Thérèse Raquin

Afin de répondre à la question, il est important d'isoler le chat, prénommé François. Serte ce n'est qu'un animal mais dans ce récit, il est un élément important. En effet, nous pouvons le retrouver lors de certains moments dans le roman.

Tout d'abord, ce chat apparaît toujours dans une sorte de pose pictural. Au chapitre I, il complète le tableau que le romancier fait des deux femmes. Nous sommes forcés de constater que le nom que porte l'animal le personnifie et fait de lui un membre à part entière de la famille Raquin. Il est présenté comme « un gros chat tigré, accroupi sur un angle du comptoir » (p 55). Par la suite, ce chat est très vite associé à Thérèse, comme attribut décoratif et signifiant. François est une extériorisation symbolique de la sexualité féminine, invisible sous l'allure paisible mais animal, donc imprévisible. Il est le seul à garder son indépendance mystérieuse et est un symbole ambivalent et fascinant, oscillant entre le doux et le sournois.

Ensuite, lors de l'adultère de Thérèse et de Laurent, François en est le témoin. En effet, dans le chapitre VII, il assiste à une scène entre les deux amants, « Le chat tigré, François, était assis sur son derrière, au beau milieu de la chambre. Grave, immobile, il regardait de ses yeux ronds les deux amants. Il semblait les examiner avec soin, sans cligner les paupières, perdu dans une sorte d'extase diabolique. » (p 91). Thérèse, sur le ton de l'ironie, raconta à Laurent que le chat pouvait aller conter tout à Camille. L'homme le prit au sérieux. Depuis cela, le chat devint un ennemi et un danger pour Laurent. Ils vont même jusqu'à halluciner sa présence.

Enfin, l'animal devient progressivement la réincarnation de Camille. Au chapitre XII, Laurent croit que Camille est entré dans le chat : « Camille est entré dans ce chat, pensa-t-il. Il faudra que je tue cette bête... Elle a l'air d'une personne. » (p 187). François, comme Camille, accède ensuite à la dignité paradoxale d'assassiné, au chapitre XXX. La scène est traité avec un sens du détail qui l'aligne sur celle du chapitre XI, qui se trouve être la mort de Camille, : « Laurent ouvrit toute grande la fenêtre de la salle à manger, et vint prendre le chat par la peau du coup. Mme Raquin comprit ; deux grosses larmes coulèrent sur ces joues. Le chat se mis à jurer, à se roidir, en tâchant de se retourner pour mordre la main de Laurent » (p 257). Jeté dans l'air comme Camille a été jeté dans l'eau, le chat, saisi de la même manière que l'homme, se débat avec la même énergie désespérée que son maître et cherche à infliger à son tour une ultime morsure à son agresseur. Les deux femmes réagissent de façon tout aussi significative : « Thérèse eut une atroce crise de nerf » et Mme Raquin «  pleura François presque autant qu'elle avait pleuré Camille » (p 258).

En conclusion, lors du premier chapitre, le chat est identifié à Thérèse dont le tempérament nerveux évoque celui d'un félin. Après, durant le cinquième chapitre, François est considéré comme un témoin et va, par la suite, devenir un danger pour l'amant. Pour finir, l'animal est la réincarnation de Camille. Et va même subir presque la même mort que ce dernier. Nous sommes forcé de constater que, tout au long du roman, le chat est associé à un Homme. De ce fait, il y a un renforcement de la personnification de François.