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Méthodologie de la Lecture Analytique - Démonstration - Texte de Montaigne

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Par   •  1 Novembre 2017  •  Cours  •  2 455 Mots (10 Pages)  •  926 Vues

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LECTURE ANALYTIQUE REDIGEE

Support : « Au lecteur », Les Essais de Montaigne

Introduction

Mon projet est de vous présenter la lecture analytique de ce texte écrit par Montaigne, philosophe français du XVIe siècle caractérisé par l’humanisme. Ce mouvement intellectuel et artistique se distingue entre autres par une confiance en l’homme, par l’acceptation de la nature humaine. Ainsi les conceptions morales, politiques et religieuses du Moyen Age sont-elles remises en cause. Le projet de Montaigne, à travers Les Essais, peut donc apparaître audacieux puisqu’il y dresse un portrait complet et fouillé de sa propre personne. Ainsi de 1570 à sa mort, il rédige son ouvrage, se peignant lui-même  et notant  ses réflexions à mesure que ses lectures ou ses expériences les font naître. Dans le passage étudié qui figure au début des Essais, l’auteur y définit son projet d’écrivain.

Les présentations des éléments du texte retracées, nous allons nous engager à lire le texte.

Lecture

[…]

A la lecture de ce texte, nous allons tenter de dégager son intérêt littéraire en reprenant la question que vous m’avez demandée de préparer : en quoi le projet défini par Montaigne est-il original ? 

Pour traiter cette question, je vous invite à poursuivre notre analyse dans le cadre du plan suivant. Dans une première partie, nous pourrions étudier la peinture du moi qu’offre l’auteur afin de discerner le caractère de l’homme. Puis, dans une deuxième partie, nous pourrions expliciter le paradoxe qui constitue son projet. Enfin dans une troisième et dernière partie, nous tenterons de découvrir les raisons philosophiques d’écrire afin de comprendre l’utilité de parler de soi.

Développement

Tout d’abord, dans une première partie, nous nous demanderons si la peinture du moi, telle qu’il l’annonce dans ce texte, nous fait entrevoir un homme modeste ou orgueilleux.

Certes, le texte présente une récurrence du pronom personnel « je » dans une variété de formes, notamment la forme tonique « moi », qui confirme l’identité entre l’auteur et le sujet du livre mais qui dévoile surtout un certain plaisir de parler de soi

Cependant, la nature même du projet est exprimée avec modestie. L’emploi de la phrase négative, « je n’y ai  eu nulle considération (…) de ma gloire », « mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein » (l. 2 et 3) voire même de la négation restrictive, « je ne m’y suis proposé aucune fin, que domestique et privée.» (l.1et 2) l’attestent. Le lecteur ne doit pas chercher dans ce livre ce qui n’y est pas.

Toutefois, Montaigne fonde son ouvrage en utilisant le procédé de l’opposition. En effet, l’emploi de l’indicatif : « Je veux » (l.9) ; « Mes défauts s’y liront » (l.10) exprimant des faits dans un temps précis, s’oppose aux conditionnels et aux subjonctifs : « Si c’eût été…, je me fusse mieux paré et me présenterais… » (l.7 et 8) exprimant une possibilité non réalisée. Ou bien cette opposition entre le champ lexical du naturel : « sans artifice » (l.10), « tout nu » (l.14),  « simple, naturelle et ordinaire » (l.9) et l’image de la parure (l.8) qui met en valeur sa sincérité. Mais encore, opposition entre cette liberté d’allure qu’il privilégie à « une marche étudiée » (l.9). Ces diverses oppositions révèlent l’orgueil de l’auteur, sûr de lui, libre de ses choix, celui entre autres d’être franc et sincère qu’il clame dès la première ligne : « C’est un livre de bonne foi ».

Ainsi, on peut voir un homme s’engageant à se dépeindre avec naturel et sincérité pour le plaisir de parler de soi. A l’aveu apparemment modeste de ses propres limites, Montaigne laisse apparaître son orgueil d’auteur avec ses affirmations un peu trop péremptoires pour des destinataires qui semblent exclus.

Dans une deuxième partie, nous tenterons de comprendre pour quelle raison ce texte adressé au  lecteur semble le congédier immédiatement.

Certes, ce texte s’adresse incontestablement au lecteur. Celui-ci est l’objet d’une mise en apostrophe dès la première phrase : « C’est un livre de bonne foi, lecteur. »,  et vers la fin du texte: « Ainsi, lecteur… ». Il est désigné aussi par le pronom « tu » et les adj.poss. « ton », ce qui implique une certaine familiarité avec lui, une certaine relation intime.

Cependant, cette familiarité s’accompagne d’une certaine brusquerie. En effet, il écrit « Il t’avertit dès l’entrée » (l.1), « nulle considération de ton service » (l.3) ou bien  encore « ce n’est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc… ». Non seulement, Montaigne s’avère désinvolte envers le lecteur mais il semble l’exclure de son projet, ce qui est vraisemblablement paradoxal.

Toutefois, nous pouvons expliquer cette exclusion par son réel désir d’être sincère. Lorsqu’il écrit « Mes défauts s’y liront au vif, et ma forme naïve », il ne pense  parvenir à une plus grande franchise et un plus grand  naturel qu’en l’absence du lecteur qui se poserait comme juge.

Ainsi, si Montaigne s’adresse au lecteur afin de le congédier par la suite, ce ne serait  que pour donner au lecteur un portrait on ne peut plus fidèle de lui et parvenir à cette sincérité que toute « autobiographe » revendique. Mais Montaigne n’a-t-il pas un projet plus ambitieux que de parler de soi avec sincérité ?

Enfin, dans une troisième et dernière partie, nous tenterons de dégager l’enjeu philosophique de son œuvre. Son projet est-il de parvenir à une meilleure connaissance de lui-même ou bien ne désire-t-il pas aussi nous instruire ?

Certes, l’expression « je suis moi-même la matière de mon livre » met encore en valeur ce désir de sincérité mais aussi révèle l’investissement profond de sa personne dans son projet d’écriture. Il s’agit là d’une véritable fusion de l’œuvre et de son auteur. Une finalité de l’autobiographie se trouve ainsi réalisée : l’auteur forme et construit son propre moi.

Cependant, on peut relever la métaphore de l’aliment : « ils nourrissent plus entière et plus vive la connaissance qu’ils ont eue de moi » (l.6 et7) qui implique que le lecteur doit à son tour s’assimiler le livre. N’étant pas désigné comme destinataire, ni requis comme juge, le lecteur peut ainsi se confondre plus facilement avec l’auteur, s’identifier plus rapidement à lui.

...

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