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Texte De Bergson

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Par   •  1 Février 2012  •  2 245 Mots (9 Pages)  •  2 165 Vues

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Expliquer le texte suivant :

Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. Cette tendance, issue du besoin, s’est encore accentuée sous l’influence du langage. Car les mots (à l’exception des noms propres) désignent des genres. Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal, s’insinue entre elle et nous […]. Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d’âme qui se dérobent à nous dans ce qu’ils ont d’intime, de personnel, d’originalement vécu. Quand nous éprouvons de l’amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d’absolument nôtre ? Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous musiciens. Mais, le plus souvent, nous n’apercevons de notre état d’âme que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu’il est à peu près le même dans les mêmes conditions, pour tous les hommes. Ainsi, jusque dans notre propre individu, l’individualité nous échappe. Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles, comme en un champ clos où notre force se mesure utilement avec d’autres forces ; et, fascinés par l’action, attirés par elle, pour notre plus grand bien, sur le terrain qu’elle s’est choisi, nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi à nous-mêmes.

Bergson

1. Détermination du problème

1.1. Détermination du thème

Bergson expose dans ce texte comment le langage accentue l’écart entre la réalité du monde et la représentation que nous nous en faisons.

1.2. Définitions

Selon l’habitude de Bergson, le texte est rédigé dans un style limpide. Il ne présente pas de difficulté terminologique majeure. Néanmoins, il conviendra, dans le cours de la copie, de définir brièvement « langage », « conscience » ou « besoin », mais en principe, ces termes examinés dans le cours ne devraient pas poser de difficulté majeure.

1.3. Détermination de la thèse

L’extrait traite pour l’essentiel du problème du langage, notamment des noms communs, et de la vision du monde tronquée, réductrice, qu’ils véhiculent ; mais il ne faut pas perdre de vue le cadre dans lequel cette thèse de Bergson s’inscrit : le langage ne fait, indique-t-il, qu’accentuer un problème préexistant : la prédominance en nous de préoccupations utilitaires.

1.4. Détermination du problème

D’où nous vient cette impression que le langage échoue parfois à traduire nos pensées ou nos sentiments ? Question essentielle, puisque la valeur de la communication se trouve ici en question. Si nous parvenons à déterminer la cause de ces imprécisions apparentes, alors peut-être parviendrons-nous à les surmonter.

1.5. Plan du texte

Bergson situe d’abord le problème : le langage, loin d’avoir minimisé l’effet néfaste de la conscience, qui nous éloigne du monde, l’a au contraire accentué par le recours aux noms communs, par nature réducteurs.

Ensuite (à partir de « Et ce ne sont pas seulement… »), il transpose le problème au cas particulier de nos propres sentiments.

Enfin (à partir de « Ainsi, jusque dans notre propre individu… »), il montre l’étendue de l’illusion dans laquelle nous nous complaisons.

2. Explication

2.1. Première partie

« Nous ne voyons pas les choses mêmes », attaque Bergson : affirmation fondamentale, et même inaugurale, de la philosophie. Ce constat semble en effet s’imposer dès lors que nous entérinons la différence entre la stabilité des choses autour de nous et la variation presque infinie des sensations qu’elles nous procurent (voir ce cours). Il n’existait ici nulle difficulté, et, qu’on cite Russell, Sextus Empiricus, Descartes ou encore Platon, les auteurs de référence ne manquaient pas pour approfondir.

Bergson ajoute tout de même une précision : l’écart entre le monde et la représentation que nous nous en faisons, qui correspond exactement au problème de la subjectivité tel qu’il est exposé dans ce cours, ne consiste pas tant à fausser le réel qu’à le simplifier abusivement : « nous nous bornons […] à lire des étiquettes ». L’auteur ajoute qu’il s’agit là pour nous d’une « tendance issue du besoin », sous-entendu que cette simplification par la conscience favorise la satisfaction de nos besoins (manger, boire, dormir…) – autrement dit, que cette simplification constitue un atout pour la survie. Ce point méritait examen et explication, par exemple par le recours à Nietzsche (Gai Savoir, §111) ; mais sans citer cet auteur, il était quand même possible de signaler que, dans un contexte de lutte pour la survie, l’individu a intérêt à négliger les différences singulières qui peuvent exister entre tel ours et tel autre ours, ou entre telle pomme et telle autre pomme. Celui qui identifie plus vite les dangers les uns aux autres, ou les sources de nourriture les unes aux autres, donc qui simplifie le réel en négligeant les différences individuelles, semble effectivement mieux parti que celui qui au contraire distinguerait minutieusement les petits détails.

La conscience perçoit les choses grosso modo ; et cette inclination naturelle se trouve aggravée par le langage. Par définition, un nom commun désigne les propriétés que partagent plusieurs choses. « Vache » réfère à la forme générale d’une grosse bête placide pourvue de cornes, apte à produire du lait ; mais « vache » ne nous renseigne pas du tout sur la couleur ou la disposition des taches de Marguerite ou de Roussette, ni sur leur âge, leur vécu etc. Comprenons bien. Marguerite et Roussette sont toutes deux des vaches : le rapprochement entre elles se justifie pleinement car elles présentent de nombreux caractères communs ; mais Marguerite et Roussette,

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