Henry Bauchau, le journal d'Antigone
Commentaire de texte : Henry Bauchau, le journal d'Antigone. Recherche parmi 303 000+ dissertationsPar arizonaetromane • 10 Décembre 2025 • Commentaire de texte • 2 176 Mots (9 Pages) • 17 Vues
De 1989 à 1997, Henry Bauchau tiens un journal, le journal d'Antigone. Dedans, il y raconte, son processus de développement du personnage d'Antigone, ainsi que la nécessité d'écrire l'histoire de cette héroïne. Antigone de Bauchau fait partie d'un ensemble de 3 ouvrages : « Œdipe sur la route », « Antigone » paru en 1997, et « Diotime et les lions ». Ainsi Henry Bauchau hérite de la forme trilogique des pièces de Sophocle, un dramaturge dont l’œuvre sur Antigone date de -441 qui est à ce jour le vieil écrit sur Antigone. Contrairement à Sophocle, Henry Bauchau débute son roman avant l'affrontement des deux frères, quelques années après la mort d'Oedipe. On suit Antigone, qui rentre à Thèbes après 10 années d'exil dans le but de empêcher ses frères de se faire la guerre. Tout au long du récit Antigone nourri l'espoir d'un possible accord entre Polinyce et Etéocle, mais le destin fait que la guerre inévitable entre ces-derniers. Alors que l'assaut approche, Antigone se voit attribuer la tache de tirer des flèches sur l’ennemi pour montrer son don depuis les remparts. Ainsi Antigone surplombe le conflit et décrit les événements, c'est ce passage qui constituera l'extrait que nous étudierons. Donc, le passage que nous allons analyser se situe dans le chapitre 17 qui s'intitule : « l'assaut ». Dans cet extrait il est question de l'attaque du camp de Polynice contre la ville de Thèbes. L'écriture de Henry Bauchau dans ce passage nous emporte dans un assaut, ainsi il est intéressant de se demander en quoi la plume de Bauchau joue t-elle sur les émotions du lecteur en nous donnant à voir un affrontement épique ? Nous verrons d'une part qu'il s'agit d'un passage descriptif et immersif qui donne à voir un assaut épique, et d'autre part nous verrons que l'écriture de Bauchau joue sur les émotions du lecteur entre suspens et coup de théâtre.
Tout d'abord, comme on vient de le dire, ce passage descriptif et immersif nous emporte, nous lecteur, dans un assaut épique.
Dans un premier temps nous trouvons tout un ensemble de précédés dans l'écriture de Henri Bauchau qui permettent une immersion dans le récit. En effet, on retrouve un grand nombre de verbes au présent de l'indicatif tels que : « un grand tumulte vient », « je souffle », « on entend ». Ici, le présent de l'indicatif à valeur narrative donne lieu a une description d'événements qui se déroulent durant le récit. Dans cet extrait Antigone est notre narratrice, on peut le voire grâce à l'utilisation de la première personne du singulier : « Je » qui nous permet d'affirmer que c'est elle qui nous compte les événements, qu'elle vit simultanément. De plus, le discours rapporté, qui se distingue par les deux points et l'ouverture des guillemets, ajoute un coté immersif avec la description du moment précisément paroles + actions. Ensuite, on peut relever de nombreux connecteurs logiques qui nous ancrent dans le récit, avec les expressions : « Au moment où », « Soudain » , « quand », « à ce moment »... Ces expressions permettent de retenir l'attention du lecteur tout au long de la narration et donner un sentiment plongeon dans le récit. Enfin ce phénomène d'immersion est accentué par l'utilisation de verbes de perception tels que : « on entend », « j'entends », « nous voyons », « discerner » « distingue » « je vois ». Ainsi l’ouïe et la vue sont très employé dans le texte et permettent de transporter le lecteur dans le récit. C'est avec tous ces procédés d'écriture que Henri Bauchau nous transporte dans l'assaut du camp de Polynice contre Thèbes.
Ensuite on peut noter que cet extrait donne à voir un combat épique et exaltant. En effet, on trouve dans cet extrait le champ lexical du combat armé, avec les termes : « armes », « assaillants », « flèches », « remparts », « attaques », « catapultes » qui donnent à voir une scène de guerre et participe à la dimension épique de l'extrait. De surcroît, le passage étudié dépeint à la manière d'une mise en scène, par exemple « le roulement des sabots sur le sol et le tintement meurtrier des armes » évoquent ici l'image d'un roulement de tambours avant un dénouement, une pratique très présente dans le spectacle vivant comme le théâtre ou le cirque. De même on retrouve cet effet de mise en scène qui fait de cet extrait une teichoscopie, un processus présent dans le théâtre qui donne à voir, depuis les rempart à distance et avec la description détaillé de l'action. Ensuite, on peut également relever un grand nombre d'hyperboles qui ajoutent un effet de grandeur et qui participent à la dimension épique du récit. On peut donc relever : « grand tumulte » « vaste nuage » « masse profonde » « innombrable casques ». Ici, on voit bien toute l'ampleur de la guerre, la grandeur donnée à ce combat mythique.
Enfin, on retrouve des éléments présents tout au long du récit qui vont être cruciaux durant l'extrait. Comme nous l'avons dit auparavant, la vue et l’ouïe jouent un rôle essentiel, notamment la vue avec cette omniprésence de l'aveuglement. En effet, il fait lien avec la condition de Œdipe le père de Antigone qui s'était crevé les yeux suite à l'annonce de l'inceste avec sa mère. Dans le récit de Bauchau, l'aveuglement à plusieurs signification. Dans l'extrait que nous étudions on retrouve le motif de l'aveuglement dans la phrase : « La poussière soulevée par la charge arrive sur nous et nous aveugle ». Ici le sens du mot aveugle est utilisé dans le sens même du terme et a pour but un effet d'attente, mais on retrouve aussi l'aveuglement dans cet extrait avec le déni des personnages, lorsque Antigone pense avoir vu Polynice dans la masse de cavalier nomade. Le déni, l'aveuglement est représenté par la répétition de la phrase : « Polynice ? Impossible, il attaque Etéocle à la porte de Dirké » Ainsi cette répétition met en exergue le déni de Ismène et Vasco, lorsque ces dernier ne veulent pas entendre Antigone. De plus, la couleur rouge, omniprésente dans le récit, s'impose comme l'élément central de cet extrait, avec le panache rouge de Polynice. En effet, ici le panache rouge apparaît comme l'allégorie de Polynice, un élément qui le représente. Dans la phrase : « Etéocle, j'ai vu dans la charge un panache rouge ». Polynice, n'est même plus nommé, il est appelé par son attribut qui est son panache. De ce fait, dans l'écriture de Bauchau, on retrouve certains éléments répétitifs / fréquents dans le récit, qui se veulent au finale très important à un moment donné. Le panache rouge de Polynice était déjà annoncé dans le chapitre 6 : la Bataille, lorsque Hémon affronte Polynice, et se voulait là aussi un élément crucial du récit, que l'on retrouve donc dans cet extrait et ajoute ici en plus un effet d'attente.
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