté qu’il aurait évolué de cette façon. J’étais

plus sûr de lui que de moi-même!... Me faire ça, à moi. (p.174-175)

On peut voir dans cette réplique le coté angoissé et décevant de Bérenger qui se voit coincer entre un passé oublié et un avenir incertain. Son inquiétude traduit son impuissance par rapport à ce dilemme. Car, en tant qu’humain, il peut éprouver des doutes et des peurs. La transformation en rhinocéros de son ami Jean, qu’il qualifie de grand défenseur de l’humanisme, explique sa déception. On constate ici, le déclin du conformisme. Bérenger s’interroge sur le bien-fondé du choix de ses collègues, en particulier M. Papillon, qui, pour lui, « avait le devoir de ne pas succomber ». Cette situation crée en lui, dans un certain sens, une crise de confiance qui lui rend un peu pessimiste à ce fléau (rhinocérite), surtout quand il voit que le Logicien se rallie à la foule : « A qui se fier, mon Dieu, à qui se fier! Le Logicien est rhinocéros! (p.200) D’autre part, Bérenger prend position contre cette tendance homogénéisante (la rhinocérite). De manière catégorique, il expose à Dudard, qui, lui aussi veut se rallier, son point de vue concernant les rhinocéros :

BÉRENGER, à Dudard.

L’homme est supérieur au rhinocéros!

DUDARD

Je ne dis pas le contraire. Je ne vous approuve

pas non plus. Je ne sais pas, c’est l’expérience qui le prouve

BÉRENGER à Dudard

Vous aussi, vous êtes un faible, Dudard. C’est

Un engouement passager, que vous regretterez.

[...]

DUDARD

Mon devoir est de ne pas les abandonner,

j’écoute mon devoir.

BÉRENGER

Au contraire, votre devoir est de... vous ne

connaissez pas votre devoir véritable... votre devoir

est de vous opposer à eux, lucidement, fermement. (p.216-217)

En dépit de la progression du phénomène, Bérenger affirme une position ferme contre les rhinocéros.

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