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Racine, Britannicus, acte V, scène 5

Commentaire de texte : Racine, Britannicus, acte V, scène 5. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Mars 2024  •  Commentaire de texte  •  2 097 Mots (9 Pages)  •  40 Vues

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Corrigé LL 1, Racine, Britannicus, V,5

  1. Introduction :

Avec Corneille et Molière, Racine est l'un des grands dramaturges français du classicisme (17e) mouvement qui se caractérise au théâtre par la séparation des genres; le respect de règles strictes: les trois unités(temps, lieu, action), la vraisemblance, et les bienséances.

Né en 1639, Racine meurt en 1699. Il est l'auteur de onze tragédies   dont Bérénice, Phèdre , Andromaque et bien sûr Britannicus.  

Deuxième grande tragédie de Racine, Britannicus, pièce en 5 actes et en vers, est représentée pour la première fois en 1669 à l'hôtel de Bourgogne. Si le thème de prédilection de Racine est la passion amoureuse et ses ravages, avec Britannicus, Racine écrit aussi une pièce politique.   Mais dans cette tragédie , il choisit de ne peindre en Néron que le monstre naissant, qui voyant dans son demi-frère Britannicus, un rival, (rival politique puisque Britannicus est l’héritier légitime du trône et rival amoureux) décide de l’assassiner sous les yeux de tous, lors d’un banquet censé fêter la réconciliation des deux frères.

C’est le récit de cet assassinat que Burrhus vient faire à Agrippine (mère de Néron et de Britannicus) à la scène 5 de l'acte V.. respectant ainsi la règle de la bienséance par l’emploi de l’hypotypose qui donne une grande force au passage. C’est donc un moment clé du dénouement et notre fil directeur s’attachera justement à montrer comment la force du récit permet de montrer la monstruosité naissante du jeune Néron.

Mouvements :

1.Un simulacre de réconciliation de « Ce dessein s’est conduit » à  « Par les mêmes serments Britannicus se lie ».

2. Assassinat de Britannicus de « La coupe dans ses mains par Narcisse est remplie » à « Et sa perfide joie éclate malgré lui. »

3. L’effroi de  Burrhus de « Pour moi, dût l’empereur punir ma hardiesse » à

« Pleurer Britannicus, César et tout l’Etat. »

 Analyse

Acte V, scène 5 

 « 

Burrhus 

Ce dessein s’est conduit avec plus de mystère. 

La tirade de Burrhus s’ouvre par le mot « dessein » qui est un terme qui  suggère une intention, une préméditation. Et il se clot par  « mystère » qui est à prendre ici au sens de « mensonge, dissimulation ».  Le verbe « s’est conduit » est ici conjugué au passé composé et exprime une action révolue.  

 Ce 1er vers permet donc au spectateur de comprendre  que Néron est passé à l’acte et qu’il est non seulement un assassin, mais aussi un menteur,  un manipulateur puisqu’il vient d’ assassiner son frère après avoir annoncé un banquet de réconciliation.  

A peine l’empereur a vu venir son frère,

Il se lève, il l’embrasse, on se tait, et soudain

Ces 2 premiers vers de la tirade de Burrhus insistent sur la rapidité de l’action : la locution adverbiale « A peine », ouvre le récit du meurtre et les deux verbes d’action   : « Il se lève, il l’embrasse » montrent l’empressement de Néron à accueillir son frère. De plus, l’asyndete, absence de conjonction comme « et » = série de virgules   accélère encore le rythme du vers et de l’action / Très rapide, sorte de précipitation même

Employés au présent, ces verbes renforcent le sentiment d’assister à la scène. (hypotypose[1]) 

Le pronom indéfini « on » dans « on se tait » indique non seulement la présence d’un public, la Cour mais suggère aussi l’étonnement teintée de crainte de cette assemblée.

Enfin l’adverbe « soudain » renforce encore la rapidité de l’action

César prend le premier une coupe à la main :

« Pour achever ce jour sous de meilleurs auspices,

« Ma main de cette coupe épanche les prémices2,

Dit-il ;

« César » désigne l’empereur Néron mais ce terme renforce le sentiment de pouvoir,

« le premier » il est l’instigateur de la (fausse) réconciliation (donc du crime)

Ici, l’utilisation du discours direct pour rapporter les paroles de Néron renforce l’effet d’assister à la scène = hypothypose

Des échos phoniques renforcent encore l’impression que tout se joue trés vite. Ainsi on a 2 occurrences du mot coupe: “César  prend le premier une coupe à la main » ;puis « Ma main de cette coupe épanche les prémices »

Il y a ici une forte ambiguïté du discours :

« achever ce jour » , c’est mettre un terme à la vie de Britannicus. Ironie tragique

De même l’expression « meilleurs auspices » : si Britannicus y voit une réconciliation, pour Néron, ces “meilleurs auspices” sont la disparition de son rival amoureux et politique.

  « prémices » quant à lui  fait reference à un rituel religieux qui consiste en des sacrifices pour obtenir la faveur des dieux.   Néron  détourne donc à son profit ce rituel et d’une certaine façon défit cyniquement les dieux.

Tout le discours de Néron est empreint de solennité et pourtant, c’est un serment sacrilège.

« dieux, que j’appelle à cette effusion3,

« Venez favoriser notre réunion. »

Néron se moque même des dieux lorsqu’il dit “dieux, que j’appelle à cette effusion » car on est en droit de penser, étant donné ses intentions, qu’il joue ironiquement sur le sens “d’effusion” qui signifie à la fois « la manifestation de sentiments » et « l’action de faire couler » (le sang). Il y a donc beaucoup de cynisme dans les propos de Néron

Par les mêmes serments Britannicus se lie.

L’innocence, voire la naiveté de Britannicus est marquée par la brieveté et la simplicité du vers.

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