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LEP relégation ou valorisation- Aziz Jellab

Fiche de lecture : LEP relégation ou valorisation- Aziz Jellab. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Janvier 2019  •  Fiche de lecture  •  1 933 Mots (8 Pages)  •  538 Vues

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Aziz JELLAB : Il est né en 1966 et est de nationalité Française. Il débute sa carrière comme conseiller d’orientation et est aujourd’hui, inspecteur général de l’éducation nationale. Il obtient un doctorat en sociologie en 1992 sous la supervision de François DUBET, et un doctorat en Sciences de l’Education en 2000, sous la supervision de Bernard CHARLOT. Cette expérience de conseiller d’orientation, le pousse à s’interroger sur les lycées professionnels et ses élèves. « Aziz Jellab refuse en effet de ne voir dans les élèves de LP qu’une population scolairement dominée et, s’il reconnaît qu’il s’agit de « vaincus » du système qui vivent souvent avec amertume leur orientation, il souhaite avant tout réfléchir à la complexité des expériences qu’ils vivent, en mettant notamment l’accent sur le rapport aux savoirs et aux études »[1]. Il publiera plusieurs ouvrages et articles sur ce sujet. Il sera un précurseur quant aux recherches liées cette question.

Les voies Professionnelles, entre relégation et valorisation : Que nous apprennent les parcours d'élèves ?

Historiquement, la société et notamment le système scolaire Français a toujours valorisé les savoirs académiques au savoirs techniques, C'est ce qu’Aziz JELLAB cite comme « Une tradition ayant opposé les arts libéraux aux arts mécaniques ». On parle de hiérarchisation des parcours, des savoirs et des enseignements à tous les niveaux : les filières générales, techniques ou professionnels et on observe au cœur même de ces filières, d’autres formes de hiérarchisation entre les différentes disciplines enseignées.

Aujourd’hui, on assite à un débat autour de la question des finalités de l’Ecole. Le système scolaire est en pleine mutation comme l’atteste la loi d’orientation et de refondation de l’Ecole du 8 juillet 2013. On confronte l’enjeu de la transmission des savoirs et celui de la formation professionnelle de l’élève.  La notion de « compétences » en est l’illustration. « Que l'on songe à l'essor de la notion de compétence afin d'évaluer les apprentissages et qui concerne désormais toutes les disciplines enseignées au collège et au lycée - tout en manifestant une méfiance à l'égard de tout ce qui peut venir déstabiliser la forme scolaire, par crainte de sacrifier « la culture » à des savoirs pragmatiques et peu critiques. » p110

Les voix professionnelles jouissent dans la société et aussi dans le système scolaire, d’une image négative, et inférieur à celle des voix générales. Même s’il y a une explication historique et culturelle à ce fait, Aziz JELLAB vient mettre en lumière en quoi le mode de fonctionnement de l’institution scolaire a largement participé à l’amplification de ce phénomène.

Cependant, en étudiant le parcours des élèves « relégués » vers les lycées professionnels, il pointe les contradictions du système éducatif en s’appuyant sur le vécu de ses mêmes élèves, considérés comme étant des élèves en « échec scolaire » au collège, alors que leurs parcours au sein d’un LP leurs permet de vivre une forme de réhabilitation et d’émancipation scolaire.  

En effet, ces recherches nous permettent d’observer un profond changement qui s’opère chez ses élèves, tant dans leurs rapports aux savoirs, que dans leurs manières de se projeter dans leurs parcours scolaires. Aziz JELLAB évoque un phénomène de « scolarisation »[2] de ces élèves.

Qu’est ce qui permet ce basculement et qu’elles sont les effets induits chez les élèves scolarisés en lycée professionnelle ?

 

Relégation. Le fonctionnement du système éducatif et l’orientation vers les voies professionnelles :

Dans les années 70 et notamment au moment de la massification scolaire et de l’émergence des lycées professionnels, un basculement va s’opérer dans l’orientation des élèves vers ces lycées. On parle de « de filière de dérivation, où l’accès aux parcours les plus nobles reste l’affaire des classes les plus aisées »[3].

Cependant si à l’époque on observait qu’il y avait une corrélation entre classe social et orientation scolaire et qu’elle existe toujours, ce que les recherches d’Aziz JELLAB viennent soulever c’est le fait que les élèves orientés en lycée professionnel sont souvent des élèves décrits comme étant en échec au collège.

Cependant, il existe au sein des LP, une forte hiérarchisation des filières et des spécialités. Le public accueillis reste fragile, et une forte problématique d’absentéisme et de décrochage scolaire traverse les LP.

Même si les CAP continuent de bénéficier plus ou moins selon les secteurs, d’une image valorisante du fait de son « cadre » professionnel, on constate aujourd’hui que ce sont souvent les élèves plus fragiles scolairement et socialement qui suivent ces parcours.

L’apprentissage quant à lui, est peu associé à un ordre hiérarchique et reste perçu positivement dans les milieux professionnels et ce aussi du fait de son ancrage historique. Cependant il est aussi le reflet des réalités de monde du travail : « des jeunes d’origine immigrée (moreau, 2008), publics faisant souvent l’expérience d’une discrimination à l’embauche (safi, 2013). Et on observe aussi « les difficultés des publics ne disposant pas de réseaux relationnels ou de soutiens auprès de potentiels employeurs. » p113

La voie de l’apprentissage doit être réfléchie dans l’articulation entre cadre professionnel et du cadre scolaire en vue de l’obtention du certificat. Il doit être pensé comme un dispositif complémentaire au LP et il est nécessaire de mutualiser et de renouveler les pratiques pédagogiques afin de relever les défis face à « l’évolution du marché du travail ». p114  

Même si « l’argument institutionnel consistant à promouvoir les secteurs professionnels « porteurs » ne suffit pas pour susciter l’adhésion des élèves, ceux-ci pouvant parfaitement choisir des formations aux enjeux économiques incertains mais aux contenus curriculaires attractifs (le secteur de la petite enfance est emblématique à cet égard). » p110

« Ce que la réforme du bac pro trois ans a induit comme effet sur les élèves et l’image des voies professionnelles : » p 110

La réforme du BAC professionnel en 2007 a eu des effets « pluriels » p110. En 2005, il y a 11,4% de bachelier et 22,3% en 2015, chiffre qui a doublé. L’alignement sur la filière générale a permis de concevoir la voie professionnelle comme un chemin pouvant amener à des études supérieures. « Cela a conduit une part non négligeable des élèves à choisir le LP. Cela a entraîné une relative recomposition socio-démographique des élèves de LP qui sont plus jeunes et aspirent plus souvent à poursuivre des études à l’issue du baccalauréat. » p111

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