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Le Mal

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Par   •  14 Décembre 2018  •  Cours  •  10 109 Mots (41 Pages)  •  555 Vues

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Le Mal

Introduction :

- Le mal, c’est ce qui ne devrait pas être. On peut s’appuyer sur Hegel, « le mal c’est l’inadéquation de l’être et du devoir être. ». Il n’y a de mal que si l’on distingue l’ordre de ce qui est, et l’ordre de ce qui doit être, l’ordre, les valeurs, le mal en tant que contraire du bien.

Le mal c’est ce qui est déploré, réprouvé, condamné, blâmé. On reproche à l’autre son mal (être cupide, hypocrite), mais aussi à soi-même, d’où des sentiments moraux liés au mal, d’où la conscience d’avoir mal agi, le remords, ma culpabilité. Le mal va jusqu’à nous scandaliser et nous révolter. Par conséquent le mal est inadmissible. Alors, le mal est contraire à l’esprit, et aux exigences de l’esprit, à ses idéaux auxquels il tend, justice, sincérité, etc … Par conséquent, le mal n’a aucune valeur, il est contraire aux valeurs et est inacceptable. On ne peut ainsi pas vouloir le mal. On comprend qu’on puisse dire cela, comment pourrait-on vouloir ce que l’esprit répudie ? Cela paraît contradictoire. On ne peut vouloir que ce que l’on approuve, la vertu d’une personne peut être citée en exemple. Certes on peut faire le mal, mais on le fait inconsciemment, on le fait involontairement, par ignorance ou par erreur. Jankélévitch qualifie une telle conception d’ « intellectualisme moral » car cela suppose que la morale dépend non pas de la volonté mais de l’entendement. On retrouve cet intellectualisme moral chez Descartes, mais aussi chez Platon « Nul n’est méchant volontairement. ». Soit l’on est inconscient des conséquences de son action, soit le méchant croit que ce qu’il fait est bon, par erreur. On confond le bien avec son bien, son intérêt. Le bien en soi est celui de tous. Le bien de quelqu’un est un intérêt bien compris. Chez Spinoza le conatus fait que l’on vise son intérêt propre. Le bien de quelqu’un peut aussi être le bien de l’autre. Aider, rendre service à quelqu’un, avec Kant ou Platon par exemple. Œuvrer au bien de quelqu’un mais aussi au bien d’une communauté, sa société, son État, de l’humanité entière. Le mal trouve ici sa source dans un manque de lucidité, de clairvoyance. Il n’a pas de réalité par lui-même, il est néant. Le Christ sur la croix « Pardonnez les, ils ne savent pas ce qu’ils font. ». La moralité serait donc affaire de savoir ou d’ignorance. Si on adopte une telle position, on a tendance à l’indulgence à l’égard du fautif.

Objections

- Mais on peut s’attarder sur l’ignorance, et se demander s’il n’existe pas d’ignorance volontaire. Peut-être celui qui est méchant le sait-il tout en se mentant à soi-même. Il sait confusément que ce qu’il fait est un acte immoral mais refuse de le savoir. On peut alors penser que c’est la volonté elle-même qui est mauvaise. Alors on peut penser que le Mal n’est pas un manquement, une absence comme selon Descartes, mais qu’il est voulu. Alors le Mal peut m’être imputé. Je suis principe et auteur de l’action.

 Erreur (ordre théorique, jugement ou connaissance erronée) ≠ Faute (ordre moral, le contraire du bien).

Aristote, dans le livre III de l’éthique à Nicomaque, montre qu’il dépend de nous de bien agir ou de mal agir. Il dénonce le penchant naturel à s’attribuer le bien et à attribuer à l’ignorance et l’erreur les fautes. Or il n’y a de mérite ou de blâme que si l’action dépend de nous et est volontaire. Le mérite ne peut s’appliquer qu’au fait d’avoir bien agi alors qu’on aurait pu mal agir, il suppose le libre-arbitre. Le blâme s’applique quand on a mal agi alors qu’on aurait pu bien agir. C’est la première objection à l’intellectualisme moral.

- Ensuite, l’intellectualisme moral dédramatise le Mal car elle suppose que l’erreur en elle-même n’est pas si grave. Elle est inconsciente et involontaire, et une fois repérée on peut la corriger, elle est considérée comme réversible. On peut donc remédier à l’immoralité une fois qu’on a repéré la source. Ainsi le Mal n’a rien de scandaleux, de révoltant. Cela suppose aussi qu’une fois qu’une erreur est corrigée, elle ne sera plus refaite. Tel n’est pas le cas pour la faute : On peut avoir conscience d’une faute commise, on ne peut pas la corriger « Le mal est fait. ». La faute est irrémédiable. On peut pardonner cette faute, mais elle n’est pas pour autant oubliée, ni effacée. Le remord s’explique par la volonté de corriger et effacer sa faute en ayant conscience que c’est impossible. Il ne s’applique aux erreurs, aux maladresses, qui sont sujettes aux regrets et non aux remords. Un repentir est possible, en se dirigeant vers l’avenir, là où le remord est un sentiment tourné vers le passé. On peut très bien recommencer la même faute, en avoir conscience ne suffit pas, c’est une lutte continuelle. « Fauter » n’existe pas, ou a une autre signification, on parle plutôt de « commettre une faute ». Est-il alors possible d’avoir conscience du Mal et de le faire ? Peut-on voir le Mal et le faire ?

- L’intellectualisme moral conduit à une grande indulgence, car la personne est considérée comme victime de son ignorance. Elle est donc excusable (« ex-causare » = hors de cause). Cette personne est à plaindre car elle manque son but. Le méchant, involontaire, n’est alors pas vraiment méchant, car la véritable méchanceté consiste à vouloir faire le mal.

 « Malfaisance » : Faire le Mal à autrui ≠ « Malveillance » : Vouloir le Mal.

Dans l’intellectualisme moral, on consent au Mal car on plaint ceux qui le cause.

* Peut-on donc vouloir le Mal sciemment, en toute connaissance de cause, ou relève t-il d’un manque de lucidité, de connaissances, de savoir ?

* Les enjeux portent sur la nature de la volonté, du Mal, et notre réaction face au Mal moral.

2 hypothèses :

- Il est impossible de faire le Mal sciemment.

* Alors la volonté est toujours bonne, le Bien est l’unique fin possible, l’unique mobile.

* Le Mal n’est que manque de lucidité, de savoir, que privation de Bien, il n’a pas de réalité en lui-même, il n’est qu’absence du Bien, il participe du non-être et du néant et n’est rien par lui-même.

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