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Automne malade de Guillaume APOLLINAIRE, Alcools, 1913.

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Par   •  31 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  1 450 Mots (6 Pages)  •  500 Vues

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« Automne malade » de Guillaume APOLLINAIRE, Alcools, 1913.

Introduction :

        Ce poème d’inspiration allemande (fin du cycle des Rhénanes), extrait du recueil Alcools, est une évocation lyrique de la mélancolie. La description de l’Automne est une représentation mentale, un paysage état d’âme.

Axes d’étude :  1. La personnification d’une saison menacée et sacralisée.

                   2. Mise en scène lyrique du poète.

Analyse :

1.        Le titre indique la saison mentale d’Apollinaire, celle de l’ambivalence, qui voit à la fois la récolte des fruits et la chute des feuilles.

C’est la saison préférée du poète *élégiaque (qui est dans le ton tendre de la mélancolie). Le motif du deuil, de la proximité de l’hiver, de la mort, est mis en valeur par la personnification de la saison, comme l’indiquent le qualificatif de « malade », l’absence de déterminant  « Automne… », l’apostrophe au v.1 et v.5, et les marques de la seconde personne, « tu mourras », « Meurs », « tes rumeurs ». Sur le fond de la personnification, s’impose un constant mouvement de chute : les fruits tombent (v.15) ainsi que les feuilles (v.17). Le rapprochement des feuilles et des larmes, « Le vent et la forêt qui pleurent / Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille », contribue également à personnifier la saison menacée.

L’Automne est décrit par l’emploi d’un champ lexical de la maladie, de la tristesse : « malade », « pauvre », « meurs », « pleurent », « larmes ». Apollinaire exploite alors la variante sombre de la saison. L’adjectif épithète du titre répété au vers 1 pose le thème de la saison moribonde dont tout le poème semble dire l’agonie. Aux « vergers » prometteurs, aux « roseraies » délicates du début, succède en fin de poème la lente agonie des arbres et des fruits avec cette double image de chute exprimée par « les fruits qui tombent sans qu’on les cueille » et l’expression très imagée « feuille à feuille » (métaphore de la liquidité = goutte à goutte !). On perçoit nettement la proximité de l’hiver à travers les menaces du temps qu’il fait : « ouragan », « neige », « quand il aura neigé ». L’emploi du vers libre n’empêche pas Apollinaire de créer des correspondances sonores, comme ce deuxième vers qui constitue une véritable harmonie imitative : le terme central « ouragan » souffle et disperse ses sonorités de chaque côté avec ses allitérations en « r » et ses assonances en « ou ». On remarquera que le dernier vers du poème imite dans sa disposition et son rythme la chute des feuilles qu’accentue la reprise des mêmes sonorités « foule/roule/s’écoule » (effet de rime intérieure) et des mêmes constructions syntaxiques (propositions relatives semblables). Cet alexandrin découpé régulièrement en 4/4/4, réorganisé en chute de feuilles, réactualise les thèmes du Pont Mirabeau, notamment par l’emploi du verbe s’écouler », métaphore ici du temps qui passe. La vie ressemble à un fleuve insaisissable qui nous achemine jusqu’à l’hiver. Dans ces éléments métaphoriques quotidiens de la vie, feuilles d’automne, bruit ferroviaire, Apollinaire lit la loi du monde : la fuite du temps.

Le contre-rejet du vers 7 met en évidence la relation syntaxique des compléments « de neige et de fruits mûrs » avec « en richesse ». L’expression résume ainsi les deux valeurs de l’automne : dépouillement et abondance, stérilité et fécondité. La saison humanisée meurt dans toute sa gloire, recouvert du blanc manteau de l’hiver. On sait quelle opposition a connu le symbolisme de l’automne : saison du déclin, emblématique du vieillissement et de l’acheminement vers la mort, mais aussi saison opulente des récoltes et des vendanges, dont la peinture, la musique et la poésie descriptive célèbrent traditionnellement la joie sensuelle. Ce double aspect est présent dans le poème par une série d’évocations antithétiques, de la mort (v.2) ou de la vie (v.13), de la mélancolie (v.17) ou  de l’euphorie (v.14).

« Adoré » annonce de manière hyperbolique la double exaltation « que j’aime » et signifie également qu’il s’agit d’une célébration, « ô saison », d’un culte rendu à un être divinisé, à l’allégorie de l’Automne comme dans d’anciens rites païens où les saisons étaient déifiées. D’ailleurs, le poète fait allusion au vers 10 aux antiques croyances de la mythologie germanique avec les « Nixes », espèces de nymphes des eaux, âmes des jeunes filles vierges qui se sont noyées par dépit amoureux. L’étrangeté des cheveux verts renvoie de même aux attributs de quelques ondines rhénanes, aux longues chevelures des algues du fleuve (comme dans un autre poème « Nuit Rhénane » : « ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été »). Le climat de fantastique diffus que créent ces allusions mythologiques s’accorde avec les métamorphoses et l’humanisation de la saison ( personnification et divinisation de l’automne). Si les Nixes gracieuses et innocentes évoquent le surnaturel, la virginité (« qui n’ont jamais aimé ») et le monde des eaux, les vers 8, 9, 12 et 13 renvoient aux êtres naturels, à des animaux  discrets (éperviers, cerfs) dans un décor très vague « aux lisières lointaines », « au fond du ciel ».  

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