Présentation des personnages

1. PRESENTATION DES PERSONNAGES

Les personnages principaux du roman, ou, comme l’auteur les considère comme tel, sont :

• Jan Kubis, soldat er résistant tchèque qui nait en Moravie. Il sera formé et envoyé Par les Britanniques sur le sol de Prague pour assassiner le général SS Reinhard Heydrich en mai 1942. Pour cela, il participe à l’opération Anthropoïde. Il est de caractère très discret, sérieux, calme, réservé et discipliné en plus d’être un homme fiable. Il est de grande taille, « débonnaire et réfléchi ».          
• Josef Gabcik, militaire slovaque, qui sera lui aussi engagé dans l’opération secrète menée par Benes depuis Londres, Anthropoïde. Contrairement à son compagnon, il est plus joyeux et extraverti. De petite taille, il est un « sanguin énergique »
• Nous pouvons également considérer Heydrich comme étant parti un des personnages principaux de l’œuvre puisque c’est autour de lui que tourne l’économie du roman, d’autant plus que son titre porte un acronyme qui le désigne directement : HHHH signifie en effet « Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich ». Même si un nombre important de pages lui sont consacrées cela ne légitime pas le fait que ce protagoniste porte le statut de personnage principal. Chef de la Gestapo et des services secrets nazis, gouverneur de Bohème-Moravie et bras droit d’Himmler, Heydrich est présenté comme un personnage terrifiant.

1. LE NARRATEUR ET L’AUTEUR SONT-ILS CONFONDUS ?

Le narrateur, c’est-à-dire l’entité faite de papier d’encre qui prend en charge la narration du récit, se confond avec l’auteur, Laurent Binet. En effet, ces derniers semblent former qu’une seule et même personne dont les voix s’entrecroisent dans le roman. D’un côté apparaît donc l’auteur, l’être de chair et de sang (Laurent Binet), qui intègre dans plusieurs chapitres de son roman quelques scènes de sa vie personnelle ; prenons l’exemple de celle avec Fabrice, son ancien ami de fac, avec lequel il discute du roman et plus particulièrement de la véracité des faits racontés, du réel et de la fiction. D’autre part, le narrateur s’immisce au cœur de la narration en critiquant par exemple ses personnages ou en utilisant le « je ».         Intérieur au récit, le narrateur se mêle à l’auteur pour devenir et devient même un autre protagoniste du récit.                                                                          

1. RESUMER L’HISTOIRE QUE LE NARRATEUR A VOULU RACONTER

A travers ce roman, Laurent Binet nous relate le sinistre itinéraire de Heydrich ainsi que celui de ceux qui ont vécu à son époque mais aussi la sienne. Tout d’abord, celui-ci a voulu nous raconter le plus fidèlement possible les faits tels qu’ils se sont déroulés mais également nous donne à voir une histoire telle qu’il l’a pensée et voulue nous rendre compte. Il écrit en effet à la page 31 : « Je prends donc le parti de styliser quelque peu mon histoire […] il me faudra résister à la tentation d’étaler mon savoir en détaillant trop telle ou telle scène sur laquelle je suis surdocumenté ». Ainsi, il nous raconte par exemple que la voiture d’Heydrich, avec laquelle il déambulait dans les rues de Prague, était une Mercedes verte alors que celle-ci semblait être plutôt noire selon certaines sources. En outre, l’auteur ne se borne pas qu’à raconter l’histoire d’Heydrich puisqu’il intègre aussi celle de Kubis, de Gabcik ou encore celle des nombreuses familles résistantes qui ont pu aider la Résistance tchèque à cette période de l’histoire. Mais, en parallèle, il intègre quelques bribes de son histoire personnelle, celle qui existe en dehors de son livre.                                                                         Finalement, l’histoire qu’a voulu raconter l’auteur n’est pas une histoire comme une autre ; c’est une histoire dont l’auteur s’empare personnellement et qu’il essaie, malgré tout, de restituer avec le plus de justesse possible.  

1. DISTINGUER LES DEUX PARTIES DU ROMAN

La première partie du roman, la plus longue, débute par l’intervention directe du narrateur qui nous présente un de ses personnages principaux : Gabcik. Il l’imagine dans une chambre d’appartement de Prague « plongé dans l’obscurité ». C’est une manière pour l’auteur de nous exposer sa volonté de « rendre hommage » à ce « personnage » qui a « vraiment existé » et, qui forme à ses yeux, l’ « un des plus grands actes de résistance de l’histoire humaine ». Dès lors, il nous expose l’espace ténu qui sépare la fiction du réel dans la littérature, face auquel il ne peut échapper. Ainsi, jusqu’au chapitre 221, il portera de telles réflexions en narrant, en parallèle, les faits marquants mais aussi inattendues de la vie de Heydrich et d’autres personnages de son époque jusqu’à l’explosion de la bombe destinée à le tuer.                                                                                                 La seconde partie du roman est, quant à elle, plus succincte car elle s’étend sur 35 chapitres et s’ouvre sur une note du journal de Göbbels, l’un des dirigeants les plus influents du régime nazi, datée du jour de l’attentat : « Une rumeur alarmante vient de Prague ». Cette partie s’achève néanmoins sur un épisode très fictionnel, imaginé de toute part par l’auteur lui-même dans lequel les personnages semblent avoir repris vie, bien que morts dans la crypte d’une église de Prague. Ces derniers sont transportés sur un paquebot sur lequel semble apparaître l’écrivain lui-même et Natacha, comme il l’écrit, à la dernière phrase du roman : « Une jeune femme qui ressemble à Natacha se tient sur le pont […] et moi aussi, peut-être, je suis là ». Cette phrase met en avant l’intrusion de l’auteur dans son roman qui se fait plus ressentir dans cette seconde partie.

1. DANS QUELLE MESURE PEUT-ON DIRE QUE HHHH N’EST PAS UN ROMAN HISTORIQUE ?

Le roman historique se caractérise principalement par une toile de fond narrative relatant un évènement particulier de l’histoire. Il apparaît à la fin du XVIIème siècle ayant pour auteurs phares Madame de Lafayette ou encore César Vichar de Saint-Réal ; Walter Scott peut être également désigné comme le créateur du genre en tant que tel. D’apparence vraisemblable quant à la vérité historique, le roman historique a pour objectif d’écrire l’histoire (ou de la retranscrire) sans en inventer une autre. Ainsi, il met le plus souvent en scène des épisodes marquants de l’histoire agrémentés de passages narratifs rapides et d’un cadre reconstitué avec minutie et exactitude.

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