Analyse du téléfilm de Michel Bluwal; Dom Juan ou le festin de Pierre.

Dom Juan ou le festin de Pierre, Michel Bluwal (téléfilm, 1965) :

• Titre : Dom Juan ou le festin de Pierre, 1965, réalisé par Michel Bluwal

• Acteurs et rôles : Michel Piccoli dans le rôle de Dom Juan, Claude Brasseur dans le rôle de Sganarelle

• Genre : comédie dramatique

• Pays d’origine : France

• Adaptation de l’œuvre éponyme de Molière parue en 1665 et censurée par Louis XIV

• Musique : Compositions originales et Requiem de Mozart

Résumé : Dom Juan est un seigneur libertin qui vient d’abandonner sa dernière épouse, Done Elvire, qu’il avait enlevé d’un couvent. Inconstant et coureur de jupons, on le retrouve à séduire de jeunes paysannes en leur promettant le mariage, dont l’une déjà fiancée. Après s’être entretenu avec les frères de Done Elvire qui le recherchaient pour venger leur sœur déshonorée, il aperçoit le tombeau du Commandeur, homme respectable qu’il a tué en duel auparavant. Il se moque de lui et l’invite à diner, la statue acquiesce alors. Viennent ensuite lui rendre visite différents personnages (Mr Dimanche, son père, qui désespère de voir son fils être un libertin, Done Elvire et la statue) qui l’invitent à se repentir, payer ses dettes et rejoindre le bon chemin, mais Dom Juan refuse avec résolution ou, revêt le masque de l’hypocrisie. A la fin du téléfilm, Dom Juan meurt, brûlé par la statue, symbole du Ciel qui châtie le libertin pour ses mauvaises actions.

Commentaires : Marcel Bluwal, cinéaste célèbre, voit dans la télévision un moyen efficace pour diffuser au plus grand nombre une culture de qualité. Alors que la pièce était rarement montée depuis son interdiction en 1665, la comédie dramatique touche, en un soir, 12 millions de téléspectateurs. L’intemporalité de la pièce de Molière est soulignée et confirme que les mœurs du temps du dramaturge sont toujours d’actualité, à savoir l’inconstance et l’impiété. Intemporelle car les acteurs jouent sans perruque et portent des costumes certes élégants, mais qui n’appartiennent pas à l’époque de Molière et les décors n’ont rien de baroque. En effet, ils sont plutôt sobres et contribuent à la réussite de la mise en scène : une plage infinie du Nord-Pas-de-Calais pour la rencontre avec les paysannes, un salon du Trianon à Versailles. Bluwal dépeint un seigneur, respecté et craint de tous qui n’a pas d’ennemi à sa hauteur au sein de l’ordre humain, et qui décide d’affronter Dieu. Les scènes de course à cheval, épiques, accompagnées de la musique de Mozart, montrent un Dom Juam, libre, intrépide, résolu à affronter son destin. Il s’attarde plus sur la quête « spirituelle » de Dom Juan que sur ses relations avec les femmes. En centrant son film sur l'élan suicidaire de son protagoniste, le réalisateur propose en outre une lecture personnelle et peu conventionnelle de la pièce de Molière.

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