Lecture Analytique n°3, extrait du texte
Fiche : Lecture Analytique n°3, extrait du texte. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar mputri23 • 22 Janvier 2013 • Fiche • 354 Mots (2 Pages) • 1 002 Vues
(...) — Eh bien ! M. de Rastignac, traitez ce monde comme il
mérite de l’être. Vous voulez parvenir, je vous aiderai. Vous
sonderez combien est profonde la corruption féminine, vous
toiserez la largeur de la misérable vanité des hommes. Quoique
j’aie bien lu dans ce livre du monde, il y avait des pages qui
cependant m’étaient inconnues. Maintenant je sais tout. Plus
froidement vous calculerez, plus avant vous irez. Frappez sans
pitié, vous serez craint. N’acceptez les hommes et les femmes
que comme les chevaux de poste que vous laisserez crever à
chaque relais, vous arriverez ainsi au faite de vos désirs. Voyezvous, vous ne serez rien ici si vous n’avez pas une femme qui
s’intéresse à vous. Il vous la faut jeune, riche, élégante. Mais si
vous avez un sentiment vrai, cachez-le comme un trésor ; ne le
laissez jamais soupçonner, vous seriez perdu. Vous ne seriez
plus le bourreau, vous deviendriez la victime. Si jamais vous
aimiez, gardez bien votre secret ! ne le livrez pas avant d’avoir
bien su à qui vous ouvrirez votre cœur. Pour préserver par
avance cet amour qui n’existe pas encore, apprenez à vous
méfier de ce monde-ci. Écoutez-moi, Miguel… (Elle se trompait
naïvement de nom sans s’en apercevoir.) Il existe quelque
chose de plus épouvantable que ne l’est l’abandon du père par
ses deux filles, qui le voudraient mort. C’est la rivalité des deux
sœurs entre elles. Restaud a de la naissance, sa femme a été
adoptée, elle a été présentée ; mais sa sœur, sa riche sœur, la
belle Mme Delphine de Nucingen, femme d’un homme
d’argent, meurt de chagrin ; la jalousie la dévore, elle est à cent
lieues de sa sœur ; sa sœur n’est plus sa sœur ; ces deux femmes
se renient entre elles comme elles renient leur père. Aussi,
Mme de Nucingen laperait-elle toute la boue qu’il y a entre la
rue Saint-Lazare et la rue de Grenelle pour entrer dans mon
salon. Elle a cru que de Marsay la ferait arriver à son but, et elle
s’est faite l’esclave de de Marsay, elle assomme de Marsay. De
Marsay se soucie fort peu d’elle. Si vous me la présentez, vous
serez son Benjamin, elle vous adorera. Aimez-la si vous pouvez
après, sinon servez-vous d’elle. Je la verrai
...