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Le Roman Et Ses Personnages : Visions De L'homme Et Du Monde

Note de Recherches : Le Roman Et Ses Personnages : Visions De L'homme Et Du Monde. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Février 2012  •  1 422 Mots (6 Pages)  •  2 882 Vues

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Objet d’étude

Le sujet comprend :

Texte A – Victor Hugo, Les Misérables, 4ème partie, livre 12, 1862

Texte B – Gustave Flaubert, L’Education sentimentale, troisième partie, I, 1869

Texte C – Emile Zola, La Fortune des Rougon, chapitre I, 1871

TEXTE A – Victor Hugo, Les Misérables, 4ème partie, livre 12

Gavroche, un gamin de Paris, aide les insurgés qui construisent une barricade, au cours de

l’émeute parisienne de juin 1832.

Gavroche, complètement envolé et radieux, s’était chargé de la mise en train. Il allait,

venait, montait, descendait, remontait, bruissait, étincelait. Il semblait être là pour

l’encouragement de tous. Avait-il un aiguillon ? oui certes, sa misère ; avait-il des ailes ? oui

certes, sa joie. Gavroche était un tourbillonnement. On le voyait sans cesse, on l’entendait

toujours. Il remplissait l’air, étant partout à la fois. C’était une espèce d’ubiquité1 5 presque

irritante ; pas d’arrêt possible avec lui. L’énorme barricade le sentait sur sa croupe. Il gênait

les flâneurs, il excitait les paresseux, il ranimait les fatigués, il impatientait les pensifs, mettait

les uns en gaieté, les autres en haleine, les autres en colère, tous en mouvement piquait un

étudiant, mordait un ouvrier ; se posait, s’arrêtait, repartait, volait au-dessus du tumulte et de

10 l’effort, sautait de ceux-ci à ceux-là, murmurait, bourdonnait, et harcelait tout l’attelage ;

mouche de l’immense Coche révolutionnaire.

Le mouvement perpétuel était dans ses petits bras et la clameur perpétuelle dans ses

petits poumons :

- Hardi ! encore des pavés ! encore des tonneaux ! encore des machins ! où y en a-t-il ?

15 Une hottée2 de plâtras pour me boucher ce trou-là. C’est tout petit votre barricade. Il faut que

ça montre. Mettez-y tout, flanquez-y tout, fichez-y tout. Cassez la maison. Une barricade,

c’est le thé de la mère Gibou3. Tenez, voilà une porte vitrée.

Ceci fit exclamer les travailleurs.

- Une porte vitrée ! Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse d’une porte vitrée, tubercule4 ?

20 - Hercules vous-mêmes ! riposta Gavroche. Une porte vitrée dans une barricade, c’est

excellent. Ça n’empêche pas de l’attaquer, mais ça gêne pour la prendre. Vous n’avez donc

jamais chipé des pommes par-dessus un mur où il y avait des culs de bouteilles ? Une porte

vitrée, ça coupe les cors aux pieds de la garde nationale5 quand elle veut monter sur une

barricade. Pardi ! le verre est traître. Ah ça, vous n’avez pas une imagination effrénée, mes

25 camarades !

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1 Capacité d’être dans plusieurs lieux à la fois.

2 Contenu d’une hotte pleine.

3 Boisson faite de beaucoup de mélanges.

4 Racine qui est une réserve nutritive pour une plante ; ici, allusion à la petite taille de Gavroche.

5 Soldats envoyés pour mater la révolte.

TEXTE B – Gustave Flaubert, L’Education sentimentale, III. 1, 1869

Frédéric, le héros de l’Education sentimentale, assiste avec son ami Hussonnet au saccage

du Palais des Tuileries, au cours de la Révolution de 1848.

Tout à coup la Marseillaise retentit. Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe.

C’était le peuple. Il se précipita dans l’escalier, en secouant à flots vertigineux des têtes

nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules, si

impétueusement, que des gens disparaissaient dans cette masse grouillante qui montait

toujours, comme un fleuve refoulé par une marée d’équinoxe, avec un 5 long mugissement,

sous une impulsion irrésistible. En haut, elle se répandit, et le chant tomba.

On n’entendait plus que les piétinements de tous les souliers, avec le clapotement des

voix. La foule inoffensive se contentait de regarder. Mais, de temps à autre, un coude trop à

l’étroit enfonçait une vitre ; ou bien un vase, une statuette déroulait d’une console, par terre.

10 Les boiseries pressées craquaient. Tous les visages étaient rouges ; la sueur en coulait à

larges gouttes ; Hussonnet fit cette remarque :

- « Les héros ne sentent pas bon ! »

- « Ah ! vous êtes agaçant », reprit Frédéric.

Et poussés malgré eux, ils entrèrent dans un appartement où s’étendait, au plafond, un

15 dais de velours rouge. Sur le trône, en dessous, était assis un prolétaire à barbe noire, la

chemise entr’ouverte, l’air hilare et stupide comme un magot1. D’autres gravissaient l’estrade

pour s’asseoir à sa place.

- « Quel mythe ! » dit Hussonnet. « Voilà le peuple souverain ! »

Le fauteuil fut enlevé à bout de bras, et traversa toute la salle en se balançant.

20 - « Saprelotte ! comme

...

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