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La morale, bonheur et devoir

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Par   •  28 Novembre 2020  •  Cours  •  2 596 Mots (11 Pages)  •  832 Vues

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La morale,

bonheur et devoir.

II Morale du devoir

Kant comme Mill plus tard cherche à sortir du dilemme entre le désir de bonheur et l’injonction du devoir. Chacun essaie de trouver une issue en déterminant si et de quelle manière le désir naturel de bonheur et l’exigence du devoir sont conciliables.

Bilan sur la loi morale de Kant

Pour Kant, il ne s’agit pas exactement de renoncer au bonheur au nom de son devoir, mais de ne pas faire du désir du bonheur le mobile de son action, la cause en fonction de laquelle nous pourrions accomplir notre devoir. Nous avons à tenir nos promesses parce que nous le devons et non parce ce que nous calculons que leur transgression peut mettre en péril notre bonheur. Nous avons à tenir nos engagements moraux parce que nous nous le devons (à nous et à autrui, à nous comme à autrui). Introduire une condition (« si tu veux le bonheur il faut que tu… ») comme raison de notre action rend aussitôt hypothétique un tel « impératif ». Un impératif moral s’impose précisément comme catégorique, sans clause ou condition, sans aucune fin étrangère à l’accomplissement de la loi morale.

Cependant, tenir nos engagements moraux nous procure un contentement intérieur. En effet, quand nous agissons de manière morale, nous prenons conscience de l’autonomie de notre volonté, autrement dit :

- de notre capacité à nous donner une loi indépendamment de toute détermination externe ;

- et de nous y conformer par pur respect pour cette loi.

Kant souligne que la conscience de l’autonomie de sa volonté s’accompagne d’un contentement intérieur inaltérable : « en tant que je suis conscient de cette indépendance (indépendance de ma volonté) dans l’exécution de mes maximes morales, elle est l’unique source d’un contentement immuable, nécessairement lié avec elle, ne reposant sur aucun sentiment particulier, et qui peut s’appeler intellectuel. » Critique de la raison pratique, LI, chap. II. « Seul l’homme vertueux ou sur la voie de l’être est capable d’être purement et moralement satisfait. » Théorie et pratique.

Ainsi, agir moralement nous apporte, comme par surcroit, un contentement immuable, celui d’avoir bien agi, d’avoir agi comme nous devions le faire. Kant se tient dans l’assurance de la valeur absolue de la morale. L’intérêt est subordonné par lui à la valeur : « La moralité ne vaut pas pour nous parce qu’elle présente un intérêt mais elle présente un intérêt parce qu’elle vaut pour nous. » Fondements de la métaphysique des moeurs, 3e section.

Discussion de Kant : J.S. Mill et son utilitarisme

Le mot « utilitariste » ne désigne pas une personne exclusivement attachée à l’utilité pure ou à ses intérêts matériels, le principe de l’utilité est au contraire le suivant : le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. « Que la moralité de nos actions dépende des conséquences qu'elles produisent est la doctrine commune aux personnes raisonnables de toutes les écoles. Que le bien ou le mal attaché à ces conséquences se mesure exclusivement à travers la peine ou le plaisir qu'elles procurent est le seul point de doctrine qui appartienne en propre à l'école utilitariste. »

John Stuart Mill, Essai sur Bentham, 1838

Les penseurs « utilitaristes » comme Mill vont s’opposer à la conception rigoriste de la morale élaborée par Kant. Pourquoi le principe du plus grand bonheur ne serait-il pas un principe moral ? Ils conçoivent la morale comme l’expression même d’un calcul efficace permettant de trouver le plus grand bonheur possible, qu’il s’agisse de l’individu ou du plus grand nombre. En effet, pourquoi le bonheur ne pourrait-il pas être l’objet d’un calcul ? Et pourquoi ne serait-il pas moral de s’employer à le déterminer ?

Lecture du texte 1 de Mill :

« C’est la fonction de la morale de nous dire quels sont nos devoirs, ou quel est le critère qui nous permet de les reconnaître ; mais aucun système de morale n’exige que le seul motif de tous nos actes soit le sentiment du devoir : au contraire, nos actes, dans la proportion de quatre-vingt-dix-neuf sur cent, sont accomplis pour d’autres motifs, et, tout de même, sont des actes moraux si la règle du devoir ne les condamne pas. Il est particulièrement injuste de fonder sur cette singulière méprise une objection contre l’utilitarisme. Car les utilitaristes, allant plus loin que la plupart des autres moralistes, ont affirmé que le motif n’a rien à voir avec la moralité de l’action quoiqu’il intéresse beaucoup la valeur de l’agent. Celui qui sauve un de ses semblables en danger de se noyer accomplit une action moralement bonne, que son motif d’action soit le devoir ou l’espoir d’être payé de sa peine »

John Stuart Mill, L’utilitarisme (1861) 

Selon l’auteur, la moralité d’une action ne peut se mesurer à l’aune des intentions. Le motif n’a rien à voir avec la moralité d’une action. Ce qui fait qu’une action est morale réside dans la conformité de l’action au devoir. Sauver un homme de la noyade est un acte moral, qu’il soit accompli par devoir ou par espoir d’être admiré. Trahir un ami est un acte immoral que ce soit par négligence ou pour aider un autre ami. Ce sont les conséquences favorables au bonheur d’une action qui la rende moralement bonne. Ce que les utilitaristes désignent par le vocable « morale » ne serait aux yeux de Kant qu’un calcul de prudence ! C’est un point de tension entre deux conceptions de la moralité. Pour Mill, l’intérêt a non seulement sa place en morale mais la morale n’est qu’une doctrine de l’intérêt bien compris ou maximalisé. Pour les utilitaristes donc, la seule considération de l’intention pour évaluer la valeur morale d’un acte est contestable. Peu importe les mobiles, c’est l’action qui fait la moralité de la conduite. Que nous trouvions un intérêt à faire notre devoir, que nous estimions que ceci va probablement contribuer à nous rendre heureux ne gâche en rien la moralité de l’acte. Oui, nous calculons que rendre service à autrui, le secourir peut en retour nous être fort utile et concourir à notre bonheur. C’est la plupart du temps ainsi que nous raisonnons et motivons nos décisions. En quoi serait-ce contraire à la morale ?

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