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Rabelais, Gargantua : de quelle manière le rire engendre la pensée ?

Dissertation : Rabelais, Gargantua : de quelle manière le rire engendre la pensée ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Avril 2023  •  Dissertation  •  1 153 Mots (5 Pages)  •  451 Vues

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Dissertation sur Rabelais

NEYMER Najlaa 1 A

        Lorsqu’on aborde Gargantua, une question surgit : pourquoi François Rabelais, religieux érudit, médecin renommé, éditeur et auteur de savants traités, a-t-il entrepris de publier quatre ouvrages qui mettent à l’honneur le rire ? À cette question, Victor Hugo propose une réponse « Le rire dans ce qu’il a d’exagéré est nécessaire pour faire réfléchir » Nous pouvons affirmer que François Rabelais éprouvait un pur goût du rire qu’il prône comme philosophie de vie, notamment dans l’adresse aux lecteurs située au début du roman lorsqu’il déclare que « le rire est le propre de l’Homme ». En effet Rabelais n’utilise pas l’humour gratuitement et derrière une apparence frivole se cache en réalité un récit profond. En cherchant à nous affranchir des préjugés, nous pouvons donc nous demander de quelle manière le rire engendre la pensée ? Notre intérêt sera tout d’abord porté sur l’écriture de l’humour dans l’œuvre, un humour comme emblème de liberté ensuite nous verrons démontrer qu’il peut être le vecteur indispensable pour méditer sur l’humanité et ceux qui la constituent.

        Avant que le lecteur n'entre dans le récit, l'auteur l'avertit de ce que « Mieux est de rire que de larmes écrire ». Il ne s'agit pas de compatir, mais plutôt de se dépouiller de toute émotion, voire de tout repère.

Commençons par la logique Le héros est un géant dont la taille semble varier. On le voit avaler des pèlerins perdus dans sa soldats mais aussi se battre pied à pied contre les soldats de Picrochole. Rabelais, dans le trompe-l'œil d'un cadre géographique réaliste, brouille sans cesse nos codes.

Dans Gargantua, le rire est partout, démesuré, sans limites. Et c’est peut-être ce qui lui confère une première qualité éducative : il nous donne l’exemple de la générosité du savoir, qui se multiplie quand on le donne, sans limites. Lors de la naissance de Gargantua. Tout est à la fois drôle, excessif et généreux dans ce passage : Grandgousier a invité tous les habitants de alentours, Gargamelle accouche au bout de 11 mois, et comme elle a mangé trop de tripes, Gargantua doit sortir par l’oreille. En tout cas, la naissance de Gargantua, c’est la naissance d’un nouveau Héros, qui nous invite à boire, pour étancher une soif, non pas de vin, mais de savoir : Sitôt qu’il fut né, il ne cria pas comme les autres enfants : « Mie ! mie ! », mais il s’écriait à haute voix : « À boire ! à boire ! à boire ! » comme s’il avait invité tout le monde à boire.

        La satire de l’enseignement scolastique de Thubal Holopherne, un grand docteur en théologie, le nom de ce maître est déjà satirique. En effet, « Thubal » signifie en hébreu « confusion » et fait référence aux subtiles et complexes distinctions opérées par la théologie scolastique. Ensuite, la méthode d’apprentissage de Thubal Holopherne est fondée sur la mémoire comme le rappelle ironiquement Rabelais : « si bien qu’il le disait par cœur à rebours ».  

  Mais enfin, le rire gargantuesque va plus loin car le rire ouvre aussi les yeux. Après avoir vu les différentes déclinaisons du rire rabelaisien dans l’œuvre de Gargantua nous parlerons du rire pour réfléchir ou faire réfléchir.

        D’ailleurs, l’auteur a une vision particulièrement positive du rire. Il lui confère une grande profondeur de sens. On le voit dès le prologue le narrateur insiste sur le fait que le rire recèle des leçons qu’il appartient au lecteur de découvrir. En effet, le prologue invite notamment à une lecture allégorique des œuvres joyeuses, lecture présentée à grand renfort d’images : celle des silènes au double visage ou celle de l’os à la « substantifique moelle », par exemple. Mais le narrateur remet aussi en cause cette tentation de faire une lecture allégorique du récit. L’énigme finale donne ainsi lieu à une double interprétation : celle, sérieuse, de Gargantua et celle, beaucoup plus plaisante, de frère Jean. Jusqu’au bout, on sent le mystère d’un texte où le lecteur est comiquement mis dans la position d’un ignorant : François Rabelais comme son anagramme Alcofribas Nasier, retourne tout, et nous montre bien, d’un bout à l’autre du texte, combien l’interprétation finale n’appartient à personne (pas même à lui peut-être).

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