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Étude du poème Automne Malade du recueil Alcool de Guillaume Apollinaire

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Par   •  15 Février 2014  •  2 182 Mots (9 Pages)  •  1 536 Vues

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Apollinaire : Alcools : "Automne malade"

Introduction

• Guillaume Apollinaire (1880-1918) est initialement marqué par le symbolisme. Intéressé par tous les mouvements artistiques d’avant-garde, il deviendra l’un des précurseurs de l’art et de la poésie modernes. • En 1901, Apollinaire est précepteur en Allemagne. Il voyage à travers ce pays. A cette époque, il est déjà fasciné par les légendes et la terre allemande, ce qui lui permet « d’enraciner », de donner une localisation à ces légendes (description de paysages concrets). Le recueil d’Alcools fait date dans l’histoire de la poésie moderne. On y est loin de l’art sophistiqué de Mallarmé et ses brouillards symbolistes : tout y est au contraire jeune, dynamique, désinvolte même, tout y est surprise. • L’automne est une saison mentale chère à Apollinaire : on retrouve le thème de l’automne dans « Rhénane d’automne », « Les Colchiques », « Automne » ou encore « Vendémiaire ». • « Automne malade » n’est sans doute pas le poème le plus représentatif du recueil, mais on y perçoit ce qui fait l’originalité attachante d’Apollinaire qui, grâce au choix de ses images, au jeu des rythmes et des sonorités, nous fait accéder, à partir de thèmes lyriques traditionnels, à l’univers unique et ouaté de sa mélancolie. Nous tenterons de voir comment Apollinaire mêle dans ce texte la tradition et la modernité.

Lecture

Automne malade et adoré Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers

Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n'ont jamais aimé

Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé

Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu'on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuilles Qu'on foule Un train Qui roule

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La vie S'écoule

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918), Alcools (1913)

Etude

I/ Des thèmes traditionnels

1/ L’automne, un thème lyrique

• Le thème de l’automne, de l’agonie de la nature n’est pas nouveau : il a été exploité par de nombreux poètes lyriques avant Apollinaire. • Aussi est-ce tout naturellement qu’il s’y attache, lui qui a aimé Ronsard et qui doit tant à Verlaine. • L’imminence de la mort, suggérée dès le début par les vers 1 et 2 : « Automne malade...Tu mourras », est plus bouleversante, plus pathétique que la mort elle-même.

• C’est aux yeux du poète un moment privilégié pour l’âme désenchantée qui se complaît à envisager la mort qui vient : « Automne malade et adoré ». • Le parfum des fruits trop mûrs rappelle encore les richesses de cette saison d’abondance en même temps qu’il annonce la pourriture irréversible ; « les éperviers planent » guettant leurs victimes pas encore offertes. • Les animaux ont déjà pressenti l’angoisse de l’hiver. Le poète s’arrête sur une scène classique, banal en automne : « Les cerfs ont bramé ». Le passé composé souligne le caractère révolu de leur chant d’amour rauque. Les assonances en [è] et [é] (« Aux lisières lointaines / Les cerfs ont bramé ») joue le rôle d’une harmonie imitative suggérant cette longue plainte des cerfs. Ces deux vers, correspondant à la 3ème strophe très brève du poème, constituent une sorte de ponctuation du poème. • Toute la nature est en attente, attente triste d’un destin inéluctable : « Le vent et les forêts...pleurent... ». Le poète reprend tous les thèmes des strophes précédentes et suggère une sorte d’harmonie dans la douleur qui séduit le poète.

2/ L’attente du poète

• Cette attente est aussi celle du poète. • L’étroite harmonie qui s’établit entre la saison en pleurs et son propre état d’âme, suggérée depuis le début du poème, devient évidente dans la dernière strophe. • Le « Et » qui ouvre le vers 14 montre que le poète ne peut s’empêcher d’avouer ouvertement et passionnément son amour pour l’automne : « Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs ». L’emploi du vocatif « ô » et la répétition du verbe épouse étroitement l’élan irrésistible du cœur, avec ce qu’il peut avoir d’un peu trop éloquent parce que trop passionné. Le poète revient au registre lyrique de la déclaration d’amour. • Mais ce transport ne dure pas et la strophe s’achève sur un refrain désabusé mais presque serein : tel ce train insolite (« un train qui roule ») dont la course est comme l’image « civilisée » de celle de la nature qui suit son cycle toujours recommencé. • La fuite du temps s’impose au poète et avec elle la certitude terrible mais résignée de l’irréversibilité du destin : « La vie s’écoule ».

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II/ Une poésie originale

1/ Un poème en vers libres

• Aucune composition artificielle, aucune rhétorique dans ce poème en vers libres où l’absence de ponctuation met en évidence la valeur fondamentale du rythme, son pouvoir de suggestion. • Le poème est composé de quatre strophes très différentes qui correspondent en somme à quatre actes qui scandent le poème. • Il s’en dégage au contraire une impression de spontanéité que le clin d’œil des savantes « nixes » ne vient guère troubler. Ces nymphes des eaux dans la mythologie germanique confirment la menace par des signes indiscutables : elles ont des « cheveux verts » (c’est la couleur de la malédiction, elles annoncent la mort), elles sont « naines » (cette caractérisation est réductrice et les connote négativement) et elles n’ont « jamais aimé ». Commencé avant Alcools, ce poème date de l’époque de son séjour en Rhénanie, d’où la référence à ces nymphes de la mythologie germanique. • L’emploi du terme « nixettes » est un terme diminutif connotant leur naïveté, leur simplicité d’esprit. L’hiver annonce en quelque sorte le désespoir amoureux. L’univers se fane et se rétrécit à l’approche de l’hiver. • Spontanéité, émotion contenue ou

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