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Dom Juan ou le Festin de pierre

Fiche de lecture : Dom Juan ou le Festin de pierre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Juin 2018  •  Fiche de lecture  •  3 652 Mots (15 Pages)  •  953 Vues

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Dom Juan ou le Festin de pierre

Molière

Dom Juan ou le Festin de pierre est une comédie de Molière en cinq actes (comportant respectivement 3, 5, 5, 8 et 6 scènes) et en prose jouée pour la première fois le 15 février 1665 au théâtre du Palais-Royal.

Argument :

Cette pièce relate la vie d'un personnage infidèle, séducteur, libertin blasphémateur, être de l'inconstance et du mouvement. Dom Juan, jeune noble vivant en Sicile accompagné de son fidèle valet Sganarelle, accumule les conquêtes amoureuses, séduisant les jeunes filles nobles et les servantes avec le même succès. Seule la séduction l'intéresse et les jeunes femmes sont bafouées et déshonorées après que le beau seigneur en a décidé. Mais l'une d'entre elles, Done Elvire, va lui donner bien du fil à retordre avec, entre autres, la venue de ses deux frères en Sicile pour trouver Dom Juan et le punir de l'affront commis à leur égard : en effet, Dom Juan a enlevé Done Elvire d'un couvent afin de l'épouser, puis l'a abandonnée. Ses conquêtes lui valent certaines inimitiés et certains duels auxquels il ne se dérobe pas. Il affiche un certain cynisme dans les relations avec ses proches, notamment avec son père (Dom Louis) et remet en cause les conditions chrétiennes mais également sociales, son libertinage symbolisant son indépendance. Il aime les défis, jusqu'à celui de la fin : le repas avec la Statue du Commandeur, que Dom Juan avait tué auparavant, qui l'emportera dans les flammes de l'Enfer. Dans son récit, Molière a créé un personnage ayant tous les vices de son époque mais en expliquant ses buts, ses convictions et ses raisonnements.

Réactions :

Cette pièce de Molière suscita à sa création une levée de boucliers des dévots. Écrite juste après Tartuffe, où Molière fustigeait l'hypocrisie de certains dévots, elle semble aux yeux des religieux de l'époque une apologie du libertinage. Le seul défenseur de la religion semble être Sganarelle pour lequel la religion ressemble fort à de la superstition et dont le rôle comique est indéniable. Elle va donc subir, dès sa deuxième représentation une attaque en règle. On demandera à Molière de supprimer certaines scènes (scène du pauvre) et certaines répliques (mes gages, mes gages) qui semblaient tourner en dérision la religion. Elle ne sera éditée qu'en 1682 dans des versions souvent mutilées et ce n'est qu'en 1884 qu'elle sera rejouée pour la première fois dans sa version originale.

Molière s'est inspiré du personnage principal de El Burlador de Sevilla y Convidado de piedra de Tirso de Molina, sauf que ce Dom Juan espagnol, qui passe son temps à renier Dieu et séduire les femmes, demande à se confesser avant sa mort lors du dénouement.

Les intentions de Molière :

Molière entretient l'ambigüité sur ses intentions en décrivant un personnage qui n'est pas totalement noir. Il est intelligent et courageux. Dans ses duels verbaux contre Sganarelle, contre son créancier et contre son père, il gagne haut la main. D'autre part, son cynisme et son hypocrisie ne peuvent que révulser le spectateur.

En fait, la pièce est une réflexion sur le libertinage et ses excès. Molière est adepte de la libre-pensée, mais respecte les convictions religieuses. Il s'attaque principalement à toute forme d'hypocrisie que ce soit celle du dévot ou celle du libertin. Dom Juan est prêt à tout pour satisfaire ses plaisirs. La fin de la pièce est très ambigüe. Certes, Dom Juan est puni de ses péchés par la mort, il est anéanti physiquement (en effet les didascalies l'indiquent comme avalé par la terre), la conclusion semble donc morale (comme on peut l'attendre à l'époque). Néanmoins, peut-on dire qu'un héros est vaincu s'il a préféré mourir plutôt que de renoncer à ses convictions ?

Dom Juan ou la démesure :

Certains voient dans Dom Juan, l'archétype de la démesure et la preuve d'une démesure morale.

Grand seigneur espagnol, jeune et beau, il est méchant homme d'une insolence totale, parfois violent. Dom Juan manie avec aisance l'ironie et le sarcasme, l'impertinence et l'offense, l'irrévérence  et l'irrespect. Il personnifie une lutte impitoyable entre le classicisme et le baroque. Tel Prométhée, il se libère par la mort, c’est-à-dire il entre dans la (dé)mesure triomphante.

Un personnage transgressif :

Dom Juan, c'est la transgression des mœurs parce qu'il est séducteur il ne respecte pas le mariage. Il séduit les femmes, y compris celles qui sont promises (voir la scène avec Charlotte et Pierrot). Dom juan est le maître du jeu.

Il transgresse les règles sociales, il vit à l'écart, il est constamment en fuite (face aux frères d'Elvire notamment), et il représente un danger pour la société dans la mesure où il séduit toutes les femmes.

Il est transgressif vis-à-vis des règles imposées par sa naissance, sa noblesse et son père. Il n'éprouve aucun respect envers ce dernier et lui souhaite même de mourir (acte IV,   scène 4). Il refuse de régler sa conduite comme le nécessiterait son rang. Son père, Dom Louis, l'accuse d'être la honte de sa famille dans une tirade que l'on pourrait qualifier de cornélienne.

Il y a également chez Dom Juan, la transgression du ciel. Il croit seulement que « deux et deux sont quatre ». Il refuse, à maintes reprises de se repentir, il garde une attitude de libre pensée à l'encontre de tous les codes sociaux de l'époque. Même à sa mort, il refuse de se renier, il reste déviant jusqu'au bout.

C'est aussi un homme de l'expérimentation, qui affronte chaque nouveau problème, et le résout sur le moment. Il y a aussi chez Dom Juan la tentation du Ciel. On peut penser que, dans la scène du pauvre, ou dans sa fausse rédemption, il essaye, il attend une réaction, et n'en recevant pas, il continue à le nier.

Sganarelle :

Sganarelle, en tant que valet, n'est protecteur de la Foi que par peur de l'au-delà. Présent depuis les premières comédies de Molière, dans cette pièce, il vient en contrepoint apporter de l'humanité et du rire à une pièce qui sans lui aurait été bien noire. Mais le Sganarelle de Dom Juan se démarque des autres valets de Molière ; on peut le qualifier d'asexuel dans la mesure où il ne « récupère » pas les conquêtes de Dom Juan, ce que pouvait faire un valet moliéresque.

Sganarelle mêle souvent les dictons populaires, fait preuve d'un certain bon sens, mais reste assez maladroit. En revanche, l'éloge paradoxal (le célèbre éloge du Tabac, acte I, scène 1) est un procédé littéraire complexe. Il s'adresse à Gusman, le valet de Done Elvire de manière déconcertante : loin de profiter de ce moment d'égalité (en tant que valet), pour s'exprimer dans le patois qui apparaît souvent chez Molière il parle aussi bien que le ferait Dom Juan.

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