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L'abbaye de Cluny au Moyen Age

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Par   •  7 Avril 2021  •  TD  •  3 781 Mots (16 Pages)  •  460 Vues

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Séance 5 – Eglise et pouvoir

L’ordre de Cluny

Eléments de bibliographie :

Simon Barton, « El Cid, Cluny and the Medieval Spanish » Reconquista, The English Historical Review, vol. 126, n° 520 (juin 2011), p. 517-543.

Pierre Boissonnade, « Cluny, la papauté et la première grande croisade internationale contre les Sarrasins d’Espagne : Barbastro (1064-1065) », Revue des questions historiques, 117, 1932, p. 257-301.

Kenneth John Conant, Cluny, les églises et la maison du chef d'ordre, Mâcon, Protat Frères, 1968, édition Bailey, Albert Edward.

Dominique IOGNA-PRAT, « Cluny, 910-1910 ou l’instrumentalisation de la mémoire des origines », Revue Mabillon, Nouvelle série 11, t. 72, 2000, p. 161-185.

Id., Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face aux hérésies, au judaïsme et à l’islam. 1000-1150, Paris, Aubier, 1998.

Marcel Pacaut, L'Ordre de Cluny, Paris, Fayard, 1990 (2e éd.).

Philippe Racinet, Crises et renouveaux : Les monastères clunisiens à la fin du Moyen Âge (XIIIe – XVIe siècle), de la Flandre au Berry et comparaisons méridionales, Artois Presse Université, Arras, 1997.

Eléments de corrigé

Introduction

        « C’est presque le monde entier qui gagne Cluny comme un asile commun de piété, pour la restauration spirituelle procurée en ces lieux. Ses habitants soumettent la chair à l’esprit dans une lutte continuelle ; pour eux vraiment, suivant la parole de l’apôtre (Phil, 1, 21), “vivre c’est Christ et mourir un gain”. Plusieurs d’entre eux ont été choisis et élevés pour l’édification de l’Église, les uns comme papes, les autres comme cardinaux, évêques, abbés ou pasteurs. C’est ainsi que le parfum des vertus a rempli la vaste demeure du monde de l’odeur de ses onguents, quand le zèle de la religion monastique, qui à cette époque se refroidissait, se réchauffa par l’exemple et l’ardeur de ces hommes ». Ainsi s’exprime l’hagiographe anonyme de saint Morand († 1115), un moine qui, avant de devenir le patron du prieuré clunisien d’Altkirch (diocèse de Bâle), s’était retiré quelque temps à Cluny.

        En 910, la Bourgogne voit la fondation d’une des plus célèbres abbayes bénédictines, qui donne naissance à l'ordre du même nom : Cluny. Située dans une petite localité de l’actuel département de Saône-et-Loire, elle est considérée comme le symbole de l’ordre bénédictin. Soutenue par les papes, les rois et l’aristocratie, l’abbaye s’impose très vite, devenant le phare de la vie bénédictine. Groupant sous sa direction un nombre croissant d’abbayes et de prieurés, elle devient le centre du plus important ordre monastique du Moyen Âge, rayonnant dans toute l’Europe et au-delà.

        La règle monastique créé par Benoît de Nursie au VIe siècle, appelée règle bénédictine, avait connu un important développement dans toute l’Europe, notamment sous l’impulsion de Benoît d’Aniane au IXe siècle. Cependant, la persistance de différentes traditions monastiques au sein des abbayes, ainsi que la mauvaise connaissance de la règle de saint Benoît ou la difficulté de sa diffusion, amènent à la prise conscience, au début du Xe siècle, de la nécessité d’une réforme en profondeur du monachisme.

        L’importance du monastère bourguignon dans la vie religieuse des Xe-XIIee siècles, partie prenante des grands projets de la papauté ou des États, le grand nombre et la variété des sources permettant de retracer son histoire, le poids du monachisme dans l’Église et dans la société de cette époque, font de Cluny un « système ecclésial » qui reflète souvent les rouages et les évolutions de l’Église dans son ensemble. Elle ne parvient cependant pas à conserver sa suprématie face à la montée en puissance de nouveaux ordres religieux.

Plan : I) L’établissement d’un ordre religieux européen – II) Le rôle de Cluny - III) Un ordre contesté

I) L’établissement d’un ordre religieux européen

        A) La fondation de l’ordre

        L’abbaye de Cluny est créée par Guillaume Ier, duc d’Aquitaine et comte de Mâcon, dans le comté de Mâcon, par un acte rédigé à Bourges le 11 septembre 909 ou 910. Le domaine de Cluny est donné « aux apôtres Pierre et Paul », c’est-à-dire à l’Église romaine, pour y fonder un monastère de douze moines, suivant strictement la règle de saint Benoît et s’engageant à s’adonner au soulagement des pauvres, des indigents, des étrangers et des voyageurs. La protection du pape, ainsi que celle des apôtres Pierre et Paul dont l’abbaye obtient bientôt des reliques, lui assure d’emblée une indépendance vis-à-vis du pouvoir local, laïc ou épiscopal. L’autre élément garantissant l’indépendance du monastère, établi dans la charte de fondation, est la possibilité qu’ont les moines d’élire eux-mêmes leur abbé.

        Guillaume d’Aquitaine choisit comme premier l'abbé Bernon, membre de la famille des comtes de Bourgogne, abbé de Baume et de Gigny dans le Jura où il avait prôné la réforme. Il établit donc l’observance de la règle de saint Benoît, et entame la construction des bâtiments abbatiaux, appelés Cluny I. Il meurt en 926 après avoir désigné Odon comme successeur.

        C’est sous l’abbatiat d’Odon que l’abbaye de Cluny est reconnue comme chef d’ordre, que Cluny I est achevée et que le monastère obtient le droit de battre monnaie. Odon, mort en 942, a pour successeur Aimar, et surtout, peu après, Mayeul, dont l’abbatiat dure plus de 40 ans. Mayeul se sert de cette longue période de stabilité et de son habitude de la gestion pour conforter la puissance naissante de Cluny.

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