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La morale, le devoir

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Par   •  14 Avril 2021  •  Cours  •  2 973 Mots (12 Pages)  •  540 Vues

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        La morale, le devoir

        Introduction

        Au sens général du terme, une « morale » est un ensemble de valeurs et de règles de comportement à propos de la vie en général. Elle concerne la question du « comment vivre » en général (pas seulement la question du bien et du mal). En ce sens, on parle par exemple de la « morale épicurienne », dont la question centrale est : comment avoir une vie heureuse ?

Mais au sens restreint du terme, une « morale » est un ensemble de valeurs et de règles de comportement à propos de notre rapport à autrui. Elle est centrée sur la question du bien et du mal. Dire qu’un comportement est « moral » ou « immoral » fait référence à cette notion de morale.

La morale au sens général sera abordée dans le cours sur le bonheur. Dans ce cours, on ne considérera donc que la morale au sens restreint du terme. La question centrale est alors de savoir si la morale (càd les notions de bien et de mal) est quelque chose de naturel chez l’homme, ou si elle seulement une invention des hommes. Dans le premier cas, la morale aurait quelque chose d’universel car si elle est naturelle, elle concerne tous les hommes. Dans le second cas, la morale pourrait n’être que relative à tel ou tel groupe social.

Nous étudierons successivement trois théories classiques de la morale, en philosophie, qui ne répondent pas de la même manière à cette question.

1) La morale selon Kant

1.1) Morale sociale et morale rationnelle

Il est évident que, dans chaque société, il existe une certaine morale, càd une certaine conception de ce qui est bien et mal de faire.

Cette morale apparaît dans des lois : par exemple la loi qui interdit de tuer un homme (sauf cas particuliers, par exemple pour les militaires, les policiers, etc.) ou de s’emparer de ses biens. Mais elle dépasse largement le cadre des lois, au sens où un individu peut se sentir obligé socialement d’agir d’une certaine manière sans que cela soit juridiquement obligatoire : par exemple, être poli, être serviable, ne pas mentir aux autres, etc. Comme cette morale est liée à une société particulière, et que différentes sociétés peuvent avoir différentes morales, on peut parler de « morale sociale ».

Maintenant, un problème se pose : si toute morale est sociale, cela veut dire que toute morale est relative à une société, et par conséquent qu’il n’existe pas de bien et de mal absolus. Cette position s’appelle le relativisme. D’un côté, elle paraît sympathique au sens où elle ne privilégie aucune société par rapport à une autre, aucune morale par rapport à une autre. D’un autre côté, elle conduit à admettre qu’une morale qui prônerait la violence extrême, l’inégalité (par exemple entre hommes et femmes), etc., a autant de valeur qu’une autre. Autrement dit, elle conduit à admettre que, en matière de morale, tout se vaut.

Kant rejette le relativisme. D’après lui, la morale doit avoir un fondement rationnel. Ainsi, de même que la science (œuvre de la raison) se distingue des croyances (càd de la tradition), la morale rationnelle doit se distinguer de la morale sociale.

1.2) L’hypothèse de Kant

Kant (XVIIIe) fait donc l’hypothèse que la raison humaine peut indiquer à chacun ce qui est bien ou mal. Autrement dit, l’idée est que, dans les diverses situations que nous rencontrons, notre raison peut nous dire ce qu’est notre devoir moral.

D’après Kant, le devoir moral peut se résumer en une seule formule : « Agis de telle façon que tu traites l’humanité toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen » (Kant, 1785). Cette formule veut dire ceci : tu ne dois jamais considérer autrui comme un simple moyen pour tes propres fins (buts) ; tu dois aussi le considérer comme une fin, càd le respecter comme personne. Dans la vie de tous les jours, les autres sont souvent des moyens pour nous, càd des aides. Cela n’est pas immoral, à condition de ne pas réduire les autres à cela. Exemple : un chef d’entreprise fait prospérer son entreprise grâce au travail de ses salariés, qui sont alors des moyens pour lui. Il y a deux cas possibles : soit ce chef d’entreprise cherche à donner à ses salariés de bonnes conditions de travail, un bon salaire, etc. (ils les considèrent alors comme fins) ; soit il cherche uniquement à les exploiter au maximum, sans aucun souci pour eux (ils les considèrent alors comme simples moyens).

                 A) Illustrez l’idée de Kant par un autre exemple

D’après Kant, notre raison nous dit ce qu’est notre devoir moral, ce qui ne veut pas dire que nos intentions et actions soient toujours morales, loin de là ! Car, du fait de notre nature, nous sommes aussi tentés de n’agir que pour notre intérêt, en méprisant totalement les intérêts d’autru

i. Autrement dit, Kant ne défend pas l’idée que l’homme est moralement bon. Il défend seulement l’idée que, grâce à sa raison, l’homme sait ce qui est moral (bien/mal).

1.3) Une brève critique de l’hypothèse de Kant

Kant fonde la morale uniquement sur la raison, alors que les sentiments semblent aussi jouer un rôle important. Un fait assez banal est que nous pouvons être émus par la détresse d’autrui et vouloir lui venir en aide. Dans ce cas, notre intention morale repose d’abord sur une émotion : c’est notre émotion qui nous incite à vouloir aider autrui ; notre raison sert ensuite à déterminer une manière d’agir.

On trouve cette idée de morale liée à l’émotion chez Rousseau (XVIIIe). Pour Rousseau, les hommes ont donc une capacité naturelle à la morale (qui coexiste avec leurs penchants égoïstes évidemment), qui s’exprime d’abord par des sentiments. Il est difficile de savoir si cette capacité est vraiment naturelle chez l’homme, ou seulement apprise (càd sociale).

Les travaux actuels montrent que les grands singes sont naturellement capables d’empathie pour leurs semblables.

B) Que pourrait-on déduire de ces travaux ?

2) La morale selon Bergson

Bergson (XXe) distingue deux grands types de morale : la « morale close » et la « morale ouverte ».

2.1) La « morale close »

Il s’agit des règles de vie en commun que nous apprenons depuis l’enfance, et que nous finissons par appliquer par habitude. Cela englobe les règles morales de base (ne pas tuer, ne pas blesser, ne pas voler, etc.), mais aussi les règles religieuses, les règles de politesse, etc. Ces règles viennent d’un groupe social clos, càd limité : une famille, une tribu, une communauté, un pays. Elles sont avant tout au service de ce groupe social, au sens où elles permettent une vie ordonnée au sein de ce groupe. Elles peuvent être hostiles ou indifférentes pour les individus qui ne font pas partie du groupe social. Par exemple, elles peuvent ne pas obliger à la solidarité pour un individu extérieur au groupe.

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