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Antigone, Bauchau

Fiche de lecture : Antigone, Bauchau. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Avril 2020  •  Fiche de lecture  •  1 581 Mots (7 Pages)  •  814 Vues

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Antigone, Bauchau

Les réécritures du mythe d’Antigone sont nombreuses et se rencontrent essentiellement au théâtre. Henri Bauchau innove donc en 1997 lorsqu’il en propose une version romanesque. Ce nouvel espace textuel lui permet de développer plus amplement l’histoire de la famille des Labdacides et d’insister sur les relations entre les différents protagonistes. Dans cet extrait c’est la relation d’Antigone et de sa sœur Ismène qui s’offre à nous. Nous sommes dans le chapitre 19, intitulé « la colère » et Ismène tente de dissuader sa sœur de son projet.

  1. Une transposition romanesque

1. Une Antigone qui prend réalité

-Antigone : narratrice ; focalisation interne, emploi de la 1ere personne ; plus de proximité avec le lecteur

-permet accès à l’intériorité du personnage,

*ses sensations : « ressens », « j’entends », « je vois », « odeur » du corps

*sentiment et émotions : « émotion », « je ressens », ma colère…

*ses désirs : « je ne veux pas » l. 20 répété à plusieurs reprises

-description du passé et du présent (28) : donne une histoire au personnage, une profondeur, une réalité

-absence des dieux : personnage qui agit de son plein gré, pas de prédestinée.

-image du carrefour l. 1 : dans l’antiquité, carrefour symbole de choix (on doit choisir le chemin que l’on veut prendre) ; donne épaisseur au personnage. De plus allusion à Œdipe, son père (qui a tué son propre père à un carrefour), renforce la réalité du personnage par l’allusion à la filiation et à son histoire familiale.

-🡪donne une épaisseur psychologique, une facilité dans le processus de compréhension et d’identification ;  ce choix de la focalisation interne humanise le personnage.

2.Une Antigone déterminée

Elle se décrit : autoportrait :

*ce qui motive son acte : ce n’est plus un acte politique (21), c’est une question d’humanité, elle agit en tant que « sœur », en tant que « femmes » (22), par sensibilité humaine et familiale et non par engagement ; gros changement par rapport à la pièce d’origine, qui contribue à donner réalité humaine à Antigone. Elle n’agit plus seulement par devoir (politique ou religieux), mais parce qu’elle le veut.

-elle est déterminée : champ lexical de la volonté très développé : «vouloir x2, l. 21, 10 ;  refuser 28, +omniprésence du « je »

*négation restrictive « je ne voulais qu’une chose, enterrer Polynice » l. 10 : insiste sur sa détermination.

-rapidité des actions : visible dans le rythme des phrases :

*parataxe dans les 3 premières lignes,

*verbes évoquant le déplacement (2 ; 13),

*la rapidité et l’urgence de l’action : « vite »x2 ligne 15, vite l. 35 « courez »,

-c’est une détermination dans la résistance : « refuser », dire non »x 2 l. 23-23 : répétition du mot « non » avec épanorthose « non, totalement non à Créon » ; ajout de l’adverbe totalisant : aucune concession possible.

-gestes très symbolique : déchirer, brûler : destruction de l’obligation au sens propre ; verbe au passé composé : action radicale.

3. Une Ismène inattendue

-Nouveau rapport entre les deux sœurs.

*inversions de l’âge : Antigone semble être l’aînée (19) : elle protectrice, consolatrice ; le terme « petite fille » utilisé l. 20, lui donne presque un rôle maternel

*rythme ternaire à « je la calme, je la console, je l’apaise » (20 ) : impression qu’elle la berce comme une mère avec son enfant.

*différence de caractère : Ismène est ici passionnel, impulsive, sentiments exacerbés ; dans son enfance c’est elle qui était révoltée (20)

*« crie », 3, 5,8, 17, 26

*colère, 15 ; + »serrer les poings » 17 +écume 19+farouche 26 : agressivité presque animale, instinctive, très différente de l’attitude raisonnable qu’elle a dans le mythe et dans les pièces de Sophocle et d’ Anouilh par exemple.

*vengeance, 18 : phrase nominale exclamative, qui prend un sens fort. Sorte de cri de déclaration de guerre. //horreur, horreur : phrase exclamative non verbale+ répétition+allitération en « r » : expression de la colère, de la rage.

*expression physique de l’émotion, écume, 19 ; larmes ; « serre les points » 17 , « trépigne » ; + 3 fois expression de la joie l. 1,4,8 (aucune dans les autres versions)

*Elle est plus lucide (utilisation du futur « il te tuera », plus engagée politiquement (28) : elle en veut à Créon et ne souhaite pas se contenter d’enterrer son frère ;  est plus perspicace (24).

*presque impression qu’elle est possédée, (elle est clairvoyante : elle ouvre la porte avant même qu’antigone ne frappe ; elle prédit l’avenir l. 24 ; elle est possédée physiquement par le désir de vengeance)

*elle prend les choses en mains, organise l’action (rumeur 13-14) et utilise des impératifs.

-Complicité entre les sœurs, unisson et non opposition :

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