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Rabelais, Gargantua

Dissertation : Rabelais, Gargantua. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Novembre 2022  •  Dissertation  •  1 851 Mots (8 Pages)  •  472 Vues

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Dissertation rire et savoir

L’œuvre de Rabelais, Gargantua, paru en 1542 en France est écrite pendant la période de la Renaissance, plus précisément pendant le règne de François Ier. À cette époque apparaît un courant de pensée, l’Humanisme, qui vise à répandre au maximum le savoir et la culture et à replacer l’homme au centre des préoccupations. François Rabelais fait partie de ces grands auteurs humanistes du XVIe siècle. Ce roman relate la vie et les aventures d’un géant, Gargantua, fils du roi Grandgousier et de Gargamelle. Le livre traite de trois grands sujets : l’éducation, la guerre et l’utopie. Son originalité réside dans le style décalé, mêlant humour, grossièreté et plaisir de la table.

Passé la première impression, le lecteur peut se demander si ce rire ne sert qu’à se moquer du savoir. Si tous les savoirs sont la cible de cette moquerie ? Y a-t-il des savoirs particulièrement critiqués, comment le sont-ils ? En cette période historique de grandes découvertes, d’autres savoirs sont-ils au contraire valorisés, directement ou indirectement par les propos de Gargantua ? Ce regard critique sur le savoir, se retrouve-t-il ensuite dans d’autres œuvres littéraires ultérieures ? Et enfin quelle valeur peut-on attribuer au rire dans le contexte d’une œuvre littéraire ?

Quels sont les types de savoirs critiqués ? Par quels procédés sont-ils parodiés ?

Dès le début de Gargantua, la critique est facile à identifier. Ainsi au chapitre XIV : « On lui recommanda un grand sophiste, qui lui apprit si bien son alphabet, qu’il le récitait par cœur et à l’envers. Cela lui prit cinq ans et trois mois. » Après une première phrase laissant croire à un enseignement de grande qualité, la seconde phrase, en quelques mots, fait comprendre qu’il n’en est rien. Par ce renversement de situation qui crée le rire, on comprend que le narrateur, et indirectement Rabelais, se moque des Sorbonnagres. Il s’agit des professeurs de l’université de la Sorbonne, aussi appelés de façon péjorative, sophistes. Ce terme vient de la Grèce antique où le mot désignait des maîtres du mensonge. On comprend que Rabelais reprend cette approche et considère les professeurs de son époque comme de faux savants, proposant un apprentissage archaïque, inefficace et lent.

Dans Candide, Voltaire cherche à dénoncer la philosophie positive de Leibniz, thèse selon laquelle nous vivons dans le meilleur des mondes, que toute chose est prévue et que l’homme ne peut infléchir son destin. Se basant sur cette logique, le personnage Pangloss va asséner des vérités, tel au chapitre 1 : « Les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes » ou encore « Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons donc des chausses. ». Par le parallélisme entre les arguments, ces citations donnent l’illusion d’une logique.

Ce raisonnement avancé avec autorité par Pangloss n’est en fait pas constitué de réels arguments. Pangloss utilise un lien de causalité pour affirmer une vérité sans tenir compte du fait que cette causalité n’est pas systématique ou peut avoir d’autres origines. Pour Pangloss, l’homme porte des lunettes, car il a un nez en oubliant que le port des lunettes peut avoir d’autres causes que la présence d’un nez au milieu du visage ! De même, posséder des pieds n’implique pas de porter des chausses, mais des chausses impliquent de posséder des pieds. Voltaire, pour critiquer cet enseignement, presque dogmatique, va donc faire usage du burlesque en utilisant des parties du corps et provoquer le rire du lecteur, rendant ainsi ces thèses philosophiques ridicules.

Dans Dom Juan, Molière critique les discours apologiques, portant sur l’existence de Dieu. Ce type de discours est tenu par une partie de la population, représenté ici par Sganarelle, caricature de l’homme illettré, analphabète et peu cultivé. Face à lui, Dom Juan qui prétend détenir un savoir scientifique, représente les nobles de son époque. Les deux personnages s’affrontent et Sganarelle, tente de démontrer l’existence de Dieu. Ainsi, dans l’acte III scène 3 « Mon raisonnement est qu’il y a quelque chose d’admirable dans l’homme quoi que vous puissiez dire que tous les savants ne sauraient expliquer. » dans cette citation il expose sa thèse, bien construite et on peut donc s’attendre à des arguments solides et fondés. Il n’en est rien. Il avance ensuite des arguments abracadabrantesques : « Je veux frapper des mains, hausser le bras, lever les yeux au ciel, baisser la tête, remuer les pieds, aller a droit, à gauche, en avant, en arrière, tourner… ». En se répétant, il se perd lui-même dans son raisonnement. On retrouve le côté burlesque et comique que peut créer ce genre de répétition. Sganarelle se ridiculise aux yeux de Dom Juan. Par le biais de ce personnage, Molière décrédibilise les idées dogmatiques.

Même si le rire comme critique est largement employé dans ces trois textes, les mêmes auteurs n’hésitent pas à l’utiliser aussi pour mettre en valeur, directement ou indirectement, certains savoirs.

Ainsi, dans Gargantua, au chapitre VI, Rabelais décrit les conditions très étranges de la naissance de Gargantua : « L’enfant entra dans la veine cave et, grimpant par le diaphragme jusqu’au-dessus de l’épaule (là où ladite veine se s’épart en deux), continua son chemin vers la gauche puis sorti par l’oreille. ». Le lecteur est immédiatement frappé par la description précise et les références aux termes médicaux. Il peut facilement imaginer la scène et c’est là où l’humour apparait. En effet, l’invraisemblance provoque le rire. Il y a opposition entre la rigueur quasi scientifique de la description et la situation décrite, totalement incongrue et non scientifique

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