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Textes De Sophocle, Marivaux, J. Anouilh, B.-M. Koltès

Compte Rendu : Textes De Sophocle, Marivaux, J. Anouilh, B.-M. Koltès. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Février 2014  •  3 161 Mots (13 Pages)  •  1 051 Vues

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Question

Documents

Sophocle, Antigone, Ve siècle av. J.-C. (vers 441-472).

Marivaux, L'Île des esclaves, 1725 (extrait des scènes 1 et 2).

Jean Anouilh, Antigone, La Table ronde, 1944.

Bernard-Marie Koltès, Le Retour au désert, Minuit, 1988.

Après avoir défini l'enjeu de l'affrontement dans chacune de ces scènes, vous direz laquelle vous paraît la plus intense. Vous justifierez votre choix.

Après avoir répondu à cette question, les candidats devront traiter au choix un des trois sujets nos 14, 15 ou 16.

Document A

CRÉON. - Et toi, maintenant, réponds-moi, sans phrases, d'un mot. Connaissais-tu la défense que j'avais fait proclamer ?

ANTIGONE. - Oui, je la connaissais : pouvais-je l'ignorer ? Elle était des plus claires.

CRÉON. - Ainsi tu as osé passer outre à ma loi ?

ANTIGONE. - Oui, car ce n'est pas Zeus qui l'avait proclamée ! ce n'est pas la Justice, assise aux côtés des dieux infernaux ; non, ce ne sont pas là les lois qu'ils ont jamais fixées aux hommes, et je ne pensais pas que tes défenses à toi fussent assez puissantes pour permettre à un mortel de passer outre à d'autres lois, aux lois non écrites, inébranlables, des dieux ! Elles ne datent, celles-là, ni d'aujourd'hui ni d'hier, et nul ne sait le jour où elles ont paru. Ces lois-là, pouvais-je donc, par crainte de qui que ce fût, m'exposer à leur vengeance chez les dieux ? Que je dusse mourir, ne le savais-je pas ? Et cela, quand bien même tu n'aurais rien défendu. Mais mourir avant l'heure, je le dis bien haut, pour moi, c'est tout profit : lorsqu'on vit comme moi, au milieu de malheurs sans nombre, comment ne pas trouver de profit à mourir ? Subir la mort pour moi n'est pas une souf879. C'en eût été une, au contraire, si j'avais toléré que le corps d'un fils de ma mère n'eût pas, après sa mort, obtenu un tombeau. De cela, oui, j'eusse souffert ; de ceci je ne souffre pas. Je te parais sans doute agir comme une folle. Mais le fou pourrait bien être celui même qui me traite de folle.

LE CORYPHÉE. - Ah ! qu'elle est bien sa fille ! la fille intraitable d'un père intraitable. Elle n'a jamais appris à céder aux coups du sort.

Sophocle, Antigone, 442 av. J.-C., scène dite « des Lois » (v. 441-472), trad. Paul Mazon, Les Belles Lettres, 1962.

Document B

La scène se passe sur une île ; Iphicrate, citoyen d'Athènes, vient d'y être jeté par la tempête en compagnie de son esclave Arlequin. Ils sont apparemment les seuls survivants du naufrage. Nous sommes dans une antiquité de convention.

Scène 1

IPHICRATE. - Eh ! ne perdons point de temps, suis-moi, ne négligeons rien pour nous tirer d'ici ; si je ne me sauve, je suis perdu, je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l'île des Esclaves.

ARLEQUIN. - Oh, oh ! Qu'est-ce que c'est que cette race-là ?

IPHICRATE. - Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.

ARLEQUIN. - Eh ! chaque pays a sa coutume ; ils tuent les maîtres, à la bonne heure, je l'ai entendu dire aussi, mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi.

IPHICRATE. - Cela est vrai.

ARLEQUIN. - Eh ! encore vit-on.

IPHICRATE. - Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie ; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre ?

ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire. - Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste.

IPHICRATE. - Suis-moi donc.

ARLEQUIN siffle. - Hu, hu, hu.

IPHICRATE. - Comment donc, que veux-tu dire ?

ARLEQUIN, distrait, chante. - Tala ta lara.

IPHICRATE. - Parle donc, as-tu perdu l'esprit, à quoi penses-tu ?

ARLEQUIN, riant. - Ah ! ah ! ah ! Monsieur Iphicrate la drôle d'aventure ; je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m'empêcher d'en rire.

IPHICRATE, à part les premiers mots. - Le coquin abuse de ma situation, j'ai mal fait de lui dire où nous sommes. Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos, marchons de ce côté.

ARLEQUIN. - J'ai les jambes si engourdies.

IPHICRATE. - Avançons, je t'en prie.

ARLEQUIN. - Je t'en prie, je t'en prie ; comme vous êtes civil1 et poli ; c'est l'air du pays qui fait cela.

IPHICRATE. - Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens ; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.

ARLEQUIN, en badinant. - Badin2 ! comme vous tournez cela !

Il chante.

L'embarquement est divin.

Quand on vogue, vogue, vogue,

L'embarquement est divin

Quand on vogue avec Catin3.

IPHICRATE, retenant sa colère. - Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin.

ARLEQUIN. - Mon cher patron, vos compliments me charment ; vous avez coutume de m'en faire à coups

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