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Molière, Dom Juan ou Le Festin de Pierre, 1635 (Acte I, scène 1, la tirade de Sganarelle, de « Je n’ai pas grande peine à le comprendre, moi » à « je dirais hautement que tu aurais menti »)

Cours : Molière, Dom Juan ou Le Festin de Pierre, 1635 (Acte I, scène 1, la tirade de Sganarelle, de « Je n’ai pas grande peine à le comprendre, moi » à « je dirais hautement que tu aurais menti »). Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mars 2020  •  Cours  •  694 Mots (3 Pages)  •  624 Vues

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Molière, Dom Juan ou Le Festin de Pierre, 1635 (Acte I, scène 1, la tirade de Sganarelle, de « Je n’ai pas grande peine à le comprendre, moi » à « je dirais hautement que tu aurais menti »)

Une didascalie liminaire nous informe que « La scène est en Sicile ». Dans la première scène de l’acte I, qui se passe dans un palais, nous découvrons Sganarelle, valet de Dom Juan, qui dialogue avec Gusman, l’écuyer de Dona Elvire. Nous apprenons que Dom Juan a séduit Dona Elvire, qui s’est enfuie de son couvent pour l ‘épouser. Or, Dom Juan est parti précipitamment. L’écuyer d’Elvire apprend à Sganarelle que la jeune femme est à la recherche de son époux. Sganarelle pense que son maître s’est sans doute déjà lassé d’Elvire et doit courtiser quelque autre jeune beauté. Gusman ne comprend pas quel homme est Dom Juan.

Sganarelle : Je n'ai pas grande peine à le comprendre, moi ; et si tu connaissais le pèlerin1, tu trouverais la chose assez facile pour lui. Je ne dis pas qu'il ait changé de sentiments pour Done Elvire, je n'en ai point de certitude encore : tu sais que, par son ordre, je partis avant lui, et depuis son arrivée il ne m'a point entretenu ; mais, par précaution, je t'apprends, inter nos2, que tu vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou3, qui passe cette vie en véritable bête brute, en pourceau d'Epicure4, en vrai Sardanapale5, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances chrétiennes qu'on lui peut faire, et traite de billevesées6 tout ce que nous croyons. Tu me dis qu'il a épousé ta maîtresse : crois qu'il aurait plus fait pour sa passion, et qu'avec elle il aurait encore épousé toi, son chien et son chat. Un mariage ne lui coûte rien à contracter ; il ne se sert point d'autres pièges pour attraper les belles, et c'est un épouseur à toutes mains7. Dame, demoiselle8, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud ni de trop froid pour lui ; et si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusques au soir9.

Tu demeures surpris et changes de couleur à ce discours ; ce n'est là qu'une ébauche du personnage, et pour en achever le portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau. Suffit qu'il faut que le courroux du Ciel l'accable quelque jour ; qu'il me vaudrait bien mieux d'être au diable que d'être à lui, et qu'il me fait voir tant d'horreurs, que je souhaiterais qu'il fût déjà je ne sais où. Mais un grand seigneur méchant homme est une terrible chose ; il faut que je lui sois fidèle, en dépit que j'en aie10 : la crainte en moi fait l'office du zèle, bride mes sentiments, et me réduit d’11applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste. Le voilà qui vient se promener dans ce palais : séparons-nous. Écoute au moins : je t'ai fait cette confidence avec franchise, et cela m'est sorti un peu bien vite de la bouche ; mais s'il fallait qu'il en vînt quelque chose à ses oreilles, je dirais hautement que tu aurais menti.

1. Pèlerin : on appelle pèlerin « un homme fin, adroit, dissimulé » (Dictionnaire

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