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Par Bastien DRAGON: Commentaire 14 Juillet Ponge

Commentaire de texte : Par Bastien DRAGON: Commentaire 14 Juillet Ponge. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2019  •  Commentaire de texte  •  4 570 Mots (19 Pages)  •  2 605 Vues

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Analyse de texte : « 14 JUILLET », Ponge.                                                Bastien DRAGON

Ponge est un écrivain et poète du XXe siècle. Il se caractérise par son indépendance au niveau des courants littéraires, une singularité qui le pousse notamment à s’éloigner des codes de la poésie. Ponge a pour but de rendre compte des sujets qu’il traite avec la plus grande précision possible, c’est ce qu’il fait notamment dans son recueil « Le Parti pris des choses » où il tente de rendre compte des qualités caractéristiques d’objets du quotidien comme « L’huitre ». Il s’attarde ainsi sur l’étymologie des mots qu’il emploie, mais aussi sur les lettres, les signes qui les composent. Il se place ainsi dans une démarche de « cratylisme » qui fait référence au personnage Cratyle de Platon qui soutient l’existence d’une correspondance entre le signifiant (son et forme) et ce qu’il désigne, le signifié.

Le poète nous propose ainsi un poème en prose dans son recueil Pièces de 1961, « 14 JUILLET » qui se situe au début du recueil entre le poème « La barque » et « Le grenier ». Nous pouvons déjà remarquer que le poème à propos de la Révolution Française, est donc encadré par deux poèmes dont les sujets sont physiques. De plus, notre poème est prose, ce permet d’attirer l’attention du lecteur non pas sur la rime, mais sur la forme, la sonorité et l’étymologie des mots. Le poème « 14 JUILLET » met ainsi en exergue une poésie ludique où l’enjeu va être de rendre compte du sujet de la manière la plus fidèle possible, ce par le langage sans basculer dans une simple description. Ainsi, tout ce poème contiendra des mots et des syntagmes qui pourront être, de manière ludique, doublement interprétées. Ponge parle à cet égard d’« Ob-jeux », forme contractée d’ « objet » et de « jeux ». Avec ce poème, nous rompons avec la tradition humaniste, nous quittons la description objective pour aboutir à une sublimation du sujet à travers un langage mêlant subjectivité, affectivité et interprétation. Dans ce poème, « 14 JUILLET », Ponge propose une vision plurielle de l’évènement du 14 Juillet, la Révolution Française.

Ainsi, nous verrons dans quelle mesure Ponge nous dépeint le tableau révolutionnaire d’un peuple acteur et auteur de sa propre libération au travers d’un poème à l’analyse ludique, dont l’ossature fait cohabiter et résonner sons, signes, signifiants et signifiés.

Tout d’abord, Ponge présente le concept de son poème à la dimension historique, en présentant le peuple comme l’écrivain de sa propre libération qui apparaît comme inéluctable : la Révolution du 14 Juillet (v 1 à 2). Puis, dans un second mouvement, Ponge procède à une description plurielle, notamment ekphrastique de l’évènement révolutionnaire en faisant résonner : mots, images et signes (vers 3 à 8). Puis, dans un troisième mouvement, Ponge propose une vision plus ambivalente de l’évènement en faisant cohabiter violence et joie au sein de ses idées (vers 9 à 13). Enfin, Ponge fait du peuple l’essence même de cet évènement, il fait fusionner le peuple et ses idées au sein d’une seule entité, nous aboutissons au point d’orgue du poème (vers 14 à 21).

1er mouvement :

« Tout un peuple accourut écrire cette journée sur l’album de l’histoire, sur le ciel de Paris. »

L’adverbe « tout » se rapporte au peuple, et son utilisation produit un effet totalisant. C’est bien tout le peuple qui accoure, cette figure d’hyperbole semble viser à persuader que ce poème nous décrit un moment réel sous le principe de l’hypothèse.                                         D’ailleurs, le passé simple « accourut » est coupé de l’énonciation, nous sommes donc face à un plan débrayé qui place le lecteur face à un récit ancré, un récit historique.                            Ponge décrit ainsi le peuple français comme l’acteur à la fois de sa propre libération, mais aussi comme le propre auteur de l’évènement révolutionnaire puisque le peuple accoure écrire l’histoire. Cette journée, le jour de gloire, de la révolution est donc pourvue du démonstratif «cette » qui fait de cette journée un évènement, cela la situe ainsi indirectement dans un lieu, paris, la bastille, et dans le temps, le 14 juillet.

Mais Ponge travaille aussi sur le son produit par ses vers puisqu’au niveau sonore, cette ouverture semble lourde de sens. L’allitération en «T» produit un effet mécanique « Tout un peuple accourut écrire cette journée », en effet « tout un peuple » apparait comme une grande machine en marche vers la conquête de sa liberté, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. D’ailleurs, le peuple ne marche pas, il accourt. Ponge met en avant un aspect inéluctable de la situation. Rien n’est encore décrit, nous faisons déjà face à un peuple qui accourt écrire l’évènement. Cette idée de précipitation, et d’inéluctabilité de l’événement (machine qu’on ne peut arrêter) transparait aussi à travers le rythme binaire instauré par le parallélisme présent en seconde partie de phrase, par la répétition de « sur », « sur l’album de l’histoire » « sur le ciel de paris ». Cette précipitation, cette multiplication de supports d’écritures « ciel » et « album », illustrent au niveau sonore et rythmique la tension emmagasinée par le peuple qui va être relâchée pendant cette révolution.                         Nous faisons également face à une élévation, à une anabase qui nous fait passer de l’album, objet terrestre, au ciel, ce qui renvoie métaphoriquement à un peuple qui se relève et qui se bat pour s’élever vers sa liberté. Le fait de passer de l’album au ciel témoigne aussi de la fascination de Ponge pour les écrits qui restent, Ponge était déçu par l’inscription sur papier, ici l’ « album » connote l’image ancrée alors que le ciel qui suit cette proposition propose une gradation puisque le support d’une part s’élève, mais surtout devient visible de tous.

   Ainsi, nous avons vu que Ponge présente le sujet de son poème en en faisant un évènement dont l’acteur principal, le peuple, est le propre auteur. Ce climat mécanique et pressé rend le récit historique vivant tout en témoignant d’une finalité. Le poème vient de commencer que Ponge donne l’impression que tout est presque fini. Mais Ponge, procède dans un second mouvement à une description plurielle de l’évènement dont le noyau reste la révolution et l’ascension du peuple vers sa liberté.

2nd mouvement :

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