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Commentaire de la lettre de Gargantua à Pantagruel, Rabelais

Commentaire d'oeuvre : Commentaire de la lettre de Gargantua à Pantagruel, Rabelais. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Octobre 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 691 Mots (7 Pages)  •  761 Vues

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Rabelais, écrivain humaniste de la Renaissance, publie en 1532, sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier (qui est l’anagramme de son nom), le roman épique Pantagruel. Bien que ce roman rencontre un grand succès, il est aussitôt condamné par la Sorbonne (faculté de théologie de Paris) pour son réalisme pittoresque et sa fantaisie débridée: il met en scène deux géants père et fils, issus de la royauté. L’extrait que nous étudions est tiré du chapitre VIII du roman, qui en compte vingt-trois. C’est une lettre envoyée par le géant et roi Gargantua à son fils Pantagruel, envoyé à Paris pour étudier et dans laquelle il l’enjoint de s’instruire autant que possible afin de devenir un homme « savant ». Nous pourrons donc nous demander en quoi ce texte est argumentatif.

Nous étudierons en premier lieu le caractère humaniste de ce texte, puis nous nous appuierons sur la vision idéaliste de Rabelais, avant de voir en quoi cet extrait est efficace.

Tout d’abord, ce texte revet des caractéristiques de l’écriture argumentative au travers la vision Humaniste que Rabelais partage avec ses lecteurs.

Sur le plan de l’éducation, Rabelais met en lumière, au travers de Gargantua, l’importance du savoir, comme en atteste l’onomastique du précepteur « Epistémon », en référence au terme épistémologie qui signifie « science du savoir ». La complexité des phrases de Gargantua, notamment: « d’une part par ses leçons vivantes, d'autre part par ses louables exemples », avec l’emploi des synonymes « par » et « part », la construction parallèle et l’inversion de l’épithète, montre la volonté de Gargantua de montrer la voie à prendre à son fils: celle de l’érudition. La polyptote « le sage Salomon, la sagesse » montre également l’étendue de l’importance du savoir pour Rabelais, qui est également aussi mise en valeur par l’allitération en {s}.

De plus, Rabelais détaille sa conception moderne du savoir et de l’apprentissage, par exemple en insistant particulièrement sur les connaissances Antiques, au travers de références à de grands noms de l’Antiquité comme « Cicéron », « Planton » et « Quintilien ». Le système médiéval d’enseignement (la scolastique) doit également être réformé: l’apprentissage par coeur (« je veux que tu saches par coeur »), l’art d’exprimer un discours construit (« que tu forme ton style ») et l’apprentissage des « arts libéraux » sont tous trois des piliers de la scolastique, mais Gargantua ajoute à ces domaines les sciences naturelles, la médecine et la religion. Il faut également laisser de côté une partie de l’astronomie comme en témoigne: « laisse-moi de côté l'astrologie divinatrice, et l'art de Lulle comme des excès et des inutilités ». Ici, les deux adjectifs péjoratifs témoignent du peu de valeur qu’accorde Rabelais à ces disciplines. Rabelais préconise également la dissection afin « d’acquérir une parfaite connaissance de l’autre monde, qui est l’homme », qui était à son époque le sujet de nombreux et violents débats.

Rabelais illustre également un rapport humaniste à la religion: à la fois pieux et critique. En effet, dans sa lettre, Gargantua évoque à plusieurs reprises l’importance de pouvoir lire les textes religieux dans leur langue originelle: « et puis l’Hébraïque pour les Saintes Lettres », « en grec le Nouveau Testament et Épitres des Apôtres, et puis en hébreu l’Ancien Testament ». Depuis l’imprimerie de Gutenberg (1450), la population à la possibilité de ne plus passer par l’Eglise pour avoir accès aux Textes Saints. En poussant ses lecteurs à se faire leur propre idée, à revendiquer leur autonomie, Rabelais fait une critique de l’Église et de son emprise sur la population tout en soulignant l’importance de la piété. La comparaison entre « Des impressions fort élégantes et correctes (…) d’inspiration divine» et « l'artillerie l'a été par suggestion du diable » sert également à critiquer l’Église: les armes à feu utilisée pour torturer les Indigènes après la découvert des Amériques par Christophe Colomb a inspiré la création du mouvement humaniste. Au nom de l’évangélisation, des centaines de natifs furent assassinés. Ainsi, en mettant en avant le pouvoir des mots (d’inspiration « divine ») et en critiquant celui des armes à feu (d’origine « diabolique »), Rabelais prêche une religion séparée des affaires d’Etat, pure et vraie.

Ce texte revêt donc des caractéristiques de l’écriture argumentative en ce qu’il propose aux lecteurs la vision Humaniste de Rabelais.

Rabelais offre également aux lecteurs une vision idéalisée du savoir afin de leur montrer l’étendue du chemin qu’il leur reste à parcourir.

C’est d’abord son programme à caractère encyclopédique et universel qui reflète l’ambition idéaliste de l’auteur. Les accumulations sont nombreuses: « l'hébreu, le chaldéen, le latin », « les arbres, arbustes et fruits des forêts ». Les répétitions anaphoriques de l’adjectif indéfini totalisant « tout » (« tous les oiseaux de l’air, tous les arbres, arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au centre des abîmes, les pierreries de tout Orient et Midi ») met en avant le caractère universel et encyclopédique du programme éducatif de Rabelais. On note également une accumulation d’adverbes de manière (« pareillement », « parfaitement, « soigneusement ») qui souligne le soin qu’un tel enseignement requiert. Ces accumulations sont suivies d’une litote : « rien ne te soit inconnu » qui renforce l’aspect encyclopédique de ce savoir. Chaque élément des sciences naturelles est

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